• le 12 juin 2022

L’ESPRIT DE VÉRITÉ

Matthias HELMLINGER

Jean 16,12-18

Jésus appelle ici l’Esprit Saint : « celui-là, l’Esprit de vérité » v.13. Il vient de dire à ses disciples qu’il est le chemin, la vérité et la vie. La vérité, dans la Bible est en rapport avec Dieu. La Bible emploie très souvent l’expression « le Seigneur, plein de grâce et de vérité ». Quand Jésus dit qu’il est la vérité, il dit qu’il partage la nature divine. C’est très exactement ce à quoi nous sommes appelés, d’après II Pi 1.4 : que nous devenions participants de la nature divine. Et cela est possible parce que la vérité, Jésus Fils de Dieu est venue nous chercher. L’être humain est habitué à penser qu’il faut chercher la vérité, sans jamais être sûr qu’on l’a trouvée, car sinon, on ne progresse plus. La vérité serait au bout d’une longue vie de recherche. Dans l’évangile, c’est le contraire : la vérité est au début de notre vie. Toute notre vie se déroule dans le mensonge, jusqu’au jour où Jésus, qui est la vérité est venu nous trouver et nous faire renaître de lui-même, nous faire être de la vérité. C’est le but de sa vie. Il dit à Pilate qui va le condamner à mort : « je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, quiconque est de la vérité, écoute ma voix ». L’Esprit de vérité va donc nous conduire dans toute la vérité, dit Jésus ici au verset 13. En grec, le verbe « conduire » contient le mot chemin. Il faudrait traduire : l’Esprit de vérité vous fera faire du chemin dans toute la vérité. Et nous retrouvons ce que disait Jésus : « je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi ». Le but de la venue de l’Esprit de vérité est de nous faire faire du chemin dans la vérité toute entière, qui est Jésus-Christ, de nous faire vivre dans la vérité, nous qui vivons dans le mensonge. En lisant la Bible, nous nous rendons compte que même Israël, le peuple créé et choisi par Dieu, a vécu dans le mensonge. On appelle cela l’idolâtrie, l’adoration de faux dieux. Jésus dira à des Juifs qui ont cru en lui : « si vous demeurez dans ma parole, vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ». Ils ont été très surpris et choqués d’apprendre qu’ils vivaient dans le mensonge, car ils connaissaient la Bible, la Thorah et croyaient vivre dans la vérité. Le mensonge est notre maître, nous sommes ses esclaves, tant que Jésus vérité n’a pas gagné en nous, tant que nous n’avons pas laissé sa parole gagner sur nous-mêmes. 

Dans notre texte de ce jour, nous voyons combien Jésus connaît parfaitement les siens. Il dit qu’il a encore beaucoup de choses à leur dire, mais qu’ils ne peuvent pas les porter pour le moment. Jésus sait ce que nous pouvons entendre et ce que nous ne pouvons pas encore entendre. Nous sommes à nous-mêmes un mystère que seul Jésus connaît. Nous vivons dans le mensonge, tant que Jésus ne règne pas en nous. Il faut nous laisser vaincre par Celui en qui nous croyons, car Lui seul est la vérité, et peut ainsi nous faire vivre une vie de vérité. 

Dans le Psaume 25 il y a cette belle prière à Dieu au verset 5 : « conduis-moi dans ta vérité ». Là encore, il faudrait traduire : « fais-moi faire du chemin dans ta vérité ». Celui qui est de la vérité, car il est né du Père par Jésus, fait du chemin dans la vérité. Faire du chemin dans la vérité, c’est vivre les événements, les situations, les relations humaines, notre activité dans ce monde dans la vérité qui est Jésus lui-même. Dans l’épître que nous avons écoutée, Romains 5.1-5, l’apôtre Paul témoigne que vivre dans la vérité nous fait vivre les épreuves tout à fait différemment. Il ose écrire qu’il a maintenant la fierté de s’attendre à connaître la gloire de Dieu, et encore plus osé, il écrit qu’il est fier des détresses, des épreuves qui lui sont arrivées. Tout dans la vie, même les épreuves, contribue à nous faire faire du chemin dans la vérité. Pourquoi ? Parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné, écrit Paul. L’Esprit de vérité nous fait respirer le parfum de l’amour de Dieu, même dans les épreuves. La souffrance et la mort de Jésus sont comme une fleur qui exalte un parfum que l’Esprit de vérité nous fait respirer, et ce parfum, c’est l’amour de Dieu. Même ce qui nous arrive de négatif dans la vie, est occasion pour l’Esprit de vérité de nous faire faire du chemin dans la vérité, la vérité de l’amour de Dieu pour nous en Jésus-Christ.

Au verset 13 de notre texte, Jésus dit que l’Esprit de vérité nous annoncera les choses qui vont arriver. Nous pensons spontanément que l’Esprit de vérité va nous prédire l’avenir. Mais il faut être attentifs au fait qu’il nous parle de Jésus. L’avenir n’existe pas en dehors de Jésus. Par sa mort et sa résurrection, toute l’histoire humaine est ressaisie dans l’amour de Dieu pour nous en Jésus-Christ, passé, présent et avenir, tout est dans les mains de Jésus. Il reçoit tout de son Père et l’Esprit de vérité nous transmet de ce que Jésus a reçu de son Père et qui lui appartient maintenant. On a dans l’Apocalypse une révélation de qui est Jésus aujourd’hui, Jésus qui est, qui était et qui vient. Les choses à venir, c’est Jésus, c’est nous-mêmes, ce que nous allons devenir en Jésus, c’est l’histoire humaine avec ses drames, ses réussites et ses échecs.

Voyez comment Jésus parle de sa mort et de sa résurrection, il n’utilise pas ces mots que je viens d’utiliser, « mort et résurrection », il dit : « encore un peu de temps et vous ne me verrez plus et à nouveau un peu de temps et vous me verrez » v.16. Dans l’évangile de Jean, Jésus n’emploie jamais lui-même le mot « mort » pour parler de sa mort. Ici par exemple, il dit : « encore un peu de temps et vous ne me verrez plus et à nouveau un peu de temps et vous me verrez ». Il ne veut pas effrayer ses disciples. Ils ne peuvent supporter toute la vérité pour le moment. Jésus ne leur décrit pas l’atrocité des souffrances qui l’attendent. Il leur en annonce le résultat, un résultat joyeux, une joie imprenable, une joie qui va dévorer la tristesse et la souffrance. La mort va être engloutie dans la vie de Dieu Lui-même. Mais voyez comment Jésus s’exprime ici, c’est très puissant : « encore un peu de temps et vous ne me verrez plus et à nouveau un peu de temps et vous me verrez ». Dans le temple de Jérusalem, le grand-prêtre disparaissait une fois par an aux yeux des fidèles venus prier au temple pour le pardon de leurs péchés, à Yom Kipour. Le grand-prêtre disparaissait pour aller dans le lieu très saint de la présence de Dieu asperger de sang le coffre de l’alliance et prononcer le Nom de Dieu qu’on ne prononce pas d’habitude, sauf en cette circonstance. Les fidèles ne voyaient plus leur grand-prêtre. Jésus est ce grand-prêtre qui a disparu aux yeux des siens, mais il dit qu’ils le verront à nouveau. Entre les deux temps de ce « voir », entre le moment où les siens le voyaient sur cette terre et le moment où ils le verront à nouveau, il aura fait quelque chose, quelque chose de définitif, quelque chose qui sera éternellement valable : il aura obtenu le pardon de nos péchés, et pas seulement de nos péchés à nous, mais des péchés du monde entier. Les apôtres ont revu le Seigneur. Nous ne l’avons pas revu, sauf quelques personnes à qui Jésus se donne à voir parfois. Mais la règle, c’est que nous croyons le témoignage des apôtres qui ont revu Jésus. C’est pourquoi on dit que l’Eglise est « apostolique », elle est fondée sur la parole de Jésus et des apôtres. C’est la même parole. L’Esprit de vérité a entendu Jésus parler à la droite du Père et il a transmis ces paroles aux apôtres qui nous les ont transmises dans la Bible. Les apôtres ont revu Jésus après sa mort et c’était une joie parfaite, une joie qui a englouti toute la tristesse qu’ils ont vécu avec son départ, tristesse de ne pas avoir pu le suivre, tristesse de le voir bafoué, humilié, rejeté, tristesse de ne pas avoir compris les paroles de Jésus. Ainsi Jésus vient à nouveau dans nos vies, toujours à nouveau et nous fait comprendre ce que nous n’avions pas compris de sa parole. Il nous connaît, il sait là où nous nous sommes fermés, là où nous ne pouvons pas comprendre. Il vient nous faire comprendre quand c’est le moment. Il peut venir vers nous par l’Esprit de vérité qui ne parle pas de lui-même, mais qui parle quand Jésus parle, qui nous parle de ce que nous sommes devenus en Jésus dans le Père. Nous avons tant de choses à comprendre sur Jésus, sur le Père, sur le chemin qu’il est pour nous aujourd’hui, pour exprimer aux autres l’amour dont le Père nous aime en Jésus. Nous sommes comme une terre très sèche. Quand la pluie arrive, elle ne peut pas pénétrer tout de suite, elle est absorbée par les premiers centimètres de la couche de terre. Mais plus il pleut, plus la terre peut accueillir la pluie en profondeur. L’être humain est une terre que l’Esprit de vérité vient irriguer en profondeur. Il nous faut continuer à le laisser nous faire faire du chemin dans la vérité, en Dieu le Père, en Jésus-Christ. Il nous fera découvrir même ce qui était avant la création et ce qui va venir. Ce qui était avant la création, c’est la Sagesse, comme nous l’avons entendue dans Proverbes 8. « Sagesse » est synonyme de vérité. La Sagesse trouve du plaisir à être en compagnie des êtres humains. C’est parmi eux qu’elle trouve son plus grand plaisir, sa plus grande joie.

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