Dt 6,5 : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force »
1 Thess 5,18 : « En toute circonstance, rendez grâce (à Dieu) ; car telle est à votre égard la volonté de Dieu en Christ-Jésus »
He 13,15 : « Par l’entremise de Jésus, offrons donc en tout temps à Dieu le sacrifice de louange qui consiste à célébrer son nom » (Traduction Français courant).
Avez-vous remarqué que les 2 premiers versets que je viens de lire sont des commandements, et non pas des recommandations facultatives laissées au bon vouloir des croyants de s’y conformer ou pas ?
Dans Dt 6,5, c’est un ordre de Dieu lui-même. Dieu parle de la totalité cœur, de la totalité de l’âme et de la totalité de la force, avec lesquels il demande aux hommes de l’aimer.
— Le cœur, dans la Bible, c’est la partie de l’homme la plus profonde, c’est-à-dire l’esprit. Or, l’esprit de l’homme, c’est le siège de la conscience, de l’intuition et de la capacité d’adorer Dieu.
— L’âme, c’est le siège de la volonté de l’intelligence et des émotions.
— La force, c’est ce qui est manifesté par le corps.
Ainsi, dans ce commandement donné par Dieu, c’est la totalité de ce qui compose l’être humain, l’esprit, l’âme et le corps, qui sont convoqués pour aimer Dieu et le louer.
Dans 1 Thess 5,18, Paul nous dit que louer Dieu dans la personne de Jésus, c’est ce que Dieu lui-même nous commande : « En toute circonstance, rendez grâce (à Dieu) ; car telle est à votre égard la volonté de Dieu en Christ-Jésus ».
Deux précisions sont à noter : « En toute circonstance ». Ce qui est souligné ici, c’est que la louange n’est pas réservée aux circonstances favorables de nos vies. Il est facile de dire merci à Dieu lorsqu’on apprend de bonnes nouvelles. Mais la louange que Dieu attend de nous doit s’exprimer même dans les difficultés et les épreuves innombrables de la vie.
De plus, la louange ne fait pas appel à notre bon vouloir ; c’est la volonté de Dieu que ces enfants le louent.
Le danger de connaître ces versets et de les lire depuis des décennies, c’est qu’ils risquent d’être vidés du sens et de la puissance que Dieu a voulu leur donner en inspirant les hommes qui les ont transmis de sa part.
Il faut reconnaître aussi que ces commandements posent question : Aimer peut-il se décréter ? Aimer peut-il faire l’objet d’un ordre ? Aimer n’est-il pas réservé au domaine du sentiment ? Un sentiment n’est-il pas indépendant de la volonté ?
Personne ne nous a imposé d’aimer la personne que nous avons épousée ou les enfants qui sont nés de cette union, ou d’aimer tel ami ou amie. L’amour est né tout seul ! Nous avons peut-être fait l’expérience que parfois l’amour jaillit spontanément à cause d’une attirance irrépressible, impossible à maîtriser. On parle alors de « coup de foudre » Parfois, l’amour a pris du temps pour s’installer dans notre cœur ; mais que ce soit un coup de foudre ou un processus lent, ce sentiment n’a jamais répondu à un ordre.
On a tendance à accorder une valeur absolue à cet « amour sentiment » qui semble être le seul valable. Ouvrons les yeux ! En France, selon l’INSEE, près de la moitié des mariages se terminent par un divorce ; sans parler des couples qui battent de l’aile. Et dans 75% des cas, ce sont les femmes qui demandent le divorce.
L’absolu de l’amour-sentiment est donc tout relatif ! Mais cela ne veut pas dire qu’il faut le mépriser ou le rejeter. À deux occasions, les évangiles nous rapportent que Jésus a aimé ainsi : Le jeune homme riche (Mc 10,21), et Marthe, Marie et Lazare (Jn 11,5).
Comment comprendre les 2 versets cités, cette injonction à aimer, cet ordre d’aimer ? Pourquoi Dieu exige-t-il que les êtres humains l’aiment, le louent et lui soient reconnaissants ? Dieu a-t-il besoin de notre amour et de notre reconnaissance comme une épouse a besoin de l’amour de son mari, et vice-versa ? Comme un enfant a besoin de l’amour de sa mère et de son père ?
Non ! Dieu n’a pas besoin de l’amour de ses créatures, car Dieu est amour. C’est sa nature d’aimer, c’est l’essence-même de son être. Si les hommes l’aiment, cela n’ajoute rien à ce qu’Il est. Si les hommes ne l’aiment pas, cela ne retranche rien à sa nature divine qui est d’aimer.
Dans He 13,15 que je vous ai lu, l’auteur parle de « sacrifice de louange » que nous devons offrir à Dieu en toute circonstance.
L’Ancien Testament décrit de façon détaillée les divers sacrifices que les membres du peuple de Dieu devaient lui offrir. Ces sacrifices d’animaux que Dieu exigeait étaient la marque de la relation d’obéissance et d’amour du peuple envers son Dieu. Ils prenaient plusieurs formes qui sont décrites dans le livre du Lévitique. Il y avait les holocaustes, les sacrifices pour le péché, les sacrifices de culpabilité, les sacrifices à la suite d’un vœu, et les sacrifices de reconnaissance ou de louange.
Ces divers sacrifices faisaient partie intégrante de la Loi que Dieu avait donnée à Moïse. Ils n’étaient pas facultatifs. Ne pas y obéir était pécher contre Dieu, c’est-à-dire être coupé de la relation avec Dieu. Y obéir établissait une communion intime avec Dieu, et était suivi de bénédictions multiples : Pardon des péchés, guérisons, victoire sur les ennemis, prospérité, récoltes abondantes. (Prenez le temps de lire chez vous le chapitre 26 du Lévitique qui parle de ce sujet).
Mais parce que le cœur de l’homme est tortueux, les prophètes ont souvent lutté contre le formalisme dans l’observance des sacrifices, c’est-à-dire lorsqu’on ne les offrait pas d’un cœur sincère. Voici ce que Dieu dit :« Qu’ai-je à faire de la multitude de vos sacrifices ? dit l’Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; je ne prends pas plaisir au sang des taureaux, des agneaux et des boucs… Quand vous étendez vos mains (pour prier), je détourne de vous mes yeux. Quand bien même vous multipliez les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang » (Es 1,11 et 15). De même, Jésus a condamné les attitudes pieuses hypocrites : « Lorsque tu pries (Dieu), ne sois pas comme les hypocrites : ils aiment prier debout dans les synagogues et au coin des rues pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense » (Mt 6,5). C’est effectivement une piètre récompense, et pourtant certains hommes s’en contentent toute leur vie !
Dans la nouvelle Alliance, les sacrifices d’animaux prescrits dans la Loi de Moïse ont été rendus inutiles par le sacrifice de Jésus, accompli une fois pour toute, pour le pardon des péchés. Cela n’empêche pas que Dieu attend encore des sacrifices de notre part. Quel genre de sacrifice ? Des sacrifices de louange : « Par l’entremise de Jésus, offrons donc en tout temps à Dieu le sacrifice de louange qui consiste à célébrer son nom » (He 13,15).
La prière de nombreux chrétiens consiste souvent à demander, demander et demander encore quelque chose à Dieu : La santé, pour soi ou pour les autres, la réussite pour soi, pour ses enfants, la protection, le bonheur pour sa famille, la fin des guerres, des inégalités, des injustices, etc…
Il existe une légende qui raconte que chaque matin, deux anges descendent du ciel pour faire leur tournée quotidienne. L’un est l’ange des demandes, l’autre l’ange des remerciements et des louanges. Chaque ange porte un panier. Celui de l’ange des demandes est vite plein à déborder parce que chacun y déverse des grandes poignées de demandes. Mais à la fin de la journée, le panier de l’ange des remerciements et des louanges contient à peine une ou deux marques de gratitude.
Prenons conscience que les sacrifices de louange ne constituent pas une option dont la foi chrétienne pourrait se passer. La vie chrétienne consiste d’abord à louer Dieu. Ce n’est ni du fanatisme, ni de l’exagération, mais c’est le plein accomplissement de ce que Dieu attend de nous : que nous le louions continuellement. Non seulement quand nous sommes au culte, ou quand Dieu vient d’accomplir un miracle ou une guérison en notre faveur. C’est continuellement que nous devons offrir des sacrifices de louange à Dieu, que les circonstances de nos vies soient heureuses ou malheureuses. Ce n’est pas un fardeau qui nous est imposé, c’est un privilège qui nous est accordé, c’est une joie parfaite que Dieu nous accorde.
Une autre question vient à l’esprit : Si, comme il a été dit plus haut, Dieu n’a pas besoin de l’amour et de la louange de ses créatures, pourquoi « exige »-t-il que ses enfants l’aiment et le louent ? Est-ce pour son bénéfice à Lui, ou est-ce pour le bénéfice de ses enfants ?
Après avoir vaincu la plupart des ennemis d’Israël, le roi David s’était fait construire un magnifique palais à Jérusalem, dans lequel il demeurait. Un jour, il prit conscience que le Dieu qu’il aimait demeurait dans une simple tente. En effet, l’arche de l’Alliance, signe de la présence de Dieu, était abritée sous une tente depuis des siècles. David décida donc qu’il fallait construire un temple digne de ce nom pour faire plaisir à Dieu.
Or, voici ce que Dieu fait dire à David par l’intermédiaire du prophète Nathan : « Est-ce toi qui me bâtira une maison pour que j’y habite ? Car je n’ai pas habité dans une maison depuis le jour où j’ai fait monté les israélites hors d’Égypte jusqu’à aujourd’hui. Ai-je demandé : Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une Maison de cèdre ? » (2 Samuel 5,7).
Pour bien bien comprendre ce que Dieu veut dire à David, il faut entendre ce qu’écrit le prophète Esaîe au chapitre 66 : « Ainsi parle l’Éternel : Le ciel est mon trône et la terre mon marchepied. Quel maison pourriez-vous me bâtir, et quel lieu serait celui de mon repos ? Toutes ces choses, c’est ma main les a faites, et elles sont toutes venues à l’existence » (Es 66,1-2a). Dieu n’avait pas du tout besoin que les hommes lui construisent un temple !
Si quelques années plus tard, Dieu autorise Salomon, le fils de David, à construire un temple pour abriter l’arche de l’Alliance, ce n’est pas pour son propre bénéfice, pour son propre plaisir, mais pour que son peuple soit béni par sa présence, soit encouragé, fortifié par la présence et la proximité de son Dieu ; pour qu’il apprenne aussi à le louer et à lui obéir. C’est donc pour le bénéfice des hommes que Dieu a accepté que les hommes construisent un temple.
Aujourd’hui, depuis la mort et la résurrection de Jésus, cette proximité et cette présence divine sont manifestées par l’Esprit-Saint qui demeure en nous. Le temple où Dieu a fait sa demeure, c’est désormais le corps des croyants véritables, des croyants qui sont passés par la nouvelle naissance : « Ne savez-vous pas, écrit l’apôtre Paul, que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16). Et 3 chapitres plus loin, Paul réitère cette affirmation : « Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu, et vous n’êtes pas à vous-mêmes ? Et Paul ajoute : « Car vous avez été rachetés à grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu » (1 Co 6,19-20). Cette présence de Dieu en nous par l’Esprit-Saint, ce n’est pas Dieu qui en tire bénéfice, c’est uniquement le croyant !
Pour dissiper l’incompréhension (qui subsiste peut-être en vous), à l’idée que l’amour-commandement (l’amour sur commande) n’est pas une chimère, une vue de l’esprit, une chose impossible à vivre, je pose cette question : Comment les chrétiens feraient-ils pour obéir au commandement que Jésus a donné à ses disciples : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. Alors, vous serez fils de votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5,44-45).
Il est facile d’aimer Dieu, quand on croit qu’il existe ; il est facile d’aimer ceux qui nous font du bien. Tous les hommes savent le faire. Mais comment aimer ceux dont parle Jésus dans le verset que je viens de lire, si l’amour sur commande est impossible à vivre pour les hommes ? Jésus nous ordonnerait-t-il de faire une chose impossible à faire ? Non !
De même que l’Esprit-Saint nous permet de comprendre que Jésus, le charpentier de Nazareth, est le Fils de Dieu ; de même que le Saint-Esprit nous permet de comprendre que parmi les milliers d’hommes qui ont été crucifiés sur ordre de Pilate, seule la mort de Jésus nous accorde le pardon des péchés, eh bien, de même seul le Saint-Esprit nous permet d’aimer nos ennemis, de bénir ceux qui nous maudissent et de prier pour ceux qui nous maltraitent. Quand le Saint-Esprit anime la vie des croyants, il permet aux hommes de vivre ce que Dieu a commandé. Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu (Lc 18,27).
Que se passe-t-il lorsque surgissent des conflits dans la famille, dans le couple ou dans l’église ? Je pense aux problèmes d’abandon, d’héritages, d’adultères, de prise de pouvoir, d’autoritarisme, de ragots, de médisance ? Ceux que l’amour-sentiment nous permettait d’aimer, deviennent soudain des étrangers, pire, des ennemis que nous avons du mal à supporter, et que nous ne voulons plus fréquenter ? N’y a-t-il rien à faire ? La séparation est-elle inéluctable ?
Concrètement, comment cela peut-il se traduire d’aimer ses ennemis, ou d’aimer ceux qui sont devenus pour nous des ennemis ? Faut-il les serrer dans nos bras, faire ami-ami avec eux ? NON !
La première chose à faire, c’est de pardonner. C’est plus facile à dire qu’à faire. C’est IMPOSSIBLE sans le secours de l’Esprit ! Mais c’est possible quand on est soumis à l’Esprit.
La seconde chose à faire, c’est de bénirces personnes dans le nom de Jésus. Là encore, seule la puissance de l’Esprit peut nous permettre de le faire, sincèrement.
Là où l’amour-sentiment a échoué, l’amour-commandement doit prendre le relais. Ce n’est pas utopiste : C’est ce que Dieu veut. Jésus, par sa mort et sa résurrection nous a réconcilié avec notre Père céleste. Le Saint-Esprit veut réconcilier les hommes entre eux.
Mais prenons conscience que ces deux démarches difficiles, pardonnez et bénir, ne seront pas possible sans une grande intimité avec Christ, c’est-à-dire sans une consécration de notre vie à Dieu, sans que les actions de grâces et la louange deviennent la respiration de notre vie chrétienne, quelles que soient les circonstances, favorables ou défavorables que nous traversons.
Je relis He 13,15 : « Par l’entremise de Jésus, offrons donc en tout temps à Dieu le sacrifice de louange qui consiste à célébrer son nom ».