Jer 29,1-14
C’est la lecture du dernier chapitre du livre de Stormie Omartian, La puissance de la prière pour vaincre la peur, qui m’a conduit à parler de la peur.
Les paroles que vous allez entendre sont un assemblage de ce que cet auteur a écrit, et de mes réflexions personnelles.
À des degrés divers, que nous soyons chrétien ou non, nous sommes tous confrontés à des peurs qui affectent notre vie. Je ne parlerai pas de la peur des souris ou des araignées, qui font parfois pousser des cris de terreur à certaines femmes ; ni de la peur des piqûres à laquelle sont confrontées les infirmières et les médecins dans ce temps de campagne de vaccination contre le Covid.
Aujourd’hui, en lien avec le texte de Jérémie, je veux parler d’une peur spécifique : la peur de l’avenir.
Comme toute les formes de peur, la peur de l’avenir peut affecter et perturber fortement notre vie. Les temps troublés que nous vivons sont anxiogènes ; qu’il s’agisse du terrorisme aveugle, des guerres et des menaces de guerres, de la persécution des chrétiens et de certaines minorités, des crises financières mondiales qui jettent dans la pauvreté des millions d’individus, y compris dans des pays riches ; du chômage, du dérèglement climatique, des catastrophes naturelles et, depuis presque 2 ans, de la pandémie de Covid qui a déjà fait plusieurs millions de morts, et dont on ne voit pas la fin, au fur et à mesure qu’apparaissent de nouveaux variants.
Certaines de ces réalités touchent déjà des centaines de millions de personnes. Mais elles inquiètent aussi ceux qui, pour l’instant, ne sont que les témoins de ces événements dramatiques, mais qui se disent que ce que les autres vivent pourrait bien leur arriver un jour.
Si j’ai lu les 14 premiers versets du chapitre 29 de Jérémie, c’est pour que l’on comprenne le contexte dans lequel Dieu fait la promesse du v. 11. En effet, c’est cette promesse que je veux souligner, en lien direct avec le thème que j’aborde aujourd’hui.
Je relis la promesse : « Je connais, moi, les projets que je forme à votre sujet — parole de l’Éternel — projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir fait d’espérance ».
Je rappelle brièvement le contexte : En 597 avant Jésus-Christ, Neboukadnetsar, roi de Babylone, déporta 10 000 habitants de Jérusalem. Parmi eux, il y avait Yehoyakîn, roi de Juda, toute sa famille, ses serviteurs, ses ministres, des sacrificateurs, des prophètes, des hommes importants, les artisans, et 7 000 hommes aptes à la guerre. (Cf 2 Rois 24,10-16).
Parmi les prophètes déportés ou restés à Jérusalem, il y avait de faux prophètes, c’est-à-dire des hommes qui parlaient, soit-disant au nom de Dieu, mais à qui Dieu n’avait donné aucun message à transmettre. Ils « prophétisaient » ce que les déportés complètement déboussolés avaient envie d’entendre. L’un d’eux, Hanania, proclamait au nom de Dieu, que la déportation ne durerait pas plus de 2 ans. Après quoi, tout le monde reviendrait à la maison (Jer 28,3-4).
La parole que Jérémie à reçue de Dieu dément cette fausse prophétie : « Ne vous laissez pas abuser par vos prophètes qui sont au milieu de vous, ni par vos devins ; ne prêtez pas attention aux rêves que vous faites ! Car c’est faux ce qu’ils vous prophétisent en mon nom » (v.8-9). Les faux prophètes se chargeaient d’entretenir un espoir humain, mais qui n’était pas dans le plan de Dieu.
En effet, la réalité est tout autre : Dieu annonce que la déportation ne durera pas 2 ans, mais 70 ans (29,10). Dieu voulait-il finir de déprimer les déportés ? Non.
Que leur dit-il ? « Bâtissez des maisons, et habitez-les ; plantez des jardins et mangez-en les fruits. Mariez-vous et engendrez des fils et des filles…Multipliez là où vous êtes et ne diminuez pas. Recherchez la paix de la ville où je vous ai déportés et intercédez auprès de l’Éternel en sa faveur, parce que votre paix dépend de la sienne » (v. 5-7).
Comment faut-il comprendre ces paroles de Dieu qui semblent tellement étranges dans la situation que vivent tous ces déportés qui n’aspirent qu’à une seule chose : revenir le plus vite possible dans leur pays et retrouver Jérusalem, leur Temple, leurs maisons, leurs occupations et les gens dont ils ont été séparés ? 2 ans, c’est relativement vite passé. Mais 70 ans ! C’est tout une vie !
Il est important de comprendre l’esprit dans lequel Dieu adresse ces paroles aux déportés. Comme tous les hommes, et à fortiori dans une situation aussi dramatique, ces déportés se posaient beaucoup de questions sur leur avenir.
Étant donné que l’avenir ne nous appartient pas, les questions que l’on se pose à son propos, peuvent être de l’ordre du rêve qui voit le ciel toujours bleu. Mais elles sont plus souvent de l’ordre de l’inquiétude et de la peur. Et que procure la peur ? Elle engendre le plus souvent des pensées négatives qui nous font tout voir en noire.
La bonne nouvelle, c’est que si l’avenir n’appartient pas à l’homme, il appartient à Dieu. Tout est entre ses mains. Rien ne lui échappe. C’est cela que Dieu veut faire comprendre aux déportés. C’est cela qu’il veut faire comprendre à tous les hommes de toutes les générations, donc à nous aussi qui sommes là ce matin : notre avenir n’est pas le fait du hasard ou de coïncidences ; notre avenir appartient à Dieu.
Dans l’ouvrage que j’ai cité au début, Stormie Omartian écrit ceci : « Partout dans le monde, j’entends des gens évoquer la peur qui se répand dans leur pays. Dans les divers endroits où je me rends pour mes conférences, on me tient les propos suivants : « J’ai peur de ce qui se passe dans le monde », « J’ai peur quand je vois le mal qui règne », « J’ai peur avec tous ces passages à l’acte, toute cette haine ou cette colère », « Je crains pour la sécurité de mes enfants à l’école », « J’ai peur d’avoir un accident ou une maladie grave », « J’ai peur de ne pas pouvoir prendre soin de ma famille », « J’ai peur de tout perdre », « J’ai peur d’échouer », « J’ai peur qu’un malheur nous arrive ».
« De plus en plus de gens me confient : « J’ai peur de tout ». Mais la peur qui revient le plus souvent, c’est la peur de l’avenir : « J’ai peur de ce que le futur nous réserve ». « Je ne veux pas avoir d’enfant, parce que j’ai peur de ce qu’ils auront à affronter ».
« Si nous avons à ce point peur de notre avenir, et de ce qu’il réserve à nos enfants, petits-enfants, proches et amis, est-il vraiment possible d’avoir un avenir digne d’être vécu ?
« Pour avoir un futur qui en vaille la peine, il faut oublier le passé et marcher dans l’intimité avec Dieu chaque jour. Il faut faire de la moindre crainte liée à l’avenir un sujet de prière spécifique. Il faut faire part à Dieu de notre désir que sa paix remplace notre peur. Soyons sûr qu’il y répondra.
Il est important de comprendre qu’il faut absolument surmonter cette peur de l’avenir, car elle est paralysante et elle peut nous inciter à fuir les projets que Dieu a pour nous. Avoir peur de l’avenir, c’est faire le jeu de l’ennemi de notre âme. En effet, avec la peur, l’ennemi essaie de nous soumettre à sa volonté et de nous voler notre avenir. Ne donnons pas prise aux pensées que l’ennemi nous suggère. Écoutons de nouveau la promesse que que Dieu nous fait au v. 11.
Pour que cette promesse soit plus personnelle, je la mets à la 2e personne du singulier : « Je connais les projets que je forme à ton sujet, projet de PAIX et non de malheur, afin de TEDONNER UN AVENIR FAIT D’ESPÉRANCE. »
Je rappelle que dans la Bible, l’espérance n’est pas quelque chose d’aléatoire ou d’hypothétique, c’est-à-dire une chose qui dépend du hasard, ou qui peut arriver ou pas. Non ! L’espérance biblique est synonyme de certitude. L’espérance que Dieu annonce aux exilés, à savoir le retour en Israël après 70 ans d’exil, cela se réalisera aussi vrai que 2+2 font 4. Et cela s’est réalisé.
Mais il y a beaucoup plus que la promesse de retour, dans les paroles que Dieu adresse aux déportés par l’intermédiaire de Jérémie. En quoi consiste-t-il ce « plus » dont je parle ?
Pour le dire vite, ceux qui reviendront de déportation ne seront plus les mêmes qu’à leur départ. Je m’explique : Dieu n’a pas envoyé son peuple en exil à Babylone sans une raison grave. Plus d’un siècle avant la déportation, Ésaïe avait prophétisé que si le peuple continuait à ne pas écouter Dieu, il connaîtrait l’exil ( Es 6,11-13 ; 39,5-7). Malgré les avertissements de plusieurs prophètes, le peuple a fait la sourde oreille ; et la sanction est tombée. Le peuple passera 70 ans dans un pays étranger, loin de sa terre. Mais, comme le dit le Ps 103,9, « Dieu ne garde pas sa colère à toujours ». Il a déjà programmé le retour ( v 10), un retour qui s’accompagnera d’un changement d’attitude radical, envers Dieu : « Vous intercéderez auprès de Moi, et je vous exaucerai. Vous me chercherez et vous me trouverez, car vous me chercherez de tout votre cœur. Je me laisserai trouver par vous. » (v. 12-14
L’épreuve des 70 années d’exil a été terrible sur le moment, mais elle n’a pas été vaine. Elle a produit un bon fruit : la confiance en Dieu. C’est souvent ce que produisent les épreuves permises par Dieu : un renouveau de confiance. Et qu’est-ce que la confiance ? C’est l’essentiel d’une vie !
En effet, la foi n’est pas une question de croyance. Même le diable croit que Dieu existe ! La foi est une question de confiance, de confiance en Dieu et de confiance dans les promesses qu’il faits. Chacun de nous doit décider à qui il va faire confiance : à Dieu, ou aux pensées négatives que la peur de l’avenir fait naître en nous ?
De deux choses l’une : la Parole de Dieu est vraie, ou elle ne l’est pas ! À nous de choisir, vraiment. Sans être fluctuant : un jour je crois, un jour je doute.
À votre avis, qui a intérêt à nous faire douter de ce que Dieu promet dans sa Parole ?
Douter, cela signifie ni plus ni moins qu’on ne croit pas que Dieu puisse intervenir dans notre situation présente et à venir, ni s’occuper de nos problèmes. Douter est donc une source d’inquiétude et de souffrance qui, si cela est récurrent, conduit souvent à l’apitoiement, à la pitié de soi.
À ce propos, Stormie Omartian écrit ceci : « La pitié de soi n’est pas facile à repérer, car elle se manifeste parfois quand on est confronté à des situations négatives comme le rejet, la tristesse, un traumatisme, une trahison ou la maltraitance. Sans communion avec le Seigneur permettant de gérer ces blessures et d’en guérir, on finit vite par entretenir un esprit d’apitoiement sur soi, sans même s’en rendre compte.
Elle ajoute : « Loin de moi de juger qui que ce soit, car je suis passée par là. Si j’évoque le sujet, c’est que la pitié de soi est une ruse employée par l’ennemi pour nous abattre et nous empêcher de surmonter les circonstances. Il nous sera difficile de nous élancer vers l’avenir prévu par Dieu avec ce poids sur les épaules.
Cette prise de conscience l’a conduite à prendre une position ferme : « Ça suffit ! Je n’écouterai plus cet esprit d’apitoiement. Je ne sombrerai plus dans la tristesse ni dans la dépression. C’est terminée. Je résiste à ces mensonges de l’ennemi. Je n’écouterai que ce que Dieu dit dans sa parole, car c’est la vérité. »
« À partir de ce jour-là, j’ai réussi à identifier cet esprit dès qu’il se manifestait et à lui opposer la vérité de la Parole de Dieu. Je refusais de laisser ces mensonges me mettre en mode victime. Chaque fois que cela arrivait, je disais : « Je suis en Christ ; et il m’a guérie des pensées négatives. Je refuse de repasser ces vieilles bandes et de les laisser tourner en boucle dans mon esprit. »… « Je choisis de n’écouter que ta vérité à mon sujet. Tu m’as acceptée, tu es mort pour moi, tu m’as restaurée. Je rejette ces vieux sentiments d’apitoiement. Je te les confesse comme étant un péché, car c’est douter que tu m’aimes, que tu prends soin de moi et que tu me suffis ».
« Je faisais cela chaque fois que je sentais ces vieux sentiments refaire surface. Pour finir, l’esprit d’apitoiement m’a quittée.
« En tant que chrétien, n’oublions jamais que l’ennemi n’a de pourvoir sur notre vie que celui que nous lui donnons.
« Des situations difficiles ou malheureuses surviendront inévitablement. Mais ne nous posons pas en victime, comme si Dieu n’était pas plus grand que ce que nous traversons. Ce sentiment d’être victime est peut-être lié au passé ou à notre situation actuelle. Mais ne laissons pas notre passé conditionner notre avenir. Ce serait y inviter la peur, la colère, le ressentiment, la haine et l’envie. Qui aurait envie de vivre ainsi ?
Pensons aux déportés de Babylone. Ils avaient toutes les raisons de se lamenter sur leur sort, de s’apitoyer sur eux-mêmes, de douter de la force de Dieu à les sortir de cet exil.
Quand nous sommes comme eux, aux prises avec des circonstances très difficiles, voire angoissantes, par rapport à notre avenir, souvenons-nous de ce que Dieu leur conseille de faire : « Vivez comme si vous n’étiez pas déportés. Car même si vous ne le voyez pas, même si vous trouvez que c’est long, je m’occupe de vous ; votre avenir est entre mes mains, car votre avenir m’appartient. »
Frères et sœurs, ayons foi dans le plan de Dieu pour chacun d’entre nous. Notre présent et notre avenir lui appartiennent. Gravons cette promesse dans notre esprit : « Je connais, moi, les projets que je forme à ton sujet ; des projets de paix et non de malheur, afin de te donner un avenir fait d’espérance. »
Emparons-nous de cette promesse en en faisant une affirmation adressée au Seigneur : « Je sais et je crois que tu formes des projets de paix à mon sujet. Je refuse d’avoir peur de l’avenir. Je sais et je crois que tu me donnes un avenir fait d’espérance, parce que j’ai confiance en tes promesses. »