Dans Phil 4,6-7, voici ce que Paul écrit aux chrétiens de Philippe :
« Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Christ-Jésus »
Dans Es 41,10 Dieu s’adresse au peuple d’Israël :
« Sois sans crainte, car je suis avec toi ; n’ouvre pas des yeux inquiets ; car je suis ton Dieu ; je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite victorieuse »
Dans Lc 12,22 Jésus s’adresse à ses disciples, et à nous aussi, bien sûr :
« Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ou pour votre corps de quoi vous serez vêtus »
Dans Mt 6,34 Jésus s’adresse à tous les hommes :
« Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain s’inquiétera de lui-même »
Dans Mc 13,11 Jésus dit :
« Quand on vous emmènera pour vous livrer, ne vous inquiétez pas d’avance de ce que vous direz, mais dites ce qui vous sera donné à l’heure-même ; car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint »
Cet échantillon de textes bibliques de diverses époques de l’histoire aborde le même thème : l’inquiétude. Certes, les circonstances sont différentes, mais elles engendrent le même sentiment : la peur.
Il semble que ce sentiment soit présent dans le tréfonds de l’être humain, et qu’il empoisonne une partie de son existence. En effet, le catalogue des inquiétudes est très épais, et les motifs sont variés : Inquiétude pour la santé, pour l’avenir, pour le travail, pour les choix à faire, pour l’avenir de ses enfants. Il y a aussi la peur des agressions, la peur des voleurs et des cambriolages, ce qui fait le bonheur des fabricants de matériel de surveillance et de portes blindées.
Il y a aussi l’inquiétude de ne pas être capable, lorsqu’on vous confie une responsabilité, l’inquiétude de ne pas trouver son chemin lorsqu’on entreprend un long voyage. La peur de prendre l’avion, la peur de la mort, la peur de rendre témoignage de sa foi, etc, etc.
Quand on considère ce catalogue des peurs, que faut-il penser des 5 passages bibliques que j’ai lus, qui nous exhortent tous à ne pas avoir peur ?
Je voudrais d’abord dire qu’aucun de ces textes ne condamne l’homme d’avoir des craintes et des inquiétudes. En effet, ces sentiments font partie de la nature humaine. Ce que ces textes nous disent, c’est que Dieu veut permettre à l’homme de surpasser ses craintes, de les dominer, afin qu’il n’en soit plus l’esclave.
D’autre part, lorsque Dieu nous dit « n’ayez pas peur », Il est important de comprendre que ce ne sont pas des paroles en l’air, des paroles mensongères.
En tant que croyants animés par l’Esprit-Saint, nous savons que Dieu ne peut pas mentir. Dieu n’a pas dit cela simplement pour rassurer les hommes, une sorte de méthode Coué, une forme d’auto suggestion !
Si Dieu a permis que ces paroles soient transmises de générations en générations, c’est pour que les hommes les prennent au sérieux et surpassent leurs craintes ; c’est pour que les hommes ne soient plus esclaves de leurs peurs, au point de les paralyser. Ces paroles ne sont pas des coquilles vides : elles portent en elles leur puissance. Mais c’est par la foi, et uniquement par la foi,que cette puissance guérissante et libératrice sera mise en œuvre.
Si nous admettons cela, il est donc possible de dominer ses inquiétudes et ses peurs. Je vous propose de voir le processus qui fait que l’on s’inquiète. Et de voir ensuite, comment on peut le surmonter.
Prenons un exemple concret dans le domaine de la santé. Une nuit, vous vous réveillez avec des maux de ventre ou une légère douleur à la poitrine. Si ces maux passent dans les heures qui suivent, l’inquiétude n’a pas le temps de s’installer. Mais s’ils durent plusieurs jours, l’inquiétude se met en route, et notre psychisme se charge de l’entretenir et de la faire grandir au fil des heures, jusqu’à faire naître en nous la pensée que nous avons peut-être un cancer, ou que nous sommes sur le point de faire une crise cardiaque ; cette pansée augmente encore notre inquiétude.
Qu’est-ce que je veux souligner ? Je veux dire que livré à lui-même, notre psychisme déclenche en nous, la plupart du temps, la pensée du pire, avec, en arrière plan, le spectre de la mort ! Et là où il est le plus efficace, c’est la nuit ! Plus nous sommes fixés sur nos pensées, plus notre inquiétude grandit ; cela peut même aller jusqu’à l’angoisse.
Soyons bien conscient que notre psychisme est capable de déclencher une puissance négative qui va entretenir nos maux, voire les amplifier. En effet, nous avons tous fait l’expérience d’arriver chez le médecin pour lui parler d’un mal qui empoisonne nos pensées depuis des jours, mais qui disparaît comme par miracle, lorsque, après consultation, le médecin nous dit : « Ce n’est rien du tout ; ça va passer tout seul ! »
Que s’est-il passé ?
Avant la consultation, nous étions fixés sur nos pensées, nous accordions du crédit à nos pensées, nous étions esclaves de nos pensées qui engendraient le pire des scénarios.
Après le diagnostique du médecin, l’inquiétude disparaît aussitôt. Pourquoi ? Parce que nos pensées, centrées sur nous, vont désormais se fixer sur une parole extérieure à nous : la parole rassurante du médecin.
C’est le même processus qui se met en route pour toutes les peurs de notre vie. Sans une parole extérieure à nous-mêmes, notre psychisme va souvent nous entraîner vers le pire. Pourquoi ? Parce que, même si nous avons revêtu notre nouvelle nature en Christ, notre vieille nature, tournée vers nous-même, donne encore de la voix, de temps en temps.
Comme vous le savez, notre église a la volonté de sortir de son ronron confortable et douillet, et de s’engager sérieusement dans le ministère essentiel que Jésus a confié à son Corps : L’évangélisation. Il est grand temps, car les effectifs se réduisent comme peau de chagrin.
Notre Conseil presbytéral a décidé que le mois de décembre serait une période d’essai au cours duquel nous voulons témoigner de notre foi auprès des gens de Thiers. Dimanche dernier, Denis nous a motivé pour que le plus grand nombre d’entre nous s’engagent dans ce programme, nouveau pour nous. Une formation au témoignage a déjà commencé la semaine dernière. Elle se poursuit aujourd’hui, après le culte, ainsi que dimanche prochain, pour que les équipes puissent commencer à témoigner pendant le mois décembre.
Vous vous demandez peut-être quel est le rapport entre ce que je viens de dire et le thème de l’inquiétude du début du message. C’est très simple : Nous avons dit que l’inquiétude peut s’insinuer dans tous les domaines de notre vie. L’évangélisation n’y échappe pas. Et c’est bien la raison pour laquelle elle est si souvent absente ou s’exprime si timidement parmi les chrétiens.
La crainte de témoigner auprès d’inconnus à de nombreuses causes : peur d’importuner les gens, peur d’être mal reçu, peur de ne pas être à la hauteur quand on ne voit pas les fruits, peur de perdre son temps quand on est confronté à l’indifférence ou à l’animosité. Et d’autres peurs encore qui sont personnelles à chacun.
De plus, il y a le climat d’indifférence et d’incrédulité qui règne dans notre pays, et une ambiance générale hostile à tout ce qui touche au domaine de la foi. Cela laisse des traces négatives dans nos pensées et nous conditionne sans que nous en soyons vraiment conscient.
C’est souvent cette vision des choses et ce discours intérieur qui tournent en boucle dans le psychisme des chrétiens. C’est cela qui les freine ou qui les paralyse pour se lancer dans le témoignage.
Dans ce domaine aussi, nous avons besoin d’une parole extérieure à nous-même, une parole qui va briser ce monologue intérieur qui conduit au défaitisme et à l’inaction.
Cette parole extérieure, en tant que chrétien, nous avons la chance de la connaître. Ce n’est pas n’importe quelle parole, puisque c’est la parole de Dieu. C’est la Bible dans son ensemble. Mais pour ce qui concerne la peur et l’inquiétude, c’est celle que nous avons lue dans le 5 passages, au début de ce message. Ils disent tous la même chose : « Ne vous inquiétez de rien ! » Et ils sont souvent accompagnés de la promesse que nous ne serons pas seul : Dieu sera avec nous.
Encore faut-il que nous intériorisons cette parole comme une vérité, et une puissance qui nous est offerte pour dominer et dépasser nos craintes.
En effet, dans les grandes lignes, les chrétiens font confiance aux paroles rapportées par l’Écriture. Ils croient que Jésus est le Fils de Dieu, qu’il a donné sa vie pour que nous soyons sauvés, qu’il est ressuscité, qu’il est monté au Ciel et qu’il reviendra pour établir son Royaume.
Mais la foi est souvent hésitante dans d’autres domaines : les guérisons, les miracles, les dons de l’Esprit, etc.
Juste avant de monter vers son Père, Jésus donne une mission à ses disciples : « Allez, faites de toutes les nations des disciples… » Et aussitôt après, il leur fait une promesse : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
C’est exactement la même promesse que Dieu nous fait, à partir du moment où nous nous engageons dans la mission qu’il nous a confiée.
Dans le texte des Philippiens, Paul nous montre aussi une voix complémentaire pour dominer nos peurs : « En toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître vos demandes à Dieu ». N’ayons pas honte d’être inquiet à la pensée que nous allons rencontrer des inconnus dans la volonté témoigner de notre foi. Ouvrons notre cœur au Seigneur, faisons-lui part de nos craintes, demandons-lui de nous permettre de les dominer. Il nous exaucera, parce que c’est Lui qui nous envoie.
Frères et sœurs, prenons conscience que nos craintes d’évangéliser ne constituent pas un handicap aux yeux de Dieu. Je dirais même que c’est un avantage. Pourquoi ? Parce que la crainte que l’on surmonte, dans la prière, nous conduit à ne compter que sur le secours de l’Esprit, et non pas sur nos propres forces.
Restons toujours dans cette prière humble et confiante. Ce n’est pas une paix au rabais que Dieu veut nous accorder : Paul dit qu’elle surpasse toute intelligence, c’est-à-dire une paix profonde et durable qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer. Et de plus, elle permettra à notre volonté et à nos pensées de rester dans la communion avec Jésus.
« En toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître vos demandes à Dieu. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus Christ ».
Dans la communion avec Jésus, nous ne vivrons pas le témoignage comme une épreuve, mais comme une grâce que Dieu nous accorde.