Jean 8, 1 – 20
Jésus sauve une personne qui ne lui a rien demandé. La femme adultère a été traînée devant Jésus par les scribes et les pharisiens. Elle a probablement eu à peine le temps de se rhabiller, puisqu’elle a été surprise en flagrant délit d’adultère. Elle est mise en face de Jésus sans avoir rien demandé, et elle repart pardonnée et libérée de son péché, toujours sans avoir rien demandé, ni confessé de faute.
Cet épisode de la vie terrestre de Jésus nous révèle combien il est vrai que le salut vient vers nous en Jésus, et que ce n’est pas nous qui allons vers notre salut, vers Jésus. C’est Lui qui vient vers nous. C’est même Lui qui nous attire à Lui. Jésus a dit : « quand j’aurai été élevé de la terre j’attirerai tous les hommes à moi » Jn 12/32.
On ne devrait pas trop s’étonner de cette vérité qui est contraire à ce que nous pensons d’habitude, puisque déjà dans l’AT, Dieu dit : « je me suis laissé trouver par des gens qui ne me cherchaient pas » Es.65/1. Si Dieu se laisse trouver par des gens qui ne le cherchent pas, à combien plus forte raison, se laisse-t-il trouver par ceux qui le cherchent !
Ici, dans cette confrontation inattendue avec une femme adultère, Jésus doit prouver s’il respecte ou non la Loi donnée par Dieu à Moïse. Le test est important. Car dans le chapitre précédent, on voit les pharisiens qui complotent pour tuer Jésus, mais l’un d’entre eux, Nicodème arrive à les en dissuader en leur disant : « notre Loi condamnerait-elle un homme sans l’avoir entendu et sans savoir ce qu’il a fait ? » Jn 7/51. Nicodème s’appuie sur la loi pour convaincre le tribunal qu’il ne faut pas tuer Jésus sans l’avoir écouté. Avec la femme adultère Jésus subit un test : va-t-il lui aussi, respecter avant tout la Loi ? Or, nous savons que la Loi donnée à Israël prévoit la peine de mort pour l’homme ou la femme qui a commis adultère. Jésus subit donc un test très fort : il faut qu’il montre qu’il respecte la Loi, sinon, il ne peut pas prétendre être le Messie, il ne pourra continuer à laisser ses disciples dire qu’il est le Messie. Alors, comment réagit Jésus ? Comment se sort-il de ce piège inextricable ?
Jésus s’est baissé. Il s’est baissé même deux fois. Il n’a pas toisé du regard les accusateurs. Il les a respectés dans leur zèle pour la loi de Dieu. Il les a laissés aller jusqu’au bout de leur légalisme. « Que celui de vous qui est sans péché, jette en premier une pierre contre elle » v.7.
Jésus n’a obligé personne à se retirer. Ils se sont retirés librement, un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux plus jeunes. Un à un. Cela veut dire que la parole de Jésus a touché personnellement chacun, dans l’intimité de sa conscience.
Il y a là le premier miracle : chacun des accusateurs s’est rendu compte qu’il n’est pas à la hauteur de la sainte Loi de Dieu.C’est un miracle ! Il y a eu une œuvre de Dieu dans le secret des cœurs, une œuvre qui n’est pas visible, mais qui produit des fruits visibles : ils se sont abstenus de passer à l’acte, de jeter la première pierre pour mettre à mort.
Jésus fait prendre conscience à cette femme qu’il y a eu un miracle ; c’est pourquoi il lui demande : « femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » v.10 Et la femme reconnaît qu’il y a eu un miracle : « personne, Seigneur ». Maintenant a lieu un deuxième miracle. Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus » v.11. Pourquoi cette parole est-elle un miracle ? Eh bien parce que Jésus se met au même rang que ceux qui sont partis, il se met au même rang que ceux qui se sentent accusés dans leur conscience. Jésus ne prend pas le parti de la femme contre ses accusateurs, comme on le croit trop rapidement. Il est solidaire de ceux qui sont partis, accusés par leur conscience, puisque lui non plus ne jette pas la première pierre. Il fait comme si lui aussi avait des péchés à se reprocher au niveau de l’amour !
Frères et sœurs, nous avons en Jésus un miracle : celui qui est sans péché est de notre côté, de notre côté à nous, nous dont la conscience nous accuse si souvent. Jésus est sans péché et il ne me condamne pas. Il dira même que ce n’est pas son affaire, de juger le monde. Il est venu le sauver, pas le juger.
La femme est ainsi mise en route dans une toute nouvelle vie, sans péché. Tout s’est fait en quelques minutes. La parole de Jésus à la femme « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus » est donc un miracle, c’est le miracle de la croix. Le miracle de la parole de Jésus.
Sur la croix, Jésus meurt entre deux malfaiteurs, probablement deux criminels, des gens qui avaient du sang sur les mains. Un des deux reconnaît dans le comportement de Jésus crucifié qu’il est sans aucun péché ; il lui demande de se souvenir de Lui quand il viendra dans son règne et Jésus lui répond du tac au tac : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Le passage dans une nouvelle se fait juste sur une phrase de Jésus, en un instant, il passe d’une vie ancienne à une nouvelle vie. « Dis-moi seulement une parole et je serai guéri ». Les catholiques le disent avant chaque eucharistie.
La femme adultère est donc devant ce miracle : Jésus lui non plus, n’a pas jeté la pierre. Il fait comme les pharisiens, Il accepte d’être vu comme quelqu’un qui aurait lui aussi des choses à se reprocher. Mais en fait, Jésus est saint et cette sainteté il la communique à cette femme.
Sur la croix il sera encore une fois assimilé à un malfaiteur, mais à travers cette humiliation, cette dégradation qu’il assume, il nous communique sa propre vie sans péché.
C’est le deuxième miracle dans cette parole de Jésus à cette femme « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus ». Tout contents d’être pardonnés par Jésus, nous oublions souvent la deuxième partie de la phrase : « va et ne pèche plus ». Pourtant Jésus l’a bien dit : « va et ne pèche plus ». Il ne nie pas que l’adultère est un péché. Mais il n’en parle pas.
Encore une fois, il faut le redire, Jésus n’est pas venu nous parler de notre péché. Il est venu nous en sauver, vraiment nous en sauver : « va et ne pèche plus ». Nous sommes un peu interloqués par une parole si brève ! Jésus n’a pas demandé à cette femme de se mettre à genoux et de confesser ce qu’elle avait fait de mal. « Va et ne pèche plus ! » : c’est tout. Ça suffit. Il communique par cette parole un nouveau départ à cette femme. Elle vivra de la vie de Jésus qui est sans péché. Sinon, comment pourrait-elle ne plus pécher ?
Après cette parole de Jésus, nous avons un long enseignement de Jésus, qui est relié à sa rencontre inopinée avec la femme adultère. Jésus revient sur la Loi. La Loi dit ce qu’il faut faire en cas d’adultère, mais elle dit aussi à quelle condition on peut condamner quelqu’un à mort.
La Loi de Moïse précise qu’il faut deux témoins pour condamner quelqu’un à mort Deut. 17/6. Jésus s’appuie là-dessus pour dire que, inversement, il y a deux témoins pour nous donner la vie : « je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » v.12. « je me rends témoignage à moi-même, et le Père qui m’a envoyé me rend témoignage lui aussi » v.18. Dieu, le Père d’Israël qui a donné la Loi à Israël, témoigne maintenant en même temps que Jésus.
Nous avons ici une parole tout à fait remarquable où Jésus affirme la conscience forte qu’il a d’être toujours avec son Père. Il ne vit rien en dehors de son Père. Le Père et le Fils sont toujours ensemble. Donc, quand Jésus dit à la femme « je ne te condamne pas non plus, va et ne pèche plus », nous pouvons être sûrs que le Père dans le ciel valide cette parole. Le Père dans le ciel innocente et sanctifie la femme adultère, en même temps que son Fils le fait sur terre. Autrefois, il fallait deux témoins pour condamner à mort, maintenant il y a deux témoins pour condamner à la vie, si je puis dire. Le Père et le Fils nous témoignent de la vie éternelle, sans péchés, qui est venue à notre rencontre, dans laquelle il nous est donné de vivre.
Jésus est la lumière du monde. Celui qui vient à sa suite ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura la lumière de la vie. La femme vient de recevoir cette lumière. Nous qui nous reconnaissons fautifs par rapport à la Loi de Dieu, recevons maintenant la même lumière par cette parole de Jésus.
Venir à la suite de Jésus, c’est aller jusqu’à la croix, où il se révèle à tous comme « JE SUIS » v.28. « Si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés » v.24. Si nous voulons être comme cette femme adultère qui repart sans aucun péché, il nous faut croire qui est Jésus. Les Juifs lui posent donc la seule question qui est vraiment importante : « Toi, qui es-tu ? » v.25. Et Jésus répond : « le commencement, celui dont je vous parle » v.25. Jésus est le commencement. De nombreux textes de la Bible nous disent qu’il est le commencement de la création de Dieu. Quand Jésus dit qu’il est la lumière du monde, il parle du commencement de la création. La lumière est la première création de Dieu dans Genèse 1/1-5. L’apôtre Paul dit que Jésus-Christ est le commencement d’une nouvelle humanité, une humanité sans péché I Cor.15/47. Voilà pourquoi cette femme adultère amenée en présence de Jésus est repartie sans péché : elle a rencontré le commencement de la nouvelle humanité. Elle y a été intégrée par la Parole de Jésus, une Parole qui ne passera jamais.