Actes 2,1-13
Le récit de la Pentecôte que nous venons d’écouter nous parle du feu de Dieu. A vrai dire, c’est une expression que j’utilisais facilement pour décrire un truc énorme, un truc fantastique, inouï. Et c’est en vivant une retraite spirituelle qui m’a profondément remuée que j’ai pris conscience que le feu de Dieu, c’est divin, c’est sacré, on ne peut pas utiliser cette expression à la légère ! Le feu de Dieu, c’est la manifestation du saint Esprit, c’est la marque de la présence de Dieu lui-même. Alors rien ne peut être qualifié du feu de Dieu, si ce n’est l’œuvre de Dieu.
Le feu est souvent employé dans le premier testament en tant que symbole de la présence divine. On fait un petit récapitulatif non exhaustif : lors de l’épisode du buisson ardent, quand Moïse rencontre Dieu dans un buisson en feu qui ne se consume pas (Exode 3.2). Pendant les 40 ans de désert des Hébreux : Dieu était dans une colonne de feu pour les diriger, une colonne de vapeur le jour, une colonne de fumée la nuit. (Exode 14.19, Nombres 9.14-15). Dans la vision d’Ezéchiel (Ézéchiel 1.4) où Dieu se manifeste une nouvelle fois dans le vent, le feu et la nuée. Et ici, à la pentecôte : Dieu se manifeste par des langues de feu posées sur chacun des disciples.
Le feu de Dieu…. Rien à voir avec une soirée géniale ou un discours convaincant !
Quelles sont les caractéristiques du feu ?
Le feu éclaire, il réchauffe, il purifie, il forme. On peut ajouter qu’il rassemble, aussi. Etes-vous d’accord avec moi ?
Le feu qui éclaire
Quand la nuit est tombée, c’est évident que le feu éclaire. C’est d’ailleurs pourquoi la colonne de nuée se transformait en feu la nuit, dans le désert. Et le texte de l’Exode précise que c’était pour que les hébreux puissent continuer de marcher dans la nuit. Ce n’était pas pour faire joli, ou hollywodien. Le feu éclaire. Il éclaire ce qu’il y a à voir. Il éclaire les zones d’ombre. Il apporte de la lumière dans la nuit. Il permet de nous repérer, Il permet de voir ce qui est vrai et pas ce que l’on imagine. Vous me voyez venir avec mes gros sabots ?
Jésus l’a dit à ses disciples, on l’a lu tout à l’heure : quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière.
Le feu du Saint-Esprit nous éclaire. Il nous révèle la vérité sur la nature de Dieu à travers Jésus-Christ, il nous montre l’avenir et nous éclaire sur le bien et le mal. C’est le feu du saint esprit qui éclaire des paroles de connaissances et les prophéties. C’est Lui qui les inspire, et c’est lui qui permet de les recevoir, de les voir comme vraies pour ma vie.
C’est le feu de Dieu qui te montre le chemin, avec tous ses dangers, les crevasses, les impasses et j’en passe ! Si tu lui laisses le temps de le faire et si tu apprends à l’écouter, il rendra ton chemin plus clair.
C’est lui aussi qui te révèle tous les mensonges auxquels tu crois. Sur toi. Sur ta vie. Sur ta façon de voir les uns et les autres. Sur tes faux raisonnements. Demande-Lui de t’éclairer, Il le fera parce que c’est sa mission. Quand l’Esprit de vérité viendra, il vous conduira dans la vérité tout entière.
Il nous révèle la vérité des réalités divines, malgré ce que l’on vit. Il nous rappelle que le soleil de justice brille de toute éternité, même si nous sommes dans la nuit la plus noire. Il nous invite à lever les yeux.
Le feu qui purifie
Le feu purifie les métaux précieux comme l’aiguille avec laquelle je vais enlever l’écharde dans la main de Matthias. Pas besoin de donner d’autres exemples, on sait que le feu purifie. Il ne nettoie pas seulement, il ne dégraisse pas seulement, il rend sans impureté.
Le feu du saint esprit éclaire les zones d’ombre de ma vie. C’est pour cela que c’est Lui qui nous révèle notre péché. Ne te torture pas les méninges pour chercher dans une liste à la Prévert ce que tu as loupé dans ta vie : quand le feu de Dieu brûle en toi, il te le révèle.
Le feu de Dieu nous purifie en nous révélant à la fois nos impuretés, notre péché, et à la foi l’amour de Dieu et son désir ardent de nous pardonner. Et c’est Lui aussi qui nous donne le moyen de demander pardon, et de recevoir le pardon. Et quand il le fait, il nous rend purs, sans tâche, sans rien qui puisse nous contaminer ou contaminer les autres. Le saint esprit nous rend saints. Et je crois que nous sommes plus comme une aiguille à passer sur la flamme régulièrement pour la purifier que comme un morceau d’or qui a été définitivement débarrassé de ses impuretés. Ou bien les deux, à vrai dire. En Jésus, grâce à Jésus, nous sommes résolument purifiés, rendus justes aux yeux de Dieu, et en même temps, nous sommes toujours aux prises avec le péché, c’est pourquoi nous le confessons régulièrement. Et le Saint-Esprit nous purifie, il nous aide à nous corriger.
Le feu qui réchauffe
Quand on a froid, on allume un feu et on n’a plus froid si on reste auprès des flammes. Pourquoi est-ce que ce serait différent avec le feu de Dieu ?
Les disciples d’Emmaüs en ont bien rendu témoignage. On trouve ce récit dans Luc 24, 13-35. Ils ont voyagé avec Jésus qui s’était rendu incognito à leurs yeux, et quand ils l’ont enfin reconnu et que Jésus était reparti, ils se sont dit entre eux : « Oui, il y avait comme un feu dans notre cœur, pendant qu’il nous parlait sur la route et nous expliquait les Livres Saints ! »
Le feu de Dieu, ça produit de l’effet à l‘intérieur de toi. Il peut se passer des choses dans tes entrailles quand le saint esprit te visite. Et ça n’est pas réservé à des illuminés. J’ai déjà témoigné à ce micro de la chaleur d’une main perçue sur mon flanc, un jour où je m’étais placée devant Dieu dans une réunion.
Le Saint-Esprit qui réchauffe, c’est aussi ce que l’on peut vivre quand nous sommes tristes.
Il vous est peut-être arrivé de dire à quelqu’un : « ah ! ce que tu viens de me dire me réchauffe le cœur ! ». Je te souhaite d’avoir un jour à le dire à Dieu lui-même : « oh, mon Seigneur ! Tu viens de me réchauffer le cœur avec cette prière reçue, ce texte lu, ou bien cette visitation de ton Esprit. » Le feu de Dieu nous réconforte, il nous console, il nous fait ressentir la présence de Dieu.
Jésus a dit à ses disciples qu’Il leur enverrait le Paraclet, le Consolateur. Ce qu’Il a dit, Il l’a fait, sois en sûr !
Le feu qui forme
On a besoin du feu pour fabriquer le verre, les objets métalliques, les briques, la céramique, que sais-je encore ! Le feu forme et transforme. Il forme une œuvre d’art sous la main du forgeron et il transforme un morceau de muscle en tournedos Rossini.
De la même façon, le feu du Saint-Esprit nous forme pour être des outils et des instruments dans la main de Dieu. Il transforme un gangster-dealer en évangéliste, comme Nicky Cruz ou un athée convaincu en disciple de Jésus.
Le feu qui rassemble
Nos amis scouts qui se réunissent ce week-end pourraient sans doute en témoigner : allumez un feu dans une prairie plongée dans la nuit, il n’y a pas que les moustiques qui vont rappliquer !
Le feu de Dieu rassemble son Église. C’est lui, le Saint-Esprit qui nous unit les uns les autres et nous rassemble autour de Jésus-Christ. C’est la prière de Jésus en Jean 17. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. (v.21)
Quelle désolation quand nous nous divisons autour de la présence du saint Esprit ! Certains qui trouvent qu’on lui accorde trop de place, d’autres, qu’on ne l’invite pas assez. Des querelles autour des manifestations du saint Esprit, des jugements sur la place qu’on lui laisse. Que le cœur de Dieu doit être triste !
Intimité
Voilà tout ce que fait le feu de Dieu. Enfin, tout ce qui m’est apparu en préparant cette méditation. C’est le job de Dieu, de nous envoyer son Esprit saint. Notre job à nous, c’est d’attraper le feu et de le garder. C’est d’accueillir le saint Esprit dans nos vies, de le laisser agir, de le tenir fermement et d’entretenir la flamme. Comment ? Dans l’intimité avec Dieu. En cultivant notre intimité avec Lui. En passant plein de temps avec Lui. Pas seulement un temps consacré à la lecture de la Bible et à la prière, un temps qui a un début et une fin. Non, en l’invitant toute la journée à être avec toi. Ou plutôt, en te rendant présent à sa présence toute la journée. En l’interpellant, en lui racontant ce que tu vis, en Lui demandant de t’inspirer pour telle ou telle décision. En faisant de Lui ton compagnon de route.
Pour que ce feu brûle continuellement en nous, il faut que nous veillions à le laisser brûler. Que nous entretenions la flamme, comme les prêtres devaient le faire pour rendre un sacrifice agréable à Dieu. Dans le premier testament, il nous est raconté tout ce que les israélites devaient faire pour honorer Dieu. Ça passait par des holocaustes, des sacrifices d’animaux. C’était très codifié. Le feu était donc très important dans l’histoire de Dieu et de son peuple.
Eh bien rappelons nous que le premier feu pour ces sacrifices a été allumé par Dieu lui-même. Je lis Lévitique 9, 24 Moïse et Aaron entrèrent dans la tente d’assignation. Lorsqu’ils en sortirent, ils bénirent le peuple. Et la gloire de l’Eternel apparut à tout le peuple. Le feu sortit de devant l’Eternel, et consuma sur l’autel l’holocauste et les graisses. Tout le peuple le vit ; et ils poussèrent des cris de joie, et se jetèrent sur leur face.
Ensuite, Dieu a chargé les prêtres de maintenir ce feu allumé (Lévitique 6.13) et a dit clairement qu’un feu d’aucune autre source n’était acceptable (Lévitique 10.1-2)
Nous sommes aujourd’hui des prêtres pour Dieu, nous aussi, nous Lui offrons des sacrifices de louange, de reconnaissance, de repentance. C’est une façon un peu bizarre de dire que dans la relation à Dieu nous avons à être proactifs, parfois ça nous coûte de nous approcher de Dieu, de lui dire merci, de lui demander pardon. Ça nous demande de lâcher quelque chose. Tout cela est possible grâce au feu de Dieu, au saint Esprit. Comme les prêtres du premier testament, nous avons alors à alimenter le feu de l’Esprit de Dieu. Et si, pour l’instant, tu le fais par devoir, parce qu’on t’a dit de le faire, c’est super ! Dieu aime nos intentions à son égard. Peut-être qu’un jour ce sera différent pour toi, tu ne le feras plus seulement par devoir, mais par amour, parce que le feu de Dieu brûlera ton cœur. C’est tellement bon de brûler d’amour !