• le 3 juillet 2022

LE ROYAUME DE DIEU S’EST APPROCHÉ

Matthias HELMLINGER

Luc 10.1-24  (Psaume 66 ; Esaïe 66.10-14 ; Galates 6.14-18)

Notre texte commence par ces deux mots : « après ceci… ».

Après quoi ? Après que Luc nous ait mentionné par deux fois que Jésus priait beaucoup Luc 9.18,28, souvent. Après que Luc nous ait aussi mentionné que Moïse et Elie étaient apparus à Jésus pour parler de son exode à Jérusalem Luc 9.31, de la Pâque, la sortie de Jésus de ce monde pour aller rejoindre son Père.

Tout ce que nous avons entendu comme événements dans ce texte s’enracine donc dans la prière de Jésus et dans son exode, dans le fait qu’il est monté vers son Père dans la prière.

Le pasteur Jean-Paul Fritz nous a prêché dimanche dernier sur le fait qu’il nous faut voler comme les aigles, puis courir, puis marcher. C’est-à-dire qu’il nous faut rejoindre Dieu notre Père dans la prière pour voir les événements depuis en haut comme les aigles, et qu’il nous faut ensuite immédiatement utiliser nos pieds pour courir et marcher vers les personnes vers qui Dieu nous envoie. C’est un résumé des événements qui nous sont exposés dans le texte de ce jour : Jésus prie, les disciples en sont témoins, puis ils sont envoyés devant la face de Jésus, dans les villages et les villes où Jésus va aller. Après avoir utilisé leurs oreilles, ils doivent utiliser leurs pieds.

Il y a 72 disciples qui sont envoyés par Jésus. 72, c’est 6 X 12 : – 12, c’est le nombre de tribus qui font partie du peuple de Dieu, ce que l’apôtre Paul appelle dans Galates « l’Israël de Dieu » – 6, c’est le nombre de jours dans une semaine où on peut travailler. Le 7° jour c’est le repos dans le Seigneur, c’est le temps à venir. 72 disciples, cela signifie donc que Jésus veut réunir tout l’Israël de Dieu, parmi tous les peuples. 72 disciples, cela signifie aussi que c’est le temps de travailler à la moisson, à l’œuvre de Dieu, parce que Jésus va venir lui-même en personne sur toute la terre. Jésus nous donne l’ordre de prier pour que des moissonneurs soient envoyés par Dieu dans la moisson qui est grande. Cela fait un certain temps qu’en France, il y a plus d’offres d’emplois que de gens qui acceptent de travailler. Quand une entreprise ne trouve pas les travailleurs dont elle a besoin, elle prend n’importe qui et elle le forme. Dieu prend n’importe qui dans sa moisson, car sa moisson est grande et il y a peu de candidats. Le Seigneur se charge de les former.

Il nous faut donc aller vers les autres. Toujours partir de chez nous. Dans la mission que nous confie Jésus, il ne nous promet pas que nous serons toujours bien accueillis. Nous ne devons pas nous mettre en avant. C’est le message qui compte : « le Règne de Dieu s’est approché de vous !». S’il n’est pas accueilli, le messager se retire en secouant la poussière de ses pieds. Il ne laisse pas une dette aux personnes qui ont refusé de l’accueillir. Il ne prononce pas de jugement si sa personne est méprisée, mais il laisse les habitants de la ville avec ce message de salut : « le Règne de Dieu s’est approché de vous. Sachez-le ! ». Nous ne devons pas nous mettre en avant. C’est Jésus que nous voulons apporter aux gens, ou plutôt : nous voulons permettre à Jésus de venir dans un lieu où il sera bien accueilli, car lui-même vient après nous, et nous, nous nous effacerons devant lui pour lui laisser toute la place dans la vie des gens. 

Nous ne devons pas nous mettre en avant dans ce monde, mais pour Jésus, c’est différent. Nous avons une grande valeur pour Lui. Jésus nous identifie à Lui-même. Il nous le fait comprendre de bien des manières : comme son corps a été livré à la bonne ou à la mauvaise volonté des hommes, notre corps sera livré aux soins de ceux qui nous accueilleront. Jésus a été tantôt nourri et logé par les hommes, tantôt menacé de mort et finalement torturé et tué. Il nous envoie comme lui a été envoyé, comme des brebis au milieu des loups. On pourrait croire que Jésus est complètement fou de procéder ainsi, mais écoutez la fin du texte : Jésus dit qu’il a vu Satan tomber du ciel comme un éclair, les 72 sont revenus tout joyeux de ce que les démons leur étaient soumis au nom de Jésus. Être envoyés comme des brebis au milieu des loups, c’est donc la même mission que celle de Jésus : elle aboutit à la défaite de Satan. 

Par sa faiblesse, par sa mort, Jésus a triomphé de Satan. Celui-ci utilise la mort comme moyen de domination sur le monde. Jésus était l’Agneau au milieu des loups et il est maintenant l’Agneau sur le trône de Dieu, dans le ciel, alors que Satan est définitivement banni du ciel. 

La faiblesse de Jésus, c’est la force qui a vaincu le monde. Nous voyons cette force comme une faiblesse, uniquement parce que nous ne comprenons pas l’amour de Dieu le Père. 

Jésus connaît l’amour de Dieu son Père, le Dieu d’Israël. Dans la lamentation de Jésus sur Chorazin, Bethsaïda et Kepharnahoum nous entendons la plainte d’un amour blessé, un amour déçu. Jésus a manifesté le Règne dans ces trois villes, il a manifesté l’amour de Dieu tant et tant de fois pour les pauvres, pour les rien-du-tout, pour les malades et les handicapés. Mais ces villes n’ont pas changé. Elles seront traitées plus sévèrement que des villes païennes comme Sodome, capitale de la débauche sexuelle et de la haine de l’étranger, Tyr et Sidon, capitales du fric et de l’exploitation des pauvres. Quant à Kepharnahoum, elle est indirectement comparée à Babylone, car le prophète Esaïe utilise les mêmes mots pour décrire le sort du roi de Babylone : tu as cru monter jusqu’au ciel, tu descendras jusqu’au séjour des morts (Esaïe 14.12s).               Jésus partage avec les siens la douleur de son amour blessé, son amour pour ces villes de Galilée où il a exercé son ministère en premier. Vous savez bien aussi son amour pour Jérusalem : cet amour aussi sera blessé. Jésus pleurera sur Jérusalem avant de mourir rejeté hors de cette ville, crucifié à l’extérieur, à Golgotha. Jésus partage avec les siens son amour blessé, mais aussi son amour victorieux. Il nous dit de nous réjouir de ce que nos noms sont écrits dans les cieux. Depuis l’intercession de Moïse, nous savons que nos noms sont écrits dans un livre de vie, dans le ciel. En effet, Moïse demande à Dieu de pardonner la faute d’Israël, et sinon, il préfère que Dieu efface son nom du livre de vie (Ex. 32.32). Voyez jusqu’où va l’amour d’un homme comme Moïse : il préfère le salut de tout le peuple de Dieu plutôt que son salut personnel. A plus forte raison ce sont les sentiments de Jésus.        Peu après son baptême, vous savez que Jésus a été tenté quarante jours par le diable, tout seul dans le désert. La dernière tentation qu’utilise le diable consiste à lui citer le Psaume 91 où il est question de marcher sur le serpent Ps 91.13. Jésus a refusé d’utiliser tout seul son pouvoir spirituel. Il voulait partager avec les siens le pouvoir de marcher sur les serpents Luc 10.19. Dans notre texte de ce matin, nous voyons que cette volonté de Jésus s’est réalisée, et elle continue à se réaliser : Jésus a obtenu que son Père donne aux siens le même pouvoir que Lui sur les démons. Mais Jésus nous recommande que ce n’est pas de cela dont nous devons nous réjouir en premier. Ce dont nous devons nous réjouir en premier, c’est d’avoir part à l’intimité que Jésus Fils de Dieu partage avec son Père. Cette intimité est notre vraie joie, la seule joie durable éternellement.

Laisser un commentaire

Merci d'entre votre nom.
Merci d'écrire un commentaire.

Lire également…