Qu’elle est étrange la réaction des Israélites lorsqu’ils arrivent à Rephidim, environ 3 mois après leur sortie d’Égypte ! : « L’Éternel est-il au milieu de nous, oui ou non ? » (v. 7).
Bien sûr, leur situation était assez dramatique, puisque sur le lieu où ils arrivent pour camper, ils ne trouvent pas d’eau.
Je rappelle qu’ils voyagent à pied dans un désert chaud, et qu’ils sont très nombreux. Le livre de l’Exode parle de 600 000 hommes, sans compter les enfants ; et ils avaient avec eux « un cheptel considérable de petit et de gros bétail » (Ex 12,37 et 38). Il fallait vraiment beaucoup d’eau pour désaltérer hommes et bêtes qui avaient marché toute une journée !
J’ai qualifié d’ « étrange » la réaction des Israélites, mais je me demande si, à leur place, nous n’aurions pas eu la même. Lorsque les choses ne se passent pas comme on le souhaite, et a fortiori lorsque la menace est réelle, on a tendance à avoir la mémoire courte.
En effet, les reproches qu’ils adressent à Moïse sont particulièrement injustes, lui qui leur avait montré que Dieu était avec eux et qu’il prenait soin d’eux :
— S’ils avaient pu quitter l’Égypte et leur condition d’esclaves, c’était parce que Dieu avait infligé à ce pays des plaies plus terribles les unes que les autres, qui avaient brisé la résistance de Pharaon qui avait fini par les laisser partir. Mais ça, ils l’avaient oublié !
— S’ils avaient pu trouver leur route dans le désert, c’est parce que « Dieu allait devant eux le jour dans une colonne de nuée pour les guider sur le chemin, et la nuit dans une colonne de feu pour les éclairer, afin qu’ils marchent jour et nuit » (Ex 13,21). Mais ça, ils avaient oublié !
— S’ils n’avaient pas été massacrés par l’armée du Pharaon alors qu’ils campaient devant la mer des Joncs, sans échappatoire possible, c’est parce que Dieu avait ouvert la mer devant eux pour leur permettre de s’échapper et d’avoir la vie sauve ! ( Ex 14) Mais ça, ils avaient oublié !
— Si Dieu n’était pas intervenu à Mara pour rendre buvable l’eau amère, après 3 jours de marche dans le désert, ils seraient morts de soif (Ex 15). Mais ça, ils l’avaient oublié !
— Si Dieu ne leur avait pas donner des cailles et de la manne dans le désert de Sin, ils seraient tous morts de faim (Ex 16). Mais ça, ils l’avaient oublié !
Ils avaient tous été témoins de la protection de Dieu et de ses bénédictions. Et pourtant, quand ils arrivent à Rephidim où ils constatent qu’il n’y a pas d’eau, ils s’en prennent à Moïse avec une telle violence que Moïse craint d’être lapidé. Ils ont oublié tout ce que Dieu a fait pour eux depuis des mois !
Je viens de dire que les Israélites s’en prennent à Moïse. En réalité, c’est à Dieu qu’ils s’en prennent. D’ailleurs, Moïse leur dit clairement : « Pourquoi tentez-vous l’Éternel ? » (v. 2).
Dans cette question, le verbe « tenter » n’est pas facile à comprendre. Pour l’éclairer, je prends la traduction de la Bible du Semeur : Pourquoi mettez-vous l’Éternel à l’épreuve ? Et voici la note qui s’y réfère : « Mettre l’Éternel à l’épreuve, c’est le forcer à agir selon ses propres désirs, c’est réclamer avec impatience son intervention comme un dû, au lieu de s’attendre à lui avec patience et foi, et de le laisser agir comme il veut ».
Quand, dans une situation difficile, on oublie les interventions de Dieu et les bénédictions qu’il nous a accordées au cours de notre vie, cela dénote que le doute est en train de prendre le pas sur la foi. C’est un processus qui commence lentement, mais qui peut vite gagner du terrain. Il faut y remédier au plus vite en réaffirmant à Dieu, dans une prière sincère, notre confiance en Lui, et sa souveraineté sur notre vie.
Le doute fait partie de notre nature humaine pécheresse, même lorsque nous avons été régénéré par l’Esprit-Saint. Mais c’est justement parce que nous avons été régénéré par l’Esprit-Saint que nous ne sommes pas seul lorsque nous sommes confrontés au doute. Dieu ne cessera jamais de nous attirer à Lui, de parler à notre cœur pour que notre confiance en Lui revienne, demeure et s’approfondisse. Mais soyons aussi conscient que de son côté, l’ennemi de notre âme fait tout son possible pour nous maintenir dans le doute. C’est un combat qui durera jusqu’à notre dernier souffle. Mais Dieu nous a donné toutes les armes pour le remporter.
Soyons donc vigilant, car le manque de vigilance à ce sujet peut conduire au doute chronique, à l’étiolement et à la disparition de la foi. Quelqu’un m’a dit un jour : « J’ai perdu la foi ; cela a pris 10 années » ! 10 années au cours desquelles Dieu a certainement parlé à son cœur, sans que ce cœur veuille entendre !
Ce sujet est tellement important que l’apôtre Paul y a consacré la moitié du chapitre 10 de la première épitre aux Corinthiens. Il se réfère aux épisodes que le peuple de Dieu a vécus après la sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse. Voici ce qu’il écrit aux membres de l’église de Corinthe (version du Semeur) :
« Il ne faut pas que vous ignoriez ceci, frères : Après leur sortie d’Égypte, nos ancêtres ont tous marché sous la conduite de la nuée, il ont tous traversé la mer, ils ont donc tous, en quelque sorte, été baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer. Ils ont tous mangé une même nourriture spirituelle. Ils ont tous bu la même boisson spirituelle, car ils buvaient de l’eau jaillie d’un rocher spirituel qui les accompagnait ; et ce rocher n’était autre que le Christ lui-même. Malgré tout cela, la plupart d’entre eux ne furent pas agréés par Dieu puisqu’ils périrent dans le désert. Tous ces faits nous servent d’exemples pour nous avertir de ne pas tolérer en nous de mauvais désirs comme ceux auxquels ils ont succombé. Ne soyez pas idolâtres comme certains d’entre eux l’ont été, selon ce que rapporte l’Écriture : Le peuple s’assit pour manger et pour boire, puis ils se levèrent tous pour se divertir…. N’essayons pas de forcer la main au Christ, comme le firent certains d’entre eux qui, pour cela, périrent sous la morsure des serpents. Ne vous plaignez pas de votre sort, comme certains d’entre eux, qui tombèrent sous le coup de l’ange exterminateur. Tous ces événements leur sont arrivés pour nous servir d’exemples. Ils ont été mis par écrit pour que nous en tirions instruction, nous qui sommes parvenus au temps de la fin. C’est pourquoi, si quelqu’un se croit debout, qu’il prenne garde de ne pas tomber » (1 Co 10,1-12).
Quels enseignements peut-on tirer de ces 12 versets ?
Certaines expressions employées par Paul nous montrent que ce n’est pas un sujet à prendre à la légère. Par 2 fois, il affirme que ces événements nous sont rapportés pour nous servir d’exemples. Et que nous devons en tirer instruction.
Concrètement, cela veut dire que nous ne sommes pas à l’abri de tomber dans le même travers que les Israélites. C’est exactement le sens de l’exhortation du v. 12 : C’est pourquoi, si quelqu’un se croit debout, qu’il prenne garde de ne pas tomber. »
Autre enseignement : Dans ce texte, Paul fait allusion à des événements différents, dont les plus connus sont le veau d’or et les serpents venimeux. Mais ils ont tous un point commun : le manque de confiance en Dieu. Cet état d’esprit fait que l’on remet en cause le fait que Dieu ne lâche jamais la main de ses enfants, quelles que soient les circonstances qu’ils traversent, favorables ou non.
Quand on manque de confiance en Dieu, même si on n’a pas conscience de rendre Dieu responsable de ce qui nous arrive de négatif, c’est bien lui qu’on accuse. Moïse l’a fait remarquer au peuple lorsque ce dernier se plaignait de n’avoir pas d’eau.
Et dans ce texte, Paul traduit cette accusation inconsciente en disant aux corinthiens « de ne pas tolérer en nous de mauvais désirs » et « de ne pas être idolâtres ».
De quels mauvais désirs s’agit-il ? C’est la tentation de prendre sa vie en main, de se passer de Dieu, puisque Dieu n’agit pas comme on le voudrait. Lorsque les Israélites ont pensé que Moïse ne reviendrait pas de la montagne où il se trouvait depuis 40 jours, qu’ont-ils fait ? Ils se sont fabriquer un dieu, un veau en or ! pour remplacer le Dieu qui avait tant fait pour eux, mais en qui ils n’avaient plus confiance. En l’espace de quelques jours, ils sont passés de l’état de croyants à l’état d’idolâtres.
Frères et sœurs, c’est ce qui nous guette tous, si sur un long laps de temps nous cessons de mettre notre confiance en Dieu. Et c’est pour cela que les églises se vident !
Bien sûr, nous n’allons pas nous prosterner devant un veau d’or. Mais si Dieu n’est plus au centre de notre être, de notre vie vie, de notre pensée, de nos actes, nous allons fatalement le remplacer par quelqu’un ou quelque chose d’autre. Et ce quelque chose d’autre, la Bible le nomme « idole ». Tout ce qui prend la place de Dieu est une idole. Le doute chronique mène donc à l’idolâtrie ! Prenons conscience du côté sournois du doute et de sa gravité.
Je ne serais pas fidèle à la pensée de Paul si je m’arrêtais là. En effet le dernier verset (13) de ce passage nous montre que nous n’avons pas à trembler de perdre la foi et de tomber dans le doute chronique, car Dieu veille sur nous. Voilà ce qu’écrit Paul : « Les tentations qui vous ont assailis sont communes à tous les hommes. D’ailleurs, Dieu est fidèle et il ne permettra as que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Au moment de la tentation, il préparera le moyen d’en sortir pour que vous puissiez y résister. »
Que nous dit Paul ?
1) Tous les hommes sont logés à la même enseigne. Donc l’ennemi de votre âme ne s’acharne pas plus sur vous que sur les autres. C’est important de le savoir !
2) Dieu est fidèle. Il veille à ce chacun de ses enfants puisse, non seulement résister au doute, mais en sortir vainqueur. En effet, les armes spirituelles que nous avons reçues en recevant l’Esprit-Saint nous rendent vainqueurs de toutes les attaques de l’ennemi. De toutes les attaques sans exception !
Et ce qui est vrai pour le doute est aussi vrai pour les autres formes de tentations.