• le 1 décembre 2024

QUI EST LE FILS DE L’HOMME ?

Matthias HELMLINGER

I Thessaloniciens 3.12-4.2  

Que le Seigneur remplisse vos cœurs d’un amour sans cesse croissant et rayonnant, envers vos frères comme envers tout le monde – d’un amour pareil à celui que nous vous portons. Qu’il affermisse vos cœurs et les purifie afin que vous puissiez vous présenter saints et irréprochables devant Dieu et devant notre Seigneur Jésus-Christ lorsqu’il paraîtra entouré de tous ceux qui lui appartiennent.

Enfin, chers frères, puisque vous avez appris de nous comment vous devez vous comporter pour mener une vie agréable à Dieu, nous voudrions vous prier, oui, vous supplier au nom du Seigneur et dans la communion avec lui, de suivre minutieusement les instructions que nous vous avons transmises. Vous le faites déjà, vous cherchez à plaire à Dieu, vous êtes sur le bon chemin, mais allez de l’avant, de progrès en progrès, afin d’approcher de plus en plus de la perfection.

Luc 21.25-36

Des phénomènes extraordinaires se produiront dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les peuples seront saisis d’angoisse. Quand la mer se déchaînera avec un bruit effroyable et que ses flots déferleront avec puissance, personne ne saura plus que faire. 

Des gens mourront de peur dans l’attente anxieuse des malheurs qui menacent le monde entier, car les lois qui régissent le ciel seront déréglées et les forces qui maintiennent l’univers seront déchaînées. 

C’est alors qu’on verra, dans une nuée, le Fils de l’homme revenir dans la plénitude de la puissance et de la gloire divines. Quand ces événements commenceront à se produire, levez la tête et prenez courage : bientôt vous serez délivrés.

Pour illustrer son enseignement, il ajouté cette comparaison : – voyez le figuier – on n’importe quel autre arbre. Une fois que les bourgeons commencent à pousser, il suffit de les regarder pour savoir que désormais l’été n’est pas loin. De même, quand vous verrez tout cela se produire, vous pourrez en conclure avec certitude que, bientôt, Dieu établira son règne. Oui, vraiment, je vous l’assure, cette génération ne disparaîtra pas avant que toutes ces choses se soient réalisées. Ciel et terre peuvent passer, mais mes paroles ne passeront jamais.

Faites donc bien attention, veillez sur vous-mêmes pour que vos esprits ne s’alourdissent pas à force de bien manger, de trop boire et de vous tracasser pour votre vie de tous les jours, sinon ce grand jour vous surprendra. Tout à coup vous serez pris au piège, comme à un filet, car il s’abattra sur tous les habitants de la terre. Tenez-vous donc en éveil et priez, sous vous relâcher, pour que Dieu vous donne la force d’échapper à tous ces malheurs futurs et pour que vous puissiez vous présenter debout avec assurance en présence du Fils de l’homme

Pour parler de lui-même, Jésus utilise d’habitude l’expression « le Fils de l’homme ». Il l’utilise abondamment à deux occasions : – quand il doit annoncer la destruction de Jérusalem et de son temple auquel il était très attaché – quand il sera jugé et humilité jusqu’à la mort à Jérusalem.

Dans le livre du prophète Daniel, le Fils de l’homme inaugure un royaume venant de Dieu, qui restera seul en place après tous les royaumes de ce monde. Ceux-ci sont représentés sous forme de bêtes surgissant de la mer. Leur pouvoir est bestial la plupart du temps. Et la mer représente dans la Bible les Nations agitées par des idéologies, provoquant des vagues qui peuvent tout ravager. Jésus évoque dans notre texte ce pouvoir terrifiant des Nations comparées à la mer. Seul le règne du Fils de l’homme venant avec les nuées, instaurera un pouvoir vraiment humain. Jésus se dit être ce Fils de l’homme. Il le dit fortement pour annoncer la souffrance de Jérusalem, capitale des Juifs et puis lors de la souffrance qu’il subit à Jérusalem. Jésus associé donc sa propre souffrance et la souffrance des Juifs à un règne, un règne vraiment humain, qui vient de Dieu et qui, par conséquent, ne sera jamais remplacé par un autre règne. Dans sa gloire, Jésus apparaît toujours avec les cicatrices de sa crucifixion. Et dans sa gloire, il n’apparaît jamais seul. Toujours avec eux qui l’ont suivi dans sa souffrance.

Ce ne sont pas les clous qui ont attaché Jésus sur la croix, c’est son amour pour nous, pour tout être humain. Quand on a reçu cet amour, on veut aimer de cet amour-là. Jésus dit : « si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur » Jn 12.26. Jésus dit cela juste avant la croix. Le Fils de l’homme vient accompagné. Il vient avec les nuées de gloire, la foule de ceux qui ont été crucifiés avec lui.

Le règne du Fils de l’homme n’est donc pas une amélioration de l’être humain ou de la société. A force de bonne volonté. Jésus n’a que faire de notre bonne volonté. Elle ne sera jamais suffisante pour que Dieu règne dans ce monde. Jésus règne en nous par la croix, pas par notre bonne volonté. La bonne volonté n’a pas suffi à Pierre pour donner sa vie pour Jésus. La bonne volonté n’a pas suffi à l’homme riche pour suivre Jésus. La bonne volonté n’a pas suffi à Pilate pour faire libérer Jésus dont il avait compris l’innocence.  Notre bonne volonté ne nous permet pas de suivre Jésus, mourir avec lui sur la croix et ressusciter. Mais son amour peut le faire. Et alors nous voulons vivre à la perfection l’amour dont il nous a aimés. L’apôtre Paul supplie les chrétiens de Thessalonique de ne jamais s’arrêter sur ce chemin de l’amour qu’ils ont entamé avec lui. Il faut aller toujours de l’avant, jusqu’à la perfection, la sainteté devant Dieu le Père et son Fils. Quand on lit l’évangile en grec, il y a un très beau verset : des Juifs demandent à Jésus dans le temple « jusqu’à quand nous enlèveras-tu notre âme ? »  Jn 10.24. C’est exactement cela : la force de l’amour de Jésus qui a guéri tant de gens les a saisis de telle sorte qu’il leur semblait qu’il leur avait enlevé l’âme. La beauté et la puissance de l’amour de Jésus sont capables de nous enlever notre âme pour que nous le suivions jusqu’au bout dans son amour pour les autres.

Dans notre texte, Jésus nous parle d’une autre possibilité que notre âme nous soit enlevée : la vue du pouvoir destructeur des systèmes politiques. Pouvoir effrayant capable de nous enlever notre âme. C’est pourquoi il nous incite à la vigilance. Et la vigilance, c’est avoir son âme déjà bien enlevée auprès de lui, qui est au ciel, mais qui vient sur cette terre avec tous ceux qui lui appartiennent. 

Quand Jésus parle de sa venue en gloire, il utilise l’expression « Fils de l’homme ». Il utilise aussi ce titre quand il se trouve dans sa passion et sa condamnation à mort. « Fils de l’homme » : pourquoi ce titre dans la bouche de Jésus, en lien avec sa gloire et sa souffrance ?

C’est le thème de notre prédication en ce premier dimanche de l’Aven. Pour comprendre l’expression « Fils de l’homme », il nous faut aller dans le livre du prophète Daniel. Dans ce livre, il est question du Fils de l’homme que Daniel voit venir, après que le Seigneur Dieu lui ait montré la puissance terrifiante des royaumes de ce monde. Dans le livre de Daniel, le pouvoir politique quel qu’il soit nous est présenté essentiellement comme un pouvoir bestial. Ce pouvoir bestial peut devenir humain Da 7.4. Mais cela ne dure pas. L’histoire humaine telle que la voit Daniel est donc de plus en plus sombre et violente. C’est alors que Daniel dans la nuit noire, voit venir avec les nuées du ciel un vrai pouvoir, un pouvoir humain, qui s’appelle le Fils de l’homme. Il voit que ce Fils de l’homme règnera éternellement. Tous les pouvoirs bestiaux que Daniel avait vus avant, surgissant de la mer représentant les Nations, seront éliminés. Les Nations sont dans la Bible comparées à une mer agitée, capable de produire des vagues déferlantes qui ravagent tout. Dans l’évangile de ce jour, Jésus parle de cette mer déchaînée. Tous les pouvoirs bestiaux surgissant des Nations ne pourront plus exercer de destruction quand apparaît le Fils de l’homme. Leur règne sera terminé. Définitivement. Seul règnera ce Fils de l’homme. Son règne sera vraiment un vrai règne humain, avec de vrais êtres humains qu’il aura sauvés et associés à ce règne. 

Voilà donc pourquoi Jésus préfère parler de lui-même comme Fils d’homme, parce qu’il a en arrière-plan cette vision de Daniel. Jésus dit clairement qu’il est ce Fils de l’homme vu par Daniel. Jésus  aurait pu se donner bien d’autres titres et, de fait, on lui en a donné bien d’autres. Nous n’en connaissons pratiquement plus que deux : Seigneur et Christ. « Seigneur », c’est ainsi que les Juifs appellent leur Dieu. « Christ », c’est ainsi qu’ils appellent le salut apporté par un fils du roi David ou un prêtre qui a reçu une onction particulière du Seigneur. 

Mais Jésus, quand il parle de lui, dit : « le Fils de l’homme ». Et il en parle abondamment à deux occasions : quand il doit annoncer la fin de Jérusalem et de son temple, auquel lui et ses disciples tenaient énormément, et quand il est lui-même jugé dans Jérusalem par un tribunal. Il proclame être le Fils de l’homme par rapport à Jérusalem qui sera ravagée par les Nations et par rapport à la souffrance qu’il va y endurer. Celui qui est actuellement jugé, sera Juge. Le jugé sera le Juge, le Juge qui viendra achever l’histoire des Nations et d’Israël. Le Fils de l’homme et son peuple, jusqu’à présent victimes apparaîtront comme souverain juge. Tous devront se soumettre à ce Fils de l’homme, qui a tout un peuple avec lui. Pour le dire en d’autres mots : la gloire de Jésus ne peut être séparée de sa souffrance. Jamais. Jamais. Même dans l’éternité : il porte les traces de ses souffrances. L’élévation de Jésus à la droite du Père ne peut être séparée de son abaissement plus bas que terre. Jamais nous ne verrons le Fils de l’homme dans sa gloire irrésistible, sans les cicatrices de sa crucifixion. 

Voilà ce que nous attendons : l’irruption soudaine de cette gloire dans le monde actuel. Le Fils de l’homme viendra dans cette gloire accompagné de tous ceux qui souffrent et sont morts comme lui. Ces gens-là sont les nuées glorieuses qui accompagnent le Fils de l’homme. 

Jésus nous dit d’attendre cette irruption de sa gloire avec patience et persévérance. Cette gloire viendra couvrir de son manteau toutes les souffrances de ceux qui suivent l’Agneau sur cette terre. Tous les êtres humains, tous, absolument tous, croyants ou non, seront tellement stupéfaits de voir combien la gloire de Jésus était réellement associée à ceux qui ont faim, soif, sont en prison, malades, réfugiés, nus. L’identification de Jésus avec ces gens-là sera claire, visible, d’une gloire irrésistible. 

Il y a une unité interne indestructible entre l’abaissement de Jésus et son élévation, entre son humilité et son pouvoir de juge. Il est la norme qui nous jugera. Il est en même temps le salut, le chemin pour aimer comme il a aimé. Il est la norme de l’amour qu’il nous demande de vivre. 

L’amour que Jésus met en nous est un amour que nous ne connaissions pas, avant qu’il vienne en témoigner. Car il faut participer à l’unité du Dieu d’Israël pour connaître cet amour. Les Juifs nous ont parlé de l’unité du Dieu d’Israël, car tous les jours ils se la rappellent. Ils cherchent à écouter cette unité. Et parce qu’ils l’écoutent, on les tue. Jésus révèle l’authentique écoute du Dieu Un et il est tué. Le Dieu Un a un nom, qu’on écrit en hébreu en quatre lettres, mais qui ne se prononce pas. Si l’être humain ne peut le prononcer, Dieu, Lui, peut le prononcer. Et Il l’a prononcé devant Moïse sur le mont Sinaï. Il l’a prononcé quand Moïse a demandé à voir sa gloire. Moïse n’a vu la gloire que lorsqu’elle était déjà passée Ex 33.20. Mais il a entendu Dieu prononcer lui-même le Nom par lequel nous devons l’invoquer Ex 34.6. En prononçant son Nom, Dieu y a ajouté plein de qualificatifs que nous ne devons jamais oublier : miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de grâce et de vérité, restant fidèle à des milliers de générations, … Et depuis, Israël ne cesse de se rappeler qu’il doit écouter Dieu prononcer son Nom. Ce Nom est Un. Il est Un, non pas dans le sens que Dieu serait tout seul dans le ciel. Il est Un plutôt dans le sens de communion. Le Père est toujours avec son Fils. Ils sont Un. 

Et quand les Juifs seront scandalisés par l’accueil inconditionnel des pécheurs par Jésus, Jésus leur raconte une histoire d’un Père qui a deux fils. Il dit au fils aîné fâché de voir la joie de son Père pour l’autre qui a péché : « mais tu es toujours avec moi ! » Lc 15.31. Si Dieu a parfois rejeté son peuple parce que ce peuple L’avait remplacé par d’autres dieux, des dieux qui ne font rien, qui sont sourds, aveugles, muets comme un vulgaire morceau de pierre, si Dieu a parfois temporairement rejeté son peuple, il lui a aussitôt promis une nouvelle alliance où il ne sera plus questions de rejet. Les Juifs sont donc toujours avec le Père. Et c’est ce Dieu-là que Jésus nous donne le privilège de connaître. Jésus nous révèle son Nom. C’est un Dieu qui est amour et qui apprend à l’être humain à aimer comme lui. C’est par la révélation que Jésus nous fait du Nom, que l’être humain devient un être humain. Il cesse d’être une pierre, comme l’idole qu’il vénère. 

J’ai dit, il y a quelques minutes que l’amour qui nous est a été révélé par Jésus est un amour que nous ne connaissions pas. C’est l’apôtre Jean qui le souligne : « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est Lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés » I Jn 4.10. Nous n’avions pas connu l’amour avant Jésus, mais maintenant que nous connaissons l’amour, nous devons y progresser. Car c’est le chemin. C’est Jésus notre objectif et en même temps notre chemin. 

Notre objectif n’est pas d’avoir des amis, des paroissiens qui nous aiment, une famille unie, des « followers » sur les réseaux sociaux qui « like » nos messages. Notre objectif est d’aimer les autres comme Jésus nous a aimés. Réécoutons ce que Paul dit aux chrétiens à Thessalonique : « que le Seigneur fasse croître et abonder l’amour que vous avez les uns pour les autres et pour tous, … qu’il affermisse ainsi vos cœurs dans une sainteté irréprochable devant Dieu notre Père, lors de la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints » I Thess 3.12-13. L’objectif est-il trop élevé ? Pouvons-nous être des saints irréprochables devant Dieu notre Père ? Pouvons-nous être comme Jésus ? Frères et sœurs, si le Christ ne nous rend pas capables d’être des christs, il n’a pas réussi son affaire. Il a raté sa mission. Or sa mission existe aujourd’hui. Il a dit à son Père avoir réussi sa mission de nous faire connaître le Nom, celui de son Père, justement, le Dieu d’Israël : « je leur ai fait connaître ton Nom » Jn 17.26. Et il ajoute immédiatement : « et je le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que je sois en eux ». Jésus tient-il parole ? Ne répondons pas trop vite, car cela nous engage, si nous disons « oui ». Jésus tient-il parole ? Si nous répondons oui, un objectif précis s’en suit : que l’amour du Père qui était en Lui soit maintenant en nous. Nous pourrons donc aimer comme Jésus a aimé, puisque lui nous a aimés de l’amour du Père Jn 15.9. Nous ne connaîtrons le mystère de l’identité du Fils de l’homme qu’à cette condition : en le suivant. Car le Fils de l’homme est un chemin, il est le chemin vers le Père. 

Jésus, avant d’aller à la croix, jette un regard en arrière sur sa vie, et il dit avoir tenu son engagement à nous faire connaître le Nom. Engagement qu’il a pris devant son Père avant de venir en ce monde. Il est même décidé à continuer à nous révéler le Nom depuis le ciel. Nous pouvons trahir nos engagements, mais Jésus ne peut trahir son engagement envers nous, devant son Père. Et ce que Jésus demande à son Père, c’est que l’amour dont son Père l’a aimé soit en nous. Oh ! Halléluia ! Jésus fait ce qu’il dit. Avant de mourir sur la croix, Jésus a poussé un grand cri Lc 23.46. Quand on sait que les crucifiés meurent d’asphyxie, on peut se demander comment cela est possible. Je pense qu’il s’agit du Nom qui est sorti de sa bouche. Cela arrivait au grand prêtre, au jour de Kipour. Le Nom sortait de sa bouche et on pouvait l’entendre très loin. Jésus nous communique la connaissance du Nom en remettant son esprit entre les mains de son Père. Il permet ainsi à l’amour de son Père de demeurer en nous. Compte-tenu de tous ces textes, nous avons obligation de tenir compte de la recommandation de l’apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique : progresser sans cesse dans l’amour pour tous, jusqu’à la sainteté la plus complète. C’est possible, parce que Jésus s’y est engagé et nous en donne les moyens. Il est le moyen par qui nous pouvons accomplir notre mission.

Je viens d’utiliser le verbe « progresser ». Progresser dans l’amour. Quand on parle du Règne de Dieu, il faut se méfier du verbe « progresser ». Le règne de Dieu ne vient pas progressivement, par une amélioration de la société et des citoyens qui la composent. Le Règne de Dieu vient subitement. Il fait irruption. Progresser dans l’amour, c’est s’attendre à ce que l’amour incompréhensible de Dieu fasse irruption dans notre vie. J’utilise le mot « irruption », car nous serons toujours surpris par cet amour, quand il se manifeste. La progression de la vie chrétienne ne peut être représentée par une ligne droite qui monte. Parfois cette ligne ne monte pas, elle reste plate, il n’y a rien qui se passe, ou parfois elle descend. C’est ce qu’on peut voir avec notre intelligence humaine. Nous ne progressons que par des visitations de Dieu, du Saint-Esprit. Dieu vient. Il nous visite. C’est le sens de la période de l’Avent qui commence ce dimanche : Dieu vient. Le mot Avent est une ancienne abréviation du mot « venue ». Dieu est venu et il vient encore. Le Fils de l’homme est venu et il vient encore. Lors de sa première venue il a fait les œuvres qu’il avait à faire et souffert pour les péchés. Des boiteux et des paralysés marchent, des personnes liées par des démons sont libres, des aveugles voient, des sourds entendent, des pauvres entendent enfin une bonne nouvelle. Le Fils de l’homme a agi et parlé, il a souffert, il est mort, il a été enterré, il est descendu pendant ce temps au séjour des morts, puis il est ressuscité et monté au ciel. Autrement dit, il a tout investi de sa présence : la peur, l’angoisse, la cruauté, la haine, l’indifférence, la lâcheté, la pornographie (Jésus est mort nu sur la croix), la convoitise, l’orgueil, le mensonge. Rien dans l’être humain n’a pas été visité. Aucune action humaine n’est restée ignorée. Le Fils de l’homme y est venu. Il est maintenant élevé à la droite du Père, dans le ciel. Mais cela ne veut pas dire qu’il est séparé de la terre. Parce que ce ciel lui aussi sera ébranlé, pour qu’il rejoigne la terre. Il est vrai que Jésus est à la droite du Père, mais il est tout aussi vrai que Jésus n’a jamais quitté cette terre. Quand il viendra des cieux, il fera paraître en pleine lumière combien il est pleinement présent sur cette terre en ceux qui ont faim, soif, sont nus, malades, en prison, réfugiés, persécutés pour la justice. La terre est déjà associée à Jésus dans le ciel. Jésus y a emmené les cicatrices des blessures qu’on lui a faites sur la croix. Le sang du Fils de l’homme a coulé sur la terre. Mais le Fils de l’homme a aussi emmené ce sang dans les cieux. Et Il nous le donne chaque dimanche dans la Sainte-Cène.

Jésus ne nous a rien caché de ce qui va arriver. Il y aura de l’angoisse. Le pouvoir bestial des systèmes qui gouvernent ce monde est effrayant. L’âme sortira des êtres humains. Ils mourront de terreur. Voilà ce que Jésus dit et en même temps il dit : « sachez que le Règne de Dieu est proche… restez éveillés dans une prière de tous les instants, pour être jugés dignes d’échapper à ces événements à venir et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme » Lc 21.31, 36. Devant la frayeur, une certitude de délivrance.

Quand Jésus se promenait dans le temple vers la fin de sa vie, des Juifs lui ont littéralement demandé : « jusqu’à quand nous enlèveras-tu notre âme ? » Jn 10.24. Toutes les œuvres inouïes que Jésus a faites, tout cela a littéralement enlevé l’âme aux Juifs qui en étaient témoins. On peut expirer de frayeur quand on voit le pouvoir destructeur de la politique et on peut expirer quand on voit la gloire du Fils de l’homme. Quand Jean voit Jésus cette gloire sur l’île de Patmos, il tombe mort à ses pieds, et Jésus le relève en disant : « ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, et le Vivant ; je fus mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles…» Apoc 1.17

Vous voyez que notre progression dans l’amour parfait de Jésus ne peut pas être représentée par une ligne qui monte régulièrement vers le ciel. Quand on progresse, on perd son âme. Elle sort de nous-mêmes, devant la beauté et la splendeur du Fils de l’homme. Il y a une telle puissance dans son amour ! Dans l’évangile où il nous montre la puissance de son amour, Jésus fait sortir notre âme de nous-mêmes. Pour que nous puissions le suivre.

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