• le 28 juillet 2024

CORPS, ÂME, ESPRIT

Sophie HELMLINGER

Jean 6,1-15

Jésus demande à Philippe : « d’où pourrons-nous acheter des pains pour qu’ils aient à manger ? » Il le dit d’emblée, avant même d’avoir commencé à enseigner et à guérir les gens affaiblis de cette foule. Sans que personne ne Lui ait demandé quoi que ce soit. 

Son premier objectif est de nourrir ceux qui sont en train de se rassembler autour de Lui, dont certains sont dans un état de grande faiblesse.

Cela signifie que Jésus ne voit pas en nous que des « âmes » à sauver, Il voit des hommes, des femmes, des enfants qui sont faits de chair et de sang. Ça m’évoque l’Armée du Salut dont la devise est « soupe, savon, salut ». C’est une fondation chrétienne qui apporte de l’aide aux pauvres. Elle a compris que l’être humain a des besoins de base à respecter – la soupe et le savon – autant que des besoins spirituels. Elle ne s’occupe pas « d’âmes », mais d’êtres humains. 

Tes besoins physiques et matériels intéressent Jésus. Plus encore, Il est capable de t’aider, Il les prend en considération, Il peut même intervenir pour qu’ils soient respectés. N’hésite pas à lui en parler. Peut-être même qu’ici des gens pourraient témoigner que Dieu a répondu à cette sorte de prière ? Moi je peux le faire à propos d’un médicament qui était en rupture depuis des mois et qui me manquait terriblement. Je suis allée en pharmacie je ne sais combien de fois demander s’il était de nouveau en stock. En vain. Un matin, je suppliais Dieu d’intervenir, à 15h la pharmacienne m’appelait pour me dire qu’elle en avait quelques boites et qu’elle m’en mettait de côté ! Elle ne l’avait jamais fait jusque-là.  Je prie Dieu depuis des années de me guérir de cervicalgies, et j’en souffre toujours ; mais Il a répondu à ma prière concernant les médicaments. C’est un mystère, mais je me suis sentie chouchoutée par Lui avec ces médicaments !

Une question

« D’où pourrons-nous acheter des pains pour qu’ils aient à manger ? », c’est la question de Jésus à Philippe. Pourquoi pose-t-Il cette question ? Le rédacteur de l’évangile nous donne la réponse : « c’était pour l’éprouver ». Jésus veut éprouver ses disciples, il veut les mettre à l’épreuve avec ce problème. « D’où achèterons-nous des pains ? ». A partir de quel endroit pourrons-nous nous procurer des pains pour tous ces gens ? Comment allez-vous vous y prendre, mes chers disciples ? Sur qui, sur quoi allez-vous compter ? 

Il y a environ cinq mille hommes, nous dit le rédacteur. Donc, femmes et enfants compris, il faut doubler ou tripler ce chiffre. 

Ce n’est pas nouveau dans la Bible que la question de la nourriture soit une épreuve. Les Hébreux avaient mis Dieu à l’épreuve dans le désert, mettant complètement en question que le Seigneur puisse les nourrir dans un désert où il n’y a rien. Dieu leur a donné la manne, chaque jour, mais la Thorah dit que Dieu aussi les a mis ainsi à l’épreuve. Quelle était cette épreuve ? Dieu leur a précisé que la manne ne tomberait pas le jour du Shabbat. Ils auraient double quantité la veille. Ils ne l’ont pas cru. Ils sont sortis le matin de Shabbat et n’ont rien trouvé à ramasser. L’épreuve de la manne a montré que les Hébreux ne croyaient pas Dieu sur parole.

Jésus, comme le Seigneur avec les Hébreux, met ses disciples à l’épreuve quand il s’agit de nourrir des milliers de personnes : « d’où achèterons-nous des pains pour qu’ils aient à manger ? ».

André trouve un adolescent qui a un pique-nique que sa mère lui a probablement préparé : cinq pains d’orge – le pain des pauvres – et deux petits poissons. On ne va pas loin avec ça. C’était tout juste suffisant pour un jeune en pleine croissance. Il les a donnés. Vous vous imaginez, vous, à 10, 12 ou 15 ans donner votre sandwich sans rechigner ? Vous imaginez votre fils ou petit-fils céder son MacDo comme ça, parce qu’on le lui demande ? Il l’a fait. Il a donné tout ce qu’il possédait.  Et ses galettes d’orge laissent penser qu’il était pauvre ou en deuil, parce que c’est le genre de pain que l’on doit offrir après un deuil. Lui aussi était sans doute dans une situation fragile. 

Qu’avons-nous à donner ?

Alors bien sûr, beaucoup d’entre vous ont déjà entendu des prédications sur ce texte, et si je vous demande quels pains et quels poissons vous êtes prêts à donner à Jésus pour qu’Il les utilise, ce ne sera pas très original. Et pourtant, c’est bien la seule question à poser : qu’es-tu prêt à donner à Jésus pour nourrir les autres. Les nourrir de pain, bien sûr, mais aussi d’amour, d’encouragement, de bienveillance, de témoignages, d’enseignements, de prière, de temps passé ensemble, de rire, d’espérance et que sais-je encore ?

Tu as sans doute déjà répondu à cette question, oui. Hier, ou avant-hier, ou même avant avant-hier. Aujourd’hui, tu n’es plus tout à fait le ou la même. Ta situation a évolué. Tu as vieilli, tu as plus de temps, ou moins de temps. Plus d’argent, ou moins d’argent. Tu as développé des talents, perdu du potentiel. Qu’es-tu prêt à Lui donner aujourd’hui ?  Tu te sens bien pauvre, pas intelligent, bien diminué ? Et cet ado ? Il n’était pas boulanger, il n’a pas fait de grandes études, peut-être allait-il à la yeshiva, l’école juive, mais ce n’était pas un rabbin érudit. On ne connaît même pas son nom. Il reste anonyme et on ne parle pas beaucoup de lui entre chrétiens, sans doute pas autant que du paralytique, de l’aveugle Bartimée ou de Zachée.  Son geste ne l’a pas rendu célèbre, mais il a fait avancer le Royaume de Dieu à sa façon, selon comment il a été appelé à le faire. 

Ce n’est pas ce que TU vas donner, qui va nourrir ton prochain, c’est ce que Jésus va en faire, qui est miracle et profusion. Jésus peut faire miracle et profusion sans toi, sans moi, mais Il veut agir avec nous. Et ça fait toute la différence.

Quand nous commençons à réfléchir, nous constatons que nos forces et nos ressources sont insuffisantes, mais Jésus nous demande quand même de faire quelque chose. Pour 5 000 personnes, Il n’a eu besoin que de 5 pains et deux poissons. 2 poissons ! Vous voyez un peu le tableau ? 

Tu n’es jamais trop pauvre pour donner ta part pour le Royaume de Dieu. Tu n’es jamais trop petit pour que Dieu t’utilise. Si tu l’oublies, souviens-toi de cet ado et de son maigre pique-nique. Parce que c’est Jésus qui opère.  Il nous met à l’épreuve pour qu’enfin, nous agissions avec Lui.

Jésus aurait pu multiplier le pain pour Lui-même, en transformant les pierres en pains, quand Satan l’a tenté pendant quarante jours dans le désert. Mais il a refusé. Pourquoi maintenant, multiplie-t-il les pains ? Il ne part pas de rien. Il y a un adolescent qui a accepté de mettre dans le pot commun ses cinq pains d’orge et ses deux petits poissons.

L’adolescent a tout donné, et il a retrouvé bien plus qu’il n’a donné : à la fin du repas, lorsque tous ont mangé à satiété, le garçon a pu constater qu’on a rempli douze paniers avec les morceaux qui restaient. Quand nous donnons tout à Jésus, nous retrouvons bien plus. Jésus a souvent enseigné cela. C’est une loi du Royaume des cieux : la multiplication des bénédictions.

Jésus avec le Père et nous en Lui

Cet adolescent a été aux premières loges pour constater visuellement le miracle, parce qu’il a donné ses cinq pains et ses deux poissons. Ce que nous donnons dans les mains de Jésus devient une nourriture miraculeuse. 

Cet adolescent a participé au miracle consistant à nourrir des milliers de gens. Lui, il a eu la réponse à la question que Jésus a posée à Philippe : « d’où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ? ». De Dieu le Père, à qui le Seigneur Jésus s’est adressé, que le Seigneur Jésus a remercié quand il a tenu les cinq pains et les deux poissons dans ses mains.

La relation priante permanente entre Dieu le Père et Dieu le Fils est pour nous source d’abondance. Cet adolescent en est témoin et il y a participé. Quand nous donnons ce que nous avons et ce que nous sommes à Jésus, nous sommes intégrés dans la relation entre Dieu le Père et Dieu le Fils et ce qui se produit alors, c’est qu’une foule affaiblie repart fortifiée et en bonne santé.

Avec Jésus, nous faisons l’expérience que des situations où il n’y a aucune solution vont trouver une solution. Parce que c’est Lui avec nous, nous avec lui, qui est la solution à toutes les détresses. Et uniquement cela. On peut s’épuiser, se plier en 4 pour les autres, donner tout ce que nous possédons, nous sacrifier, si ce n’est pas avec Jésus et dans son temps à Lui c’est inutile. Dans son temps à Lui. Dans le temps et dans le plan de Dieu. Le jeune aurait pu partager ses pains à ses potes sur le chemin, il n’y aurait pas eu ce miracle. Sa générosité n’aurait pas servi au plan de Dieu. Il aurait montré son grand cœur, c’est tout. Prions l’Esprit saint pour recevoir le discernement de ce temps spécial qui est celui du Royaume. 

Mise à l’épreuve

Jésus nous met à l’épreuve quand il nous dit « priez sans cesse », « veillez et priez » ; nous essayons de prier, de faire ce qu’il dit, et ça ne marche pas, nous n’y arrivons pas, nous faisons avec nos moyens et nous n’y arrivons pas, alors Jésus priant se donne à nous, il vient prier en nous par l’Esprit Saint.

Jésus nous met à l’épreuve quand il nous dit : « annoncez l’évangile à toute créature sous le ciel » ; nous essayons d’évangéliser et nous y renonçons bien vite. Les années passent sans que nous n’ayons parlé à personne de l’évangile en dehors de l’Église ; alors Jésus l’évangéliste vient se donner à nous, l’évangéliste vient du ciel évangéliser par nous.

Jésus nous met à l’épreuve quand il nous dit : « aimez vos ennemis ». Nous essayons et nous n’y arrivons pas et puis nous en arrivons au constat que, de toute façon, il y a vraiment des péchés impardonnables. Nous faisons avec nos moyens et nous voyons l’impossibilité de faire ce que Jésus dit. Alors Jésus qui a aimé Juda, qui a aimé ceux qui le crucifiaient, vient en nous et il est cet amour qui s’adresse même à nos ennemis. 

Jésus sait ce qu’il va faire, c’est pourquoi il nous demande tant de choses que nous n’arrivons pas à faire. Mais c’est pour nous mettre à l’épreuve : « d’où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ? ». Oui, d’où ? D’où est Jésus ? Sans cesse cette question revient dans l’évangile de Jean. Sans cesse elle se présente à nous. Savons-nous d’où est Jésus ?

Connaissons-nous le Père une fois pour toutes ou bien nous faut-il tous les jours redécouvrir cette merveilleuse unité de Dieu Père et Dieu Fils devenu être humain dans la Vierge Marie ? Un adolescent qui est resté anonyme, a été témoin de cette unité entre Dieu Père et Dieu Fils, parce qu’il a donné ses cinq pains et ses deux poissons, tout ce qu’il avait pour vivre ce jour-là. Nous pouvons tous faire la même expérience que cet adolescent ou la même expérience que les disciples que Jésus a éprouvés avec sa question. C’est éprouvant, de vivre avec Jésus, mais ça en vaut vraiment la peine.

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