Qui sommes-nous ?

HISTOIRE DE L’ÉGLISE RÉFORMÉE ÉVANGÉLIQUE
DE THIERS-LES SARRAIX

Les débuts de la Réforme en Auvergne

   C’est en 1540 que la Réforme arrive en Auvergne. Une première église y est fondée à Issoire, puis une autre à Clermont-Ferrand, en 1546. Les idées de la Réforme rencontrent de vives oppositions : une personne est brûlée pour « hérésie », à Issoire en 1547 ; une autre à Clermont-Ferrand, en 1561, pour « endoctrinement des enfants ». Malgré cela, des communautés protestantes commencent à s’organiser dans la région, et notamment à Thiers.
La révocation de l’Édit de Nantes (1685) par Louis XIV met un frein à l’expansion des idées de la Réforme. Le 22 octobre de la même année, le temple de Maringues est détruit sur ordonnance royale.
Un siècle et demi plus tard, en décembre 1839, une communauté protestante, qui s’est rapidement rattachée au méthodisme, est en voie de formation à Thiers, avec pour vocation, le soin des pauvres. Cette communauté compte alors une soixantaine de membres, tous issus de la classe ouvrière. La plupart travaillent à la fabrication de couteaux.

La nécessité d’un pasteur et d’un temple

   Sans pasteur, la communauté protestante se trouve bientôt confrontée au problème de l’épuisement spirituel et physique des bonnes volontés qui animent les activités paroissiales. Dans une lettre de janvier 1853, le Conseil réclame la venue d’un pasteur pour se « maintenir dans la vie spirituelle et préserver le troupeau des doctrines étrangères ».
Trois mois plus tard, le Conseil aborde le problème du lieu de culte et de l’école. Les réunions se déroulaient dans une maison de la rue de Lyon. Le bail n’étant pas renouvelé en avril 1853, la communauté dû trouver une autre maison.
Les difficultés et les refus rencontrées pour louer un local adapté aux activités cultuelles et à l’école qu’ils ont créée, décident les membres du Conseil à envisager de construire un lieu de culte. C’est le 21 mars 1853 que cette décision est prise à l’unanimité des membres du Conseil. Une souscription est lancée.
Malgré les oppositions du Maire de l’époque et les tracasseries administratives — le mur de soutènement du terrain est frappé d’alignement et devra être refait ; intervention  des opposants auprès du Procureur Impérial pour retarder l’ouverture du temple et son inauguration — l’autorisation est accordée, assortie de nombreuses contraintes.
Le temple de Thiers est inauguré le 9 juillet 1854.

Un âge d’or

   En novembre 1877, le pasteur Galland pouvait compter 150 personnes de Thiers, enfants compris ; 5 familles de St Rémy ; 3 personnes de Pont de Dore ; 3 personnes de Celles sur Durolle ; 1 famille de Ste Marguerite, et 4 personnes d’Escoutoux.
En 1882 la famille du sous-Préfet (6 personnes) rejoint la communauté, et l’école du dimanche compte 41 enfants (23 filles et 18 garçons).
L’école qui se tenait au premier étage du bâtiment, représentait une activité importante de l’église. Y étaient admis les enfants du quartier.
Dans les années 1912-1914, l’église organisa un patronage populaire.
Peu après la fin de la première guerre mondiale, Jean Déglon crée une section de Croix bleue dans l’église. À son arrivée à Thiers, en 1952, Paul Lechevalier poursuivit les activités de la Croix bleue qui se réunissait dans la salle annexe du temple. C’est dans cette salle que lui fut remis la légion d’honneur par le Sous-Préfet de l’époque.

Fusion de Thiers et Les Sarraix

   En 1933, la petite communauté protestante des Sarraix, fondée en 1902, se rattache à l’église méthodiste de Thiers, tout en restant une association cultuelle distincte. 
C’est en 1940 que les églises protestantes de Thiers et des Sarraix décidèrent de se rattacher à l’Église Réformée de France. Depuis cette date, l’église des Sarraix a été régulièrement desservie par les pasteurs de Thiers. La plupart d’entre eux faisaient partie du courant « évangélique » qui a toujours existé dans l’Église Réformée. À ce propos, nous pensons que notre longue affiliation à l’église Méthodiste, jusqu’en 1940, nous a servi de garde-fou contre la dérive libérale de l’Église Réformée de France.
En 1979, les deux églises procédèrent à une fusion qui s’est traduite par la fondation d’une nouvelle association cultuelle : l’Église Réformée de Thiers-Les Sarraix.
Dans les années 1950, durant les vacances scolaires de Pâques, des camps bibliques furent organisés, avec l’église de Roanne, dans une propriété en pleine nature, au lieu-dit Les Estivaux.  C’est à l’occasion de ces camps que beaucoup de jeunes se convertirent et acceptèrent Jésus comme Sauveur et Seigneur de leur vie. Ces rencontres cessèrent avec la vente de la propriété. 
En 1974, l’église s’est mobilisée pour organiser l’opération évangélisation avec Billy Graham. Pendant une semaine, la salle du cinéma, où étaient transmises les images de Bercy, fut comble tous les soirs. 

L’Église de Thiers en août 2018

   Étrange impression d’évoquer un passé qui ressemble à un âge d’or par rapport à la situation actuelle !
Que sont devenus les jeunes couples qui venaient aux cultes avec leurs enfants ? 
Peut-on s’habituer à des fêtes de Noël sans enfants ? 
L’école biblique et le catéchisme ne sont que de lointains souvenirs ! 
Aux cultes dominicaux, les jeunes se comptent sur les doigts d’une demi-main ! 
Les bancs du temple se couvrent progressivement de coussins épais pour ménager les dos fragilisés de membres ayant atteint, depuis longtemps, l’âge de raison ! 
La liste électorale ne compte que 47 inscrits, dont plusieurs se contentent d’être « inscrits » !

Seigneur, que se passe-t-il ? Pourquoi en sommes-sommes-nous arrivés là ?

Pourtant, les cultes ont eu lieu tous les dimanches !
Pourtant, le groupe de prière s’est réunit chaque mercredi depuis tant d’années !
Pourtant, les gens se visitent, essaient de prendre soin les uns des autres, prient les uns pour les autres !
Pourtant, une action d’évangélisation a eu lieu avec 3 parcours Alpha successifs !
Pourtant, il y a aussi les actions individuelles des uns et des autres !
Malgré cela, l’assemblée s’éclaircit encore d’année en année !

Coup de tonnerre à Sète

   En mai 2015, la décision du synode national de l’EPUdF, réuni à Sète, autorisant la bénédiction des couples de même sexe, a été un tsunami pour la communauté de Thiers-Les Sarraix. Très rapidement, il est devenu évident, pour la majorité des membres, que nous ne nous sentirions plus en communion avec une église qui vote un texte en contradiction profonde avec l’Écriture. Après avoir rejeté l’idée de rejoindre les Attestants, le Conseil presbytéral a convoqué une assemblée générale extraordinaire, le dimanche 4 octobre 2015, qui devait voter pour savoir si l’église de Thiers-Les Sarraix voulait quitter l’EPUdF ou y rester.
Cette A.G. extraordinaire s’est déroulée en présence de Laurent Schlumberger, président du Conseil national de l’EPUdF, de Franck Honneger, président de la Région CAR, et de Jean-Daniel Roque, conseiller juridique.
La tension était palpable au cours des différentes interventions qui ont précédé le vote.
Majorité requise : 27 voix.
30 voix se sont prononcées pour sortir de l’EPUdF
15 voix se sont prononcées pour rester dans l’EPUdF
Il y a eu 1 bulletin nul.

Effet immédiat : le 4 octobre 2015, l’église de Thiers-Les Sarraix n’était plus membre de l’EPUdF.

   Comme il n’était pas question de devenir une église indépendante, nous avons rapidement contacté l’UNEPREF pour solliciter notre rattachement à cette union d’églises. Une demande a été faite dans ce sens au cours du synode de l’UNEPREF des 6 et 7 mai 2016.
Les 3 années de probation, en tant qu’église associée, se terminent bientôt. Nous attendons la décision du synode du 31 mai 2019 qui doit se prononcer sur notre  demande d’affiliation.

La nouvelle situation

   On ne quitte pas une église avec gaité de cœur lorsqu’on a cheminé 78 ans avec elle.  Tous les membres ont été très contrariés, mais deux seulement ont quitté notre communauté. Rapidement, la sérénité est revenue. 

Restait une question récurrente à laquelle il fallait apporter une réponse : pourquoi notre Église déclinait-elle d’année en année ?

   La réponse a émergé progressivement jusqu’à devenir une évidence : nous n’avons pas pris au sérieux l’exhortation de Jésus adressée à ses disciples en Mt 28,18-20 : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous prescris. Et voici : je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
Alors, l’église s’est mise en prière. Réduite à peau de chagrin, elle n’a pas pris son parti d’aller progressivement vers sa fin. Beaucoup ont compris qu’il fallait prendre un chemin nouveau, un chemin d’obéissance par rapport à l’évangélisation et au témoignage que les chrétiens, donc l’église, doivent avoir dans ce monde. Le maître mot est devenu : évangélisation.

   Au bout d’une année où, au début de chaque culte, nous avons demandé au Seigneur de nous motiver et de nous conduire sur le chemin de l’évangélisation, le Seigneur a répondu concrètement : Il nous a envoyé Denis Schneller et sa famille.
Jamais nous n’aurions pu imaginer recevoir un ministère parmi nous, faute de pouvoir contribuer aux frais que cela engendre. Nous avions même envisagé de vendre le presbytère !

L’église de Thiers depuis septembre 2018

   Notre église n’avait pas spécialement besoin d’un pasteur. Elle a, hélas, été si souvent sans pasteur qu’elle a appris à s’en passer. Par contre, elle avait un urgent besoin d’un évangéliste. Denis est arrivé ! MERCI, SEIGNEUR !
Denis et Héloïse ont emménagé fin août 2018 avec leurs deux filles, Anaëlle et Naomi.    
Depuis, la moyenne d’âge a considérablement baissé, et la salle qui, jadis, servait à l’école biblique est de nouveau animée, chaque dimanche, pour des activités ludiques et spirituelles à la fois, auxquelles participent deux blondinettes qui n’ont pas leur langue dans leur poche.
Et le 15 décembre, pour la première fois depuis des lustres, notre église, à laquelle se sont associées l’église Évangélique et l’église Catholique, a pu témoigner publiquement de sa foi, en organisant une animation de quartier, avec orchestre, chants de Noël, contes et dégustation de boissons chaudes et biscuits faits maison. Ce fut une fête glacée (- 6°C), mais joyeuse ; à double titre, puisque c’est aussi le jour où Josias Schneller (l’Éternel guérit) est venu au monde.
D’autres projets d’animations publiques sont envisagées aux beaux jours, toujours en collaboration avec les deux autres églises chrétiennes de Thiers.

Un nouveau départ

   Nous ne pouvons pas ne pas voir que le Seigneur nous conduits sur un chemin nouveau.  La pente s’est inversée, et nous Lui en sommes reconnaissants.
À nous d’être fidèles, obéissants, persévérants à l’écoute du Saint-Esprit, nous laissant conduire là où il veut, pour faire SA volonté, à l’image de Jésus lui-même qui nous dit : « Le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père » (Jn 5,19). 

Remerciements :  
Pour la partie historique, les sources d’information sont inspirées des contributions d’Olivier Mélesville, pour Thiers ; et de Marc Paslier pour les Sarraix.


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            HISTOIRE DE L’EGLISE PROTESTANTE
DES SARRAIX

A l’occasion du 150e anniversaire de l’église Réformée de Thiers commémoré le jour de l’ascension 2004, nous avons tenté de retracer l’histoire de l’église Evangélique des Sarraix.

Cette Communauté chrétienne a été fondée en 1902 dans le cadre de l’Union des Associations des Eglises Evangéliques Libres de France. Après une période de fonctionnement autonome d’une trentaine d’années,  ses membres ont décidé, en 1933, son rattachement à l’église Méthodiste de Thiers, tout en conservant son indépendance juridique et en restant une association cultuelle distincte. Les églises protestantes de Thiers et des Sarraix décidèrent en 1940 de se rattacher à l’Union Nationale des Associations Paroissiales de l’Eglise Réformée de France. Enfin, en 1979, les deux églises procédèrent à une fusion qui s’est traduite par la fondation d’une nouvelle association cultuelle : l’Eglise Réformée Thiers-Les Sarraix.

Tous les paroissiens ont été invités à remettre au Pasteur de l’église de Thiers-Les Sarraix, tous documents et archives en leur possession, relatifs à la vie des deux communautés.

Cet historique a été réalisé à partir de toutes les archives disponibles retrouvées et de notes d’informations rédigées  par Georges Arnéra, Pasteur de l’église de Thiers, de 1950 à 1956 et de 1975 à 1991, et par un des anciens membres de l’église des Sarraix, Jean Dauphant décédé en 1980.

Hormis les actes juridiques, les archives officielles retrouvées sont postérieures à 1922 et nous n’avons disposé que de peu d’éléments pour la période qui précède cette date. Nous avons réalisé une synthèse à partir de tous les documents disponibles.

Pourquoi et comment à la fin du 19ième siècle, une communauté protestante évangélique a vu le jour aux Sarraix, dans un petit village auvergnat de la montagne thiernoise situé dans une région éminemment catholique ?Pourquoi des hommes et des femmes accueillirent favorablement le message réformateur et décidèrent de changer leur manière de vivre leur foi et de fonder une nouvelle église ?
Pour répondre à ces questions  et bien comprendre ce qui s’est passé, il est important d’abord de rappeler, la démarche d’évangélisation qui a précédé la fondation de la communauté chrétienne  des Sarraix et qui s’est déroulée sur plusieurs années.                       
Nous devons nous rappeler en effet, que l’Eglise Catholique Romaine était à cette époque encore figée dansses traditions, ses coutumes, ses rites, ses exigences, ses pesanteurs, ses discours et ses positions quelque peu rigides.

Cette situation était favorable à une renaissance spirituelle et à une redécouverte de la foi chrétienne basée sur l’autorité souveraine des Saintes Ecritures.

Comme beaucoup d’églises, l’église des Sarraix est née de l’évangélisation. En effet, Dieu a confié une mission d’évangélisation à ses disciples.

Dans l’Ecriture Sainte, l’évangéliste Matthieu nous rapporte que Jésus, après sa résurrection, avant d’être enlevé au ciel, a réuni ses disciples et leur a donné un ordre précis, en leur confiant la mission d’évangéliser le monde, et de proclamer la Bonne Nouvelle du Christ à toute créature.
« Faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du St Esprit et enseignez leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. »  (Matthieu 28 : 19 et 20)

Jésus a demandé à ses disciples d’être des témoins du Christ. 
– L’évangéliste Luc, dans le livre des Actes, précise la mission confiée par Jésus à ses disciples, avant son départ :
« Vous recevrez une puissance, le Saint Esprit, survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Actes 1 : 8) 

– L’évangéliste Matthieu rapporte des paroles de Jésus prononcées après le sermon sur la montagne, affirmant que les chrétiens convertis sont appelés à être : « le sel de la terre et la lumière du monde » (chap. 5 :13)  
et qu’ils ont à témoigner par leur vie et leurs paroles, de  « …cette lumière devant les hommes afin qu’ils voient leurs bonnes oeuvres et qu’ils glorifient  le Père qui est dans les cieux ».

 Rappelons cette Bonne Nouvelle que Jésus nous demande d’annoncer autour de nous.
La Bible affirme que, sans Christ, sans Dieu, l’homme est un être perdu qui a besoin d’un Sauveur.
La Parole de Dieu contient des promesses de salut et de vie éternelle à quiconque manifeste sa foi en Jésus-Christ.
Plusieurs versets du Nouveau Testament  résument et confirment ces promesses.
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. »                                              (Jean 3 : 16) 
« Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. »                       (Actes 16 : 31)                                                                                                                                   

L’Ecriture Sainte affirme que le salut ne s’acquiert pas par des mérites mais qu’il est offert gratuitement en Jésus-Christ.
C’est ce qu’affirme l’apôtre Paul dans l’épitre aux Ephésiens (ch. 2 v. 8)  » Vous êtes sauvés par grâce, par le moyen de la foi, cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. »
En résumé, l’Ecriture Sainte nous rappelle que Dieu demande à chaque chrétien de faire connaître l’Amour de Dieu, et le salut en Jésus-Christ, mort pour les péchés des hommes, ressuscité et vivant pour l’éternité, afin de recevoir le pardon, la paix du cœur et la vie éternelle.                                                                                        
Les chrétiens ont à transmettre ce message évangélique de génération en génération, jusqu’au retour glorieux de Jésus-Christ.
Une grande responsabilité certes, mais aussi et surtout un appel fort et pressant et un ordre de marche pour aller au devant des autres pour annoncer le Christ. 
Et c’est ce message d’amour, de salut et d’espérance, que des évangélistes, guidés par le Saint Esprit, ont eu à cœur d’annoncer avec force, conviction, persévérance et courage, aux habitants du village des Sarraix, à la fin du XIXe siècle, qui a été à l’origine de la fondation de la communauté protestante.
Le message de la Bonne Nouvelle est contenu dans la Bible. Dieu parle et se révelle aux hommes à travers les Livres Saints. L’apôtre Paul l’atteste dans la 2e Epître à Thimothée  (ch. 3 v. 16-17) : « Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre. »
Le prophète Esaïe nous rapporte que, lorsque la Parole de Dieu est annoncée elle ne retourne pas à Dieu sans effet : « Comme la pluie et la neige descendent des cieux, et n’y retournent pas sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche : elle ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins. » (Es. 55 : 10-11)
L’apôtre Paul le confirme dans l’Epître aux Romains : «  Ainsi la foi vient de ce l’on entend, et ce qu’on entend vient de la Parole de Christ. »  (ch. 10, v. 17)
L’Ecriture nous montre que lorsque l’Evangile est prêché, entendu et reçu, par la puissance du Saint Esprit cela se traduit toujours par des conversions et le besoin de fonder une communauté chrétiennepour exprimer et vivre la foi avec d’autres chrétiens, afin que la relation avec Dieu puisse grandir et s’affermir dans la communion fraternelle. 
C’est principalement dans une communauté que les chrétiens peuvent être nourris, guidés, encouragés et soutenus pour progresser, tenir bon malgré les difficultés et les épreuves de la vie quotidienne et aller témoigner de leur foi.
L’évangéliste Luc nous rapporte que dans l’église primitive : « Les premiers chrétiens persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. » « …Ils étaient assidus au Temple » … et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’église ceux qui étaient sauvés ». (Actes 2 : 47)
Pour en revenir à l’église des Sarraix, nous avons l’assurance que, c’est grâce à des évangélistes pionniers qui ont eu le désir et lavolonté  d’annoncer l’Evangile de Jésus-Christ avec détermination, et grâce à la foiet à l’enthousiasme des nouveaux convertis, que fût fondée une église protestante.

Le début de l’évangélisation du village des Sarraix remonte à 1890, il y a près de 115 ans.

L’activité principale du village des Sarraix étant constituée principalement par l’artisanat de la forge et un peu de culture. Mr Jean Dauphant souligne dans sa note de souvenirs : ‘’Aux Sarraix, peu de cultivateurs, mais essentiellement des ouvriers forgerons. Tous les hommes valides étaient forgerons. Ils étaient 52 forgerons dans le village travaillant dans des conditions déplorables, dans des boutiques sales, sans aucun confort, avec un temps de travail de 10 à 12 H. par jour au prix  de 2 F. par journée. Ils vivaient chichement et ne pouvaient pas améliorer leurs maisons qui tombaient en ruine. Ils n’avaient ni aucune subvention, ni aucun secours ‘’. 
C’est dans cet environnement économique, dans une zone rurale de semi-montagne, qu’en 1890, à la fin du 19e siècle, un colporteur évangélique de la Hte Loire, Mr Verron, d’un zèle à toute épreuve, a commencé à visiter le village des Sarraix, et à faire connaître la Bonne Nouvelle en distribuant des livres religieux, des traités, des  almanachs, des Bibles et des Nouveaux Testaments. Il passait régulièrement dans le village. Il y reçut un accueil très chaleureux et sympathique de la population, en particulier de la part des artisans forgerons qui travaillaient dans leur atelier, fenêtre ouverte, forgeant des lames de couteaux.
Mr Verron pouvait en toute liberté et avec facilité, s’arrêter devant les forges familiales travaillant pour la coutellerie, les visiter et leur présenter l’Evangile à l’aide de toute la littérature religieuse qu’il distribuait. Ces visites allaient être le point de départ d’un mouvement spirituel profond dans le village et ses environs.
Il y avait aux Sarraix une véritable soif de vérité, de connaissance de la Bible, et un grand besoin d’une expression spirituelle nouvelle.
Ecoutons Jean Dauphant évoquer cette époque : « Ces livres et ces brochures faisaient ressortir les erreurs de l’Eglise Catholique Romaine, intriguaient fortement les gens, et il se forma des groupes d’ouvriers et d’artisans, pour des discussions souvent passionnées, où l’accord ne régnait pas toujours… »                                                                                         La première réunion publique eut lieu en 1896 dans la salle d’auberge  Dosjoub. Au cours de cette réunion, les évangélistes Mandon, Wälti et Bercier, parlèrent avec force et conviction de l’Evangile de Jésus-Christ, devant un parterre d’auditeurs, attentifs et intéressés.
Ecoutons Jean Dauphant rapportant les faits avec humour : « Pour parvenir à cette salle, on devait passer par un étroit passage près du four à cuire le pain de ménage et il fallait marcher en tâtonnant. La salle était remplie de monde. Beaucoup de gens étaient venus là en mangeant leur bol de soupe. Le premier cantique chanté fût le suivant : ‘’ Une Bonne Nouvelle descend des cieux, pécheur, Jésus t’appelle, lève les yeux…’’
Ce chant fût suivi d’une prédication. »
«  J’avais 7 ans. Lors de la première prière, je me souviens qu’un évangéliste reçut une casquette lancée par un auditeur à la tête du prédicateur – mais c’était sans méchanceté, juste pour s’amuser. Malgré cet incident, la réunion se termina par une invitation aux pasteurs à revenir, pour tenir de nouvelles réunions. » 
Cette première réunion fût particulièrement positive. Elle fût le départ d’une importante œuvre d’évangélisation aux Sarraix. Devant l’intérêt réel manifesté par les habitants du village pour la Parole de Dieu, Mr Verron suggéra à Mr Samuel Delattre, Pasteur de l’église Libre de Roanne, par l’intermédiaire de la Sté Evangélique de Genève, d’envoyer des évangélistes sur les Sarraix. 
Mr Delattre lança une grande action d’évangélisation  dans le Puy de Dôme, en  installant des évangélistes dans les petits villages de la plaine et de la montagne, à Beauregard l’Evêque, à Orléat et aux Sarraix. Il fût alors décidé d’organiser des réunions d’évangélisation régulièrement dans des salles d’auberge des Sarraix et des villages voisins.
Les évangélistes Mandon, Wälti et Bercier vinrent alors aux Sarraix régulièrement pour annoncer l’Evangile. Tous les hameaux et villages étaient visités et évangélisés ; des salles de réunion étaient ouvertes. Les visites et les réunions suscitaient un très grand intérêt. C’était une époque d’anticléricalisme, marquant une certaine hostilité au clergé, et le nouveau message évangélique était accueilli favorablement par la population.
Ce fût en quelque sorte l’âge d’or de l’évangélisation de toute la région. Le Saint Esprit était à l’œuvre dans le cœur des habitants des Sarraix qui souhaitaient vivement aller plus loin dans la découverte de l’Evangile.D’après Jean Dauphant : « Le réveil était lancé, une quinzaine de familles des Sarraix et du village voisin  Larmentier abandonnèrent le Catholicisme pour se tourner vers l’Evangile. »
En 1923, à l’occasion du 20e anniversaire de la construction du temple, les souvenirs de l’évangélisation des Sarraix étaient encore très vivants dans l’esprit et le cœur des premiers évangélistes. Dans un courrier adressé de Lausanne, le 24 Oct. 1923 à la Communauté des Sarraix, Mr. Eric Bercier écrivait : « Quel intérêt et quel sérieux chez bien des auditeurs. Il y avait du contact. Une œuvre se faisait dans les cœurs. On nous suppliait de revenir.  Et nous revenions fréquemment passer quelques jours, toujours plus persuadés que Dieu voulait faire quelque chose aux Sarraix. »
La même année le 11 0ctobre, Mr. Jean Wälti responsable de la Mission Evangélique Belge, invité au 20ième anniversaire de l’église des Sarraix , écrivait : « J’ai eu le privilège d’être le premier avec mon cher ami Mandon à apporter la Bonne Parole de Dieu. Je pense et je prie très souvent pour les Sarraix auquel mon cœur reste profondément attaché. Je n’ai jamais eu nulle part, autant de joie, parce que nulle part je n’ai été accueilli comme je l’ai été aux Sarraix ! » 
Mr Mandon écrivait également dans un courrier du 16 Octobre 1923 : «Quand il y a plus de 20 ans, accompagné d’un bien cher ami Mr Wälti, je donnais la première réunion d’évangélisation dans votre localité, ce fût pour moi une grande bénédiction de constater que vos coeurs s’ouvraient à l’annonce du grand message du salut. » … «  Rappelle-toi, Eglise des Sarraix, que tu as été enfantée à la vie nouvelle de l’Esprit, dans la simplicité, la vérité et la liberté de l’Evangile du Salut. »

Revenons à la fin du XIXe siècle. Voyant un mouvement spirituel fort se dessiner, les évangélistes Bercier et Mandon, vinrent s’installer sur place aux Sarraix, pendant quelque temps. Pendant les années qui suivirent, de nombreuses réunions furent organisées, présidées par des évangélistes et pasteurs : Mr Jourdan d’Orléat, Mr De Perrot de  Clermont. Mr Verron vint s’installer dans le village de Chailas. 
La population des Sarraix était réunie régulièrement pour écouter “des conférences religieuses’’ à l’heure de la soupe, dans les auberges ou dans les familles.
D’après les notes de Jean Dauphant, le village fût en émoi. En effet, les uns restaient attachés au Catholicisme, d’autres étaient attirés par l’Evangile. Très vite, il y eu une division au sein de la population du village.
Jean Dauphant signale dans sa note : « Les protestants, et les sympathisants étaient mis à l’écart par les catholiques et considérés comme des hérétiques. »

« Le curé de Celles s /Durolle défendait à ses paroissiens d’aller écouter les prédications évangéliques. Mais l’élan était donné et après quelques mois de campagne évangélique,  ce fût la rupture avec le catholicisme romain. »
« Une quinzaine de familles se sont prononcées favorablement tant aux Sarraix qu’à Larmentier, dont mon père, ce qui me permettait ainsi qu’à ma sœur de suivre les réunions. »
« C’était tellement acharné que des menaces de mort étaient murmurées contre les serviteurs de Dieu, en particulier contre Mr Bercier qui dût  partir. Lors de son départ, pour aller prendre le train à la gare de Celles, la nuit, pour éviter tout incident, une quinzaine d’hommes l’accompagnèrent. Et fait extraordinaire en arrivant à l’Alizier, une clarté lumineuse apparut  dans le ciel. Il paraît que ce fût très émouvant et Mr Bercier pria le Seigneur pour qu’Il garde cette Eglise naissante. »
« Voyant la persévérance de mon père dans la foi chrétienne, toute la famille du côté maternel, qui était catholique très pratiquante, devint distante avec lui. Mais peu à peu, en voyant sa conduite, la famille revint à de meilleurs sentiments. »
Après quelques années d’évangélisation dans les auberges du village des Sarraix et des villages voisins, il fût alors décidé de fonder une association cultuelle et de construire une chapelle.
L’église Chrétienne Evangélique des Sarraix fût fondée le 6 Juillet 1902 par six personnes confessant leur Sauveur par le baptême par immersion le même jour :  MM. Claude Cotte, Jean Dosjoub, René Goutay, Mme Dosjoub-Chabrol et  Mlles Marguerite Goutay et Irma Dosjoub.
La construction de la chapelle fût réalisée dans les années 1902-1903 avec le concours actif de Mr Verron, de Mr Maimbourg, de Mr Guillaume et des fidèles des Sarraix, sur le modèle du temple d’Orléat.
La chapelle qui témoigne de la foi chrétienne protestante dans le village des Sarraix, fût construite sur une parcelle de terrain de 2 ares 5 centiares, appelée “La Croix”,  nom prédestiné, acquise le 1er Avril 1885 par Mr Auguste Fédit et cédée à  Mr Oscar Guillaume le 13 Juillet 1903.
Le 7 Décembre 1906 Mr Oscar Guillaume, céda le terrain et la chapelle édifiée sur le terrain à ‘’ L’Union d’Associations des Eglises Evangéliques Libres de France ’’. Suivant acte reçu par Me Brillouin, notaire à Ste Foy La Grande (en Gironde).
Dès que le temple fût construit, les activités de l’église furent mises en place : culte dominical, école du Dimanche, études bibliques. Des baptêmes et des mariages furent célébrés dans le temple. En quelques années, de 1902 à 1907, l’église connut un développement relativement important. Une trentaine de membres furent admis dans la communauté et baptisés par immersion.
Jean Dauphant écrit dans sa note :                                                                        « Etant donné le nombre insignifiant de distractions existant à cette époque dans ce petit village, le temple se remplissait souvent et on chantait de merveilleux cantiques. C’est au temple que s’est tenu le 1ier arbre de Noël de l’arrondissement. C’était une habitude suisse. » « Il y eu alors une école du Dimanche, et c’est là que les enfants et les jeunes reçurent une instruction religieuse et furent conduits à l’Evangile. » 
Plusieurs pasteurs se succédèrent à la tête de la communauté des Sarraix pendant des périodes  plus ou moins longues : Mr Audetat, qui partit ensuite en mission au Vietnam. Mr Dupuis, Mr Guillaume puis Mr Maimbourg dont l’épouse était Officière de  l’Armée du Salut et qui quitta les Sarraix  en 1908 pour aller diriger les asiles John Bost à Laforce. Mr Leuba missionnaire en Angola lui succéda avant de partir pasteur en Hte Vienne.
Dès 1911, la communauté se trouva sans pasteur.
1914 – La guerre – Les hommes valides durent partir au front.
Les anciens de l’église continuèrent à tour de rôle, à assurer les cultes, l’école du Dimanche, faisant appel à de nombreux amis chrétiens et des évangélistes de la région ou de l’extérieur pour les soutenir et les aider.
Malgré ce handicap, contrairement à de nombreuses petites églises évangéliques, nées au cours du début du 20e siècle qui disparurent les unes après les autres, l’église des Sarraix continua à exister.
Jean Dauphant souligne dans ses souvenirs qu’elle fût alors visitée par des évangélistes prédicateurs protestants de toutes tendances : «Frères larges, frères étroits, salutistes, méthodistes, baptistes, pentecôtistes, adventistes, darbystes…..»
Ecoutons le pasteur Georges Arnéra nous faire part de son point de vue sur l’influence et l’effet de ces courants divers : « On peut se demander si ce n’est pas cette diversité qui a finalement fortifié la foi : bien des églises nouvellement nées, au siècle passé, eurent de la peine à passer de l’anticatholicisme à une foi réellement évangélique. Devenir ‘’protestant est une chose ; recevoir l’évangile et en vivre en est une autre’’. Or, ce qu’avaient de commun tous ces prédicateurs évangéliques, c’était l’appel à la repentance et à la conversion, c’était la nécessité d’appartenir à Jésus-Christ avant d’appartenir à une église, c’était la vie renouvelée par la présence de l’Esprit-Saint. Cette jeune église, visitée et enseignée par des messages et des doctrines dissemblables, a été obligée ‘’d’examiner toutes choses et de retenir ce qui est bon’’. Car ne parlons pas ici de pluralisme : ces prédicateurs étaient d’accord sur l’essentiel et ne se séparaient que sur des points de doctrine secondaires. L’église des Sarraix n’a sans doute survécu que dans la mesure où, à chaque génération, plusieurs se sont convertis de tout leur cœur à l’Evangile. »                                                                                                          
Ensuite vers 1915, le pasteur Samuel Delattre vint s’installer aux Sarraix avec son gendre Mr Bonnet ancien missionnaire en Indochine. Il quitta le village quelques années après.
Puis vers 1920, Mr Jean Déglon créa une coutellerie aux Sarraix et participa très activement pendant plusieurs années à la vie et l’activité de l’église, avant de partir à Thiers en 1923. Mr Déglon était issu du courant des “Frères larges”.
A partir de 1921, Jean Rochat, évangéliste colporteur biblique pour une mission suisse “l’Action Biblique’’ fût engagé pour travailler au colportage et à l’évangélisation des villages voisins.
Quelques mois plus tard, il vint s’installer définitivement aux Sarraix, y travailler, se maria avec une paroissienne et continua à exercer un rôle important dans l’église comme trésorier, prédicateur,  jusqu’à son départ pour Tournon en 1930.
L’église allait recevoir régulièrement de nombreux visiteurs prédicateurs, pour des réunions d’édification, d’exhortation et d’évangélisation en particulier : MM. Widmer, Crétigny, Giraudet, Zinder, Stocker,  et Valentin.
Des missionnaires suisses vinrent visiter la communauté régulièrement chaque année.
Pour exercer son activité dans de meilleures conditions, l’église allait effectuer des démarches pour engager un pasteur à demeure, disponible à plein temps pour prendre en charge la vie de la paroisse.
En 1922, au Synode des Eglises Libres à St Etienne, par l’intermédiaire de 
Mr Maimbourg, un pasteur fût rencontré par deux anciens de l’église pour le poste des Sarraix. L’église ne donna pas suite.
Dans le même temps, un problème important se posa à l’église concernant le recrutement d’un pasteur.
Après avoir connu des difficultés dues aux nombreux courants et doctrines auxquels l’église avait été confrontée pendant plusieurs années, le Conseil de l’église souhaitait que «le pasteur ne soit pas un pasteur “libéral’’ mais un pasteur qui se rattache à la foi évangélique ».
En effet, un courant de libéralisme commençait à souffler sur les églises protestantes françaises et le Conseil pensait qu’il pourrait constituer un danger pour l’avenir de l’église.
L’église des Sarraix décida à l’unanimité, de procéder en Mars 1922 à une révision de ses statuts. Les nouveaux statuts  précisaient les nouvelles conditions d’admission des membres dans l’église.
Sans référence à une déclaration de foi particulière, les nouveaux statuts exigeaient :
« Pour être membre de l’association il faut en faire la demande au Conseil.
– Il faut être converti au Seigneur Jésus, et reconnaître, croire et confesser :
– l’existence et la puissance éternelle de Dieu, créateur des cieux et de la terre et de toutes choses qui y existent.
– la divine et intégrale inspiration des Saintes Ecritures.
– le Seigneur Jésus-Christ, qui par sa mort sur la croix et sa résurrection d’entre les morts, est devenu l’auteur du salut éternel.
– l’action réelle et efficace du Saint Esprit au milieu de l’église pour sa sanctification. »
« Le Conseil doit veiller à ce que l’Association ne dévie pas de son but spirituel 
Les nouveaux statuts de l’association furent déposés à la Sous Préfecture de Thiers le 04 Janvier 1923.
Les 27, 28 et 29 Octobre 1923, l’église organisa une grande fête à l’occasion du 20e  anniversaire de la construction du temple. Tous les anciens serviteurs de l’église, les semeurs de la première heure, passés aux Sarraix ont été invités  à se joindre à la communauté : MM. Delattre, Guillaume, Maimbourg, Bercier, De Perrot, Mandon, Wälti et Leuba.
L’église n’ayant pas les moyens financiers pour prendre à sa charge les frais de déplacement, peu de serviteurs purent  venir participer à cet événement.
Nous avons évoqué précédemment les souvenirs de MM. Bercier, Mandon et Wälti, concernant leurs premières réunions aux Sarraix.
Ces journées furent un très fort encouragement pour l’église, après quelques années de traversée de déserts arides.
Le secrétaire du Conseil  de l’époque s’exprimait comme suit : « Pendant ces journées de rafraîchissement, nous avons puisé tous de nouvelles forces pour continuer la course et la lutte et nous avons pu remercier Dieu pour tous les bienfaits dont Il nous a comblés jusqu’à ce jour et nous nous sommes consacrés tout à nouveau à son service. »                                                    
Une nouvelle consécration, un nouveau départ, un nouvel enthousiasme pour continuer dans la voie tracée par les anciens.                                                                          
Les anciens de l’église vont continuer à participer fidèlement et activement à la marche de l’église et assurer les cultes, les études bibliques. De nouveaux membres étaient admis chaque année, lors de chaque Assemblée Générale.
L’église allait connaître encore des hauts et des bas, des périodes plus ou moins difficiles, mais l’essentiel, c’est que, grâce à l’action du Saint Esprit, l’Evangile ait continué à être annoncé aux Sarraix.
En 1927, le pasteur Guillaume revint aux Sarraix. L’église lui confia un ministère d’évangéliste, avec le concours financier du “Comité des Eglises Evangéliques Baptistes de Langue Française’’.
En 1928, l’église des Sarraix dû s’affilier à la “Fédération des Eglises Baptistes de Langue Française’’.                                                                                                
Le 24 Février 1929, le Conseil décida de faire transférer les titres de propriété de la chapelle de “l’Union des Eglises Libres de France’’ à l’Association Cultuelle des Sarraix. (Acte reçu par Mr Gourc, notaire à Vabre dans le Tarn.)
En 1931, l’église reçut la visite d’un prédicateur pentecôtiste renommé, Mr Scott.
Laissons Mr Jean Dauphant dans ses souvenirs rappeler la visite de ce prédicateur : « Mr  Guillaume qui était revenu aux Sarraix avec des idées pentecôtistes a fait venir Mr Scott, prédicateur, éminent guérisseur par l’imposition des mains et distributeur du Saint Esprit. Le début fût éclatant. Des foules accouraient pour être guéries. Cela a fini par un fiasco complet. Mr Guillaume est parti à Lyon, Mr Fédit aussi. Ils ont ouvert chacun, une salle qui a été bientôt fermée.
L’église des Sarraix a été diminuée de 6 ou 7 familles. Voyant tout ce désordre, nous avons décidé de nous rattacher à l’église de Thiers et depuis ce moment nous avons été desservis par les pasteurs de Thiers. »
Le pasteur Guillaume quitta l’église fin Avril 1932.
Sous la présidence du pasteur de Thiers, Mr Ch.J. Charreyron, un accord d’union de l’église des Sarraix et de Thiers a été conclu le 5 janvier 1933 entre les Comités Directeur de Thiers et des Sarraix, sur les bases suivantes :
– L’Eglise de Thiers acceptait de donner sa collaboration aux Sarraix.
– L’Eglise des Sarraix acceptait la discipline pratiquée dans l’église méthodiste.
– L’Eglise des Sarraix participerait à l’effort financier.                        

– L’Eglise des Sarraix se réservait la liberté après entente avec le pasteur, de recevoir pour des réunions spéciales, tel ou tel prédicateur du dehors. Il serait fait attention toutefois qu’aucune influence ne vienne jeter le trouble dans l’église.
– L’Eglise des Sarraix se réservait encore la liberté de baptiser par immersion ceux de ses membres qui en manifesteraient le désir.
A compter d’Avril 1933, l’Eglise des Sarraix allait être desservie pendant quelques années par le pasteur de l’Eglise Méthodiste de Thiers, Mr Ch.J. Charreyron.
Nous avons déjà souligné que le protestantisme avait été traversé en France et en particulier aux Sarraix, par des sensibilités et doctrines diverses : évangéliques, méthodistes, baptistes, adventistes, pentecôtistes, réformées etc… 
Dans les années 1930, le protestantisme connût un mouvement d’une grande ampleur, dont l’objectif était de parvenir à une réunification de la plupart des églises qui étaient dans la droite ligne de la Réforme.
Si ces églises étaient séparées sur des points doctrinaux secondaires, un  réel consensus existait concernant l’autorité souveraine de l’Ecriture, le salut par Grâce reçu par la foi seule, la majesté de Jésus-Christ et la Seigneurie du Saint Esprit.
Leur amour pour la Vérité, leur désir de servir Dieu et le prochain, l’attachement à la foi transmise une foi pour toutes, et leur désir d’annoncer l’Evangile au plus grand nombre, constituaient des enracinements solides dans la Bible.
Un long processus allait commencer pour aboutir en 1938 à la formation de l’Eglise Réformée de France.
C’est alors que 16 églises évangéliques libres (sur 47), 7 églises méthodistes (sur 27) et 372 églises réformées évangéliques (sur 425) vinrent s’unir aux 180 associations cultuelles et églises réformées pour fonder l’Eglise Réformée de France.                     
Le 26 Mars 1939, une Assemblée Générale a été réunie à Thiers regroupant les membres des églises de Thiers et des Sarraix, pour se prononcer sur le rattachement de l’Eglise Méthodiste à l’Eglise Réformée de France.
La résolution de procéder à ce rattachement a été prise à une très forte majorité.
Le 20 Octobre 1940, le Synode de l’Eglise Méthodiste ayant demandé la dissolution de l’Union Nationale des Eglises Méthodistes de France, a autorisé le rattachement de l’Association Cultuelle à l’Eglise Réformée de France.
« L’Association mettait à sa base les principes énoncés dans la profession de foi de l’Eglise Méthodiste et dans la déclaration de foi de l’Eglise Réformée de 1938.
– Elle était en communion de foi avec les églises Evangéliques issues de la Réforme du 16ième siècle et du réveil religieux du 18ième siècle connu sous le nom de méthodisme.
– Elle se rattachait à l’Union Nationale des Associations Paroissiales de l’Eglise Réformée de France, et se conformait aux règlements, lois et usages de cette église.»                                    
Depuis cette date, l’Eglise des Sarraix a été desservie régulièrement par les pasteurs de Thiers : Fernand Rodet, (1938-46), R. Querouil (1946-49), Georges Arnéra (1950-56), 
Francis Meuret (1957-67), Jean Fisher (1968), Pierre Déaux (1969-73), Georges Arnéra (1975-91), Bernard Coviaux (1993-99) et Gérard Dugelet depuis 2000.
L’Eglise des Sarraix est restée une association cultuelle distincte jusqu’en 1979, date à laquelle elle a décidé de fusionner avec l’Eglise de Thiers, pour former l’Eglise Réformée de Thiers-Les Sarraix.
La fusion fût approuvée à Thiers à l’issue de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 10 Septembre 1978, et aux Sarraix à l’issue de l’Assemblée Générale Extraordinaire du 11 Mars 1979. L’association cultuelle des Sarraix fût dissoute, avec dévolution des biens à la nouvelle association constituée : l’Eglise Réformée de Thiers-Les Sarraix.
L’Eglise des Sarraix fêta le 75e anniversaire de la construction du temple le jour le l’Ascencion 1979, sur le thème : « Jésus est le même hier, aujourd’hui et éternellement. » (Héb.13 :8) avec la participation des pasteurs Georges Arnera et Daniel Poujol de la Ligue pour la Lecture de la Bible, et des groupes musicaux ‘’Cascade’’ et ‘’Promesse’’
Pour terminer, un autre élément de nature économique, qui a marqué la vie du village des Sarraix mérite d’être signalé : Les principaux membres responsables de la communauté protestante des Sarraix, dans les premières années de son existence, ont été des hommes très engagés dans la vie professionnelle,  entrepreneurs dans le domaine de la coutellerie, en particulier MM. Samuel Delattre, Gustave Fédit, Jean Déglon, Jean Dauphant. Leurs entreprises créèrent des emplois et permirent de fixer la population sur le village.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        Ecoutons le point de vue du pasteur Georges Arnéra sur ce sujet : « Dans bien d’autres cas, on a assisté à une émigration rapide et à une disparition de la petite communauté évangélique : tandis qu’aux Sarraix, l’implantation d’une usine a en quelque sorte fixé les familles converties. Du reste, à son arrivée aux Sarraix, l’évangéliste Samuel Delattre avait voulu, dès les premières années de cette église, implanter une usine de coutellerie, qui emploierait les convertis et éviterait leur départ vers la ville. Il espérait aussi, avec les bénéfices de l’affaire, poursuivre son œuvre d’évangélisation ailleurs en Auvergne. En fait, si sa coopérative de coutellerie n’a pas tenu bien longtemps, l’exemple avait été lancé. Mais cette fois-ci sur un plan privé. Et parmi les divers essais d’implantation d’usines, c’est finalement celle de Mr Jean Dauphant lui-même qui se développera, plus tard, avec cette usine de « La Sarraizienne », spécialisée dans la chaussure plastique. Un sociologue dirait que, sans cette usine, l’église protestante des Sarraix, aurait, elle aussi, disparu, ou qu’en tout cas elle ne serait pas ce qu’elle est. »

Depuis sa fondation, l’église des Sarraix a mis en place une grande rencontre annuelle d’évangélisation qui traditionnellement avait lieu le jour de l’Ascension. Cette journée animée par des évangélistes renommés, regroupait des membres des églises protestantes du Puy de Dôme, de l’Allier et de la Loire. La tradition s’est perpétuée et de nombreux hommes et femmes ont accepté le Seigneur Jésus-Christ à l’occasion de ces rencontres fraternelles. 

En conclusion, nous aimerions rappeler et souligner trois points marquants de l’histoire de l’église.
D’abord la fidélité des anciens, leur volonté, leur persévérance, leur confiance en Dieu ont été un facteur important pour son maintien.
Comme toutes les églises, l’église des Sarraix a connu des périodes bénies par Dieu, encourageantes, mais aussi des épreuves, des périodes de découragement, de trouble, de divergences et de conflits.
De nombreuses églises évangéliques ont disparu après quelques années d’existence. L’Eglise des Sarraix a résisté et s’est maintenue.
D’autre part, les Eglises des Sarraix et de Thiers, distantes de 12 Km, étaient trop proches l’une de l’autre pour ne pas collaborer sous la direction d’un même pasteur. Ce rattachement à Thiers a joué un très grand rôle dans la survie de l’église des Sarraix.
Enfin, le fait qu’un temple ait été construit aux Sarraix, un lieu de culte où les fidèles pouvaient se réunir, a été aussi très certainement déterminant et reste aujourd’hui encore un élément important.
La communauté protestante des Sarraix existerait-elle encore si les cultes avaient eu lieu dans une salle louée dans le village ? Vraisemblablement non. Mais les murs ne sont pas suffisants pour le maintien d’une église et ils ne jouent leur rôle de témoin que s’ils sont habités par une communauté vivante et active.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          L’église des Sarraix est née de l’évangélisation. Fidèle au message qu’elle a reçu, elle a survécu parce qu’elle a continué à exercer une mission d’évangélisation dans le village et ses alentours.
L’Eglise des Sarraix ne subsistera vraisemblablement que par l’évangélisation. Cette évangélisation devra nécessairement être adaptée à  l’homme de notre temps. Elle ne sera pas calquée sur celle du début du XIXe siècle, et elle sera certainement basée, plus sur un témoignage individuel du chrétien dans le milieu où Dieu le situe, que sur une action d’évangélisation traditionnelle auprès des populations des villages et des campagnes.
Nous pouvons penser qu’elle se maintiendra encore, selon la volonté de Dieu, si l’Evangile de Jésus-Christ continue à y être prêché fidèlement, même par un  << petit reste >>. 

Nous pouvons conclure en affirmant que ce n’est pas uniquement l’œuvre des hommes mais aussi et surtout l’œuvre du Saint Esprit qui ont permis à cette église de traverser le temps et de survivre. 

            « Eglise des Sarraix, l’Eternel est ton berger. Sa bonté dure toujours,     Son amour est sans limite et Sa fidélité dure de génération en génération. »

Puisse l’Eglise des Sarraix associée avec l’Eglise de Thiers, rester fidèle à  Son Seigneur et ne pas démériter d’un passé courageux de témoignage et de conquête.
La mission de transmission de l’Evangile de Jésus-Christ subsiste. L’Ecriture Sainte à travers le Psaume 78 et la  2e lettre à Thimothée de l’apôtre Paul nous le rappelle et nous exhortent à continuer à témoigner de l’amour de Dieu, de Sa sainteté  et de Sa puissance et à confesser le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur :
Ce que nous avons entendu, ce que nous savons,
Ce que nos pères nous ont raconté,
Nous ne le cacherons point à leurs enfants ;
Nous dirons à la génération future les louanges de l’Eternel,
Et sa puissance, et les prodiges qu’il  a opérés. 
Il a établi un témoignage en Jacob,
Il a mis une loi en Israël,
Et il a ordonné à nos pères de l’enseigner à leurs enfants,                                                                                                                       
Pour qu’elle soit connue de la génération future, des enfants qui naîtraient,
Et que, devenus grands, ils en parlent à leurs enfants,
Afin qu’ils mettent en Dieu leur confiance,
Qu’ils n’oublient pas les oeuvres de Dieu
Et qu’ils observent ses commandements. » (Psaume 78 : 3-7)                                                                                                                                                                                                                                                                                                         « Toi demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines,           sachant de qui tu les as apprises : dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. »
(2 Tim. 3 :14-17)

Marc Paslier
Les Sarraix, le 20 Mai 2004