Psaume 133
Le Ps 133 que je viens de lire fait partie des 15 psaumes qui ont pour titres « Chants des montées ». Ils étaient chantés par les nombreux pèlerins juifs qui se rendaient au temple de Jérusalem pour les fêtes annuelles.
Pourquoi ce titre : chants des « montées » ? Parce que Jérusalem est à 754 mètres d’altitude, alors qu’à 33 km, la mer Morte est à – 400 mètres au-dessous du niveau de la Mer. Donc, à part les pèlerins qui habitaient Bethléem, qui est à peine plus haute que Jérusalem, les autres devaient « monter » pour aller au Temple. Un peu comme vous, à Thiers !
Dans ce psaume, David souligne le caractère agréable et doux de l’unité : « Oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ». Dans ce verset, la Bible à la Colombe ajoute l’adjectif « unis » : « qu’il est doux pour des frères d’habiter unis ensemble ». Ce mot, unis, ne figure pas dans le texte hébreu, mais il souligne bien ce que l’auteur a voulu dire. En effet, des croyants peuvent très bien demeurer ensemble sans pour cela être unis. Alors, ce n’est ni la sérénité ni l’harmonie qui règnent !
Serez-vous surpris si j’affirme que, malheureusement, c’est souvent le cas ? À l’origine de nombreuses divisions, il y a souvent le caractère « difficile » du pasteur, ou celui du président du Conseil, ou de membres assoiffés de pouvoir qui contestent systématiquement les décisions du Conseil si elles ne leur plaisent pas.
(J’espère que vous comprenez que je parle de l’église « en général »).
On ne compte plus les communautés qui ont été obligées de se scinder en deux groupes, à cause de tensions profondes ; celui qui s’en va emmenant avec lui une partie des membres de l’église, affaiblissant ainsi le corps du Christ, en créant un traumatisme durable qui met des années à guérir, et qui donne au monde un contre-témoignage de ce qu’est l’église, telle que Jésus veut qu’elle soit.
Une de mes anciennes paroissiennes avait l’habitude de dire : Lorsque Christ bâtit une église, le diable construit une chapelle à côté. En langage plus biblique, c’est exactement ce qu’écrit Pierre : « Veillez ! Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui dévorer ; résistez-lui, fermes en la foi, et sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde » (1 P 5,8).
Dans ce passage, Pierre cite la souffrance comme moyen qu’utilise l’ennemi de notre âme pour diviser les chrétiens. Mais il utilise aussi bien d’autres moyens : les tensions entre membres, les rumeurs, les non-pardon, les commérages, les jalousies, les clans, l’orgueil spirituel, le dénigrement, les médisances, les calomnies, le mensonge… bref, tout ce qui brise l’unité.
Prenons conscience que le diable sait de quelles armes il doit se servir pour diviser. Et prenons conscience aussi que ces armes de divisions lui sont fournies par les croyants eux-mêmes ! Même s’ils n’en sont pas toujours conscients ! L’ennemi a parfaitement compris la pertinence de l’expression française « diviser pour régner ». C’est vrai en politique, en affaires, dans les familles, et dans tous les domaines de la société. C’est aussi vrai dans l’église !
Dieu, lui, n’a qu’un seul moyen pour briser et vaincre la division quand elle existe, et pour unir les croyants entre eux, avant que la division fasse des dégâts . Ce moyen, c’est l’amour.
L’amour, c’est l’essence même de Dieu en Jésus-Christ ! Ce moyen est tout puissant car il émane de Dieu. Et Dieu veut le répandre, en Jésus-Christ, au sein des communautés, dans les cœurs des croyants qui s’ouvrent à lui.
Pourquoi les relations harmonieuses dans l’église sont-elles importantes ?
D’abord, elles constituent un bon témoignage pour le monde, et attire les non-croyants à Dieu.
Combien de millions d’hommes et de femmes qui ne sont pas encore passés par la nouvelle naissance, ont quitté l’église après un bref passage, parce qu’ils n’ont pas vu de différence avec ce qui se passe dans le monde ? S’ils ne trouvent pas plus d’amour dans l’église que sur leur lieu de travail, que ce soit à l’usine, au bureau ou dans le milieu sportif, etc… pourquoi feraient-ils l’effort de se lever de bonne heure le dimanche matin, après une dure semaine de travail, pour venir au culte ? Lorsque qu’une personne complètement étrangère à l’église fait l’effort — car c’est un véritable effort — de venir une ou plusieurs fois au culte, c’est qu’elle cherche quelque chose qu’elle n’a pas trouvée et qui lui manque. Ce manque a toujours un lien avec la quête d’amour, d’harmonie, de sincérité dans l’accueil, de climat de confiance et de sérénité. Tout ceci ne peut venir que de Dieu. Et c’est ce Dieu veut nous donner pour que nous sachions le vivre ensemble et le partager avec d’autres pour les attirer à Lui.
Les relations harmonieuses dans l’église sont importantes aussi, car elles aident les croyants à travailler les uns avec les autres, dans son corps (l’Église) comme le Seigneur le veut : « En toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l’amour. Efforcez-vous de conserver l’unité de l’Esprit par le lieu de la paix » (Eph 4,2).
Dans ce passage, « supportez-vous les uns les autres » signifie : Soutenez-vous les uns les autres. C’est le sens premier que donne la langue française à ce verbe. Paul souligne aussi, dans ce verset, que c’est l’Esprit Saint qui créé l’unité et qui permet de la vivre. C’est donc un don précieux de Dieu que les croyants ont le devoir d’entretenir et de conserver.
Les relations harmonieuses ont un autre avantage : Elles renouvellent et revitalisent le service de Dieu, en évitant le gaspillage d’énergie qu’engendrent les tensions. En effet, nous sommes tous conscients de l’énergie qu’il faut déployer, les soucis que cela engendre, et le temps que l’on consacre pour apaiser les tensions ! De plus, il y a un réel risque de découragement ! Et c’est autant de force que nous ne consacrons pas au service de Dieu.
Ceci dit, vivre dans l’unité ne signifie pas être d’accord sur tout ; il peut y avoir plusieurs avis, tout comme il y a plusieurs notes dans un accord musical. Mais il y a des accords harmonieux et des accords dissonants. Ce sont ces derniers que les chrétiens doivent absolument harmoniser. Sinon, ils contribuent à créer une discorde concernant le but de notre existence. Quel est le but de notre existence ? : Travailler ensemble, unis, pour la gloire du Seigneur.
Prenons conscience que l’unité de nos objectifs dépend de la façon dont nous vivons réellement cette unité.
Revenons au texte du Psaume.
Le psalmiste donne deux illustrations des bénédictions que procure l’unité. D’abord, elle est comme l’huile sainte utilisée pour la consécration du souverain sacrificateur. On trouve le texte de la consécration d’Aaron par Moïse dans Ex 29, 7 : Tu prendras l’huile d’onction, tu en verseras sur sa tête et tu l’oindras ». Remarquons que dans le Psaume, l’huile d’onction est versée à profusion, puisqu’elle descend sur la barbe d’Aaron et sur le col de ses vêtements.
L’huile symbolise la joie (Ps 23,5), le réconfort (Es 1,6), mais c’est aussi un signe de sanctification. « Tu feras une huile pour l’onction sainte… Tu oindras Aaron et ses fils ; tu les consacreras afin qu’ils exercent pour moi ( Dieu) le sacerdoce » (Ex 30, 25 ; 30). Cette huile était si sainte que personne n’avait le droit d’en fabriquer ou s’en servir pour un usage autre que la consécration des prêtres, sous peine d’être exclu du peuple (Ex 30,33).
La profusion de l’huile d’onction suggère la richesse avec laquelle l’Éternel bénit et sanctifie son peuple au moyen de leur communion fraternelle.
Je relis la première partie du v.3 : « C’est comme la rosée de l’Hermon qui descend sur les hauteurs de Sion ». Ici, le psalmiste compare la bénédiction que procure l’unité, à la rosée rafraîchissante qui baigne le Mont Hermon, la montagne la plus haute d’Israël, au nord-est du lac de Galilée, à environ 45 km.
Si je donne cette précision géographique, c’est pour souligner les conséquences bénéfiques qu’engendre l’unité des croyants sur le reste du peuple.
En effet, de même que l’huile ne restait pas seulement sur la tête d’Aaron, mais descendait sur sa barbe et sur le col de son vêtement, la rosée bienfaisante et porteuse de vie dévale les pentes du Mont Hermon pour rafraîchir spirituellement et donner la vie à tout le pays d’Israël. Le psalmiste précise : « En effet, c’est là, que l’Éternel envoie la BÉNÉDICTION, la VIE, pour l’ÉTERNITÉ ». Quelle magnifique promesse !
Notre Sion, c’est l’église dans laquelle le Seigneur nous a placés. Si nous vivons dans l’unité, comme le Seigneur nous le demande, la BÉNÉDICTION et la Vie nous sont promises pour l’éternité. C’est déjà une grâce inouïe ! Mais cela va beaucoup plus loin : En effet, la bénédiction du Seigneur n’est jamais accordée pour être confisquée, mais pour être largement partagée.
Cette bénédiction, qui est le fruit de notre unité, ruissellera sur notre ville et nos villages, sur notre région tout entière, comme la rosée de l’Hermon ruisselait jusqu’à Sion. Et ce qui est vrai pour nous l’est aussi pour chacune des églises de notre pays.
Frères et sœurs, combien d’entre vous sont en train de se dire intérieurement : « Il est gentil, Alain, mais il faut être réaliste ! ». Si c’est le cas, rappelez-vous ce que Jésus a dit à ses disciples, juste avant de remonter vers son Père : « Vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Act 1,8). C’est-à-dire de la terre connue, à l’époque. C’est bien ce qui a eu lieu !
Combien d’hommes sont à l’origine de l’expansion incroyable de l’Évangile dans tout le bassin méditerranéen ? Les 12 disciples de Jésus et Paul. Plus le Saint-Esprit ! En combien de temps ? À peine quelques décennies comme en témoigne le livre des Actes des apôtres.
Qu’est-ce que l’Évangile, (la bonne Nouvelle de Jésus-Christ), sinon une bénédiction divine, une vie en plénitude, qui commence sur cette terre et se poursuit dans l’éternité !
Dieu avait dit à Abram : « Tu seras une source de bénédiction » (Gn 12,2).
Abram avait été béni par Dieu, et il a été une source de bénédiction pour les nations. C’est ce que Dieu désire pour chaque communauté chrétienne : Les bénir et faire d’elles des sources de bénédiction.
Mais il y a une condition. Laquelle ? : Que chaque communauté soit unie.
Frères et sœurs, dans notre prière de chaque jour, plaçons-nous devant le Seigneur pour lui demander, sincèrement, de nous montrer ce qui en nous peut faire obstacle à l’unité de notre église. N’ayons pas peur d’entendre sa réponse, et sachons lui demander pardon.
Dieu a dit : « Si mon peuple sur qui est invoqué mon nom s’humilie, prie et recherche ma face, s’il revient de ses mauvaises voies, moi, je l’écouterai des cieux, je lui pardonnerai son péché, et je guérirai son pays » (2 Ch 7,14).