• le 18 août 2024

LA GRÂCE DU PARDON

Alain Nadal

Un incident n’a pas permis de faire un enregistrement audio de cette prédication. Vous ne pourrez donc pas écouter les 3 lectures bibliques qui devaient être enregistrées ; mais je vous recommande de les lire au moment où elles sont indiquées dans le texte qui suit.

Lecture de 2 S 11, 1-27

   J’attire votre attention sur deux choses sordides que le péché a permis de commettre. 

   La première, c’est que David a fait de Joab le complice de ses crimes ; ce dernier ne pouvait pas s’opposer aux ordres qui lui avaient été donnés. Je parle de crimes au pluriel, puisque Urie n’est pas le seul à avoir été tué pour essayer de cacher l’adultère de David. En effet le texte nous dit que plusieurs soldats israélites sont morts aussi au cours de ce stratagème destiné à cacher la vérité. Derrière ces morts, il y a les larmes des familles endeuillées !

   La seconde, c’est que David, connaissant le dévouement et l’intégrité d’Urie, le charge d’apporter à Joab la lettre qui le condamne à mort. On atteint là le sommet du cynisme !

   David semble indifférent à la mort d’Urie. Il ne manifeste aucun regret d’avoir perdu un ses meilleurs soldats. Il est devenu insensible à son propre péché. Le seul moyen qu’il a trouvé de couvrir sa première faute, l’adultère, était d’en commettre une autre ; et son cœur s’est endurci au point qu’il est incapable d’éprouver un sentiment de culpabilité. 

   Les sentiments ne sont pas de bons conseillers lorsqu’il s’agit de distinguer entre le bien et le mal. En commettant le mal de façon délibérée et répétée, David a perdu toute sensibilité à la loi de Dieu et au droit des autres. Plus nous tentons de couvrir notre péché, moins nous le ressentons comme tel.

   Entre le récit que j’ai lu il y a un instant, et celui que je vais lire maintenant, il se passe au moins une année. En effet, David a eu le temps d’épouser Bath-Sheba, et celle-ci de mettre un enfant au monde.

   On peut imaginer que pendant tout ce temps, David avait la conscience tranquille : Son adultère et le l’assassinat d’Urie avaient été bien maquillés : Ni vu, ni connu ! Pas vu, pas pris !
Mais Dieu, lui, savait ce qui s’était passé !

Lecture de 2 S 12, 1-14

   Le récit que le prophète Nathan fait à David — cet homme riche qui prend la seule brebis de l’homme pauvre pour préparer un repas à un ami de passage — met le roi dans tous ses états : « L’Éternel est vivant ! L’homme qui a fait cela mérite la mort ».

   David est devenu tellement insensible à son propre péché qu’il ne se reconnaît pas dans l’histoire du prophète Nathan. Souvent, ce sont nos propres défauts que nous condamnons chez les autres. 

   Il a fallu beaucoup de courage à Nathan pour dire à David : « C’est toi qui est cet homme-là ! ». Et pour lui annoncer, dans la foulée : « Puisque tu m’as  (Dieu) méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour en faire ta femme, l’épée ne s’éloignera plus de ton foyer ». Les terribles prédictions annoncées par Nathan se sont toutes réalisées.

   C’est un électrochoc que subit David devant cette avalanche de catastrophes. Il prend enfin conscience de son péché et il le reconnaît: « David dit à Nathan : J’ai péché contre l’Éternel ». Dieu lui pardonne. Mais le péché a souvent des conséquences : l’enfant qu’il avait conçu avec Bath-Scheba est mort au bout de 7 jours (2 S 12,18).

   C’est dans ce contexte que David écrit le Ps 51 que je vais lire. C’est un psaume qui est porteur d’espérance pour nous : Quel que soit l’abattement provoqué en nous par la culpabilité, quelle que soit la gravité de notre faute, nous pouvons déverser notre cœur devant Dieu et rechercher son pardon, comme David l’a fait.

Lecture du Ps 51, 1-19

   Combien de temps s’est-il passé entre la rencontre avec Nathan et l’écriture de ce texte où David se repent ? On ne le saura jamais. Mais ce qui est important, c’est que ce psaume montre un des exemples de repentance les plus clairs de l’Écriture. Beaucoup trouvent dans ces paroles l’expression fidèle de leur profonde conviction qu’ils ont besoin de la grâce et du pardon de Dieu.

   D’autres y découvrent que leurs excuses, leur demi-repentance et leur absence de regret quant à leur péché, les empêchent de faire l’expérience réelle du pardon.

   Ce texte révèle aussi quelle est la place de l’espérance, au sein de la reconnaissance des fautes. Quelle est cette espérance ? C’est la certitude qu’aucun péché n’est trop grand pour être pardonné, si la repentance est sincère. Nous pouvons donc utiliser les paroles de ce psaume comme point de départ, lorsque nous nous sentons loin du Seigneur, ou que notre relation avec lui est perturbée par notre manière d’agir ; cela peut nous aider à identifier et corriger le problème.

   Dans les 9 premiers versets, David regrette sincèrement son adultère avec Bath-Shéba, et l’ordre qu’il a donné de faire tuer son mari pour cacher sa faute. Il a pris conscience du mal qu’il a fait à plusieurs personnes. Son péché le taraude : « … mon péché est constamment devant moi » (v. 5). Ce n’est plus le même homme qui avait fait dire à Joab, en apprenant la mort d’Urie : « Ne sois pas peiné de cette affaire, car l’épée dévore tantôt l’un, tantôt l’autre » (2 S 11,25). C’est-à-dire : « Le pauvre, il n’a pas eu de chance ; mais c’est la vie ! ». Sa conscience s’est enfin réveillée.

   Quand nous nous sentons indignes de nous approcher du Seigneur parce que nous avons commis une faute « trop grave », rappelons-nous qu’il peut et veut nous pardonner tout mal.

   Toutefois, son pardon n’entraîne pas automatiquement la suppressions des conséquences naturelles du péché. La vie et la famille de David ne seront plus jamais les mêmes, suite à cette affaire.

   Je voudrais attirer votre attention sur le v. 6. Après avoir dit : « Mon péché est constamment devant moi », David ajoute : « J’ai péché contre toi, contre toi seul, j’ai fait ce qui est mal à tes yeux ». Bien que David ait mal agi vis-à-vis de Bath-Shéba et d’Urie, il reconnaît d’abord avoir péché contre Dieu. 

   Nous admettons facilement que voler, tuer ou calomnier, c’est porter préjudice à quelqu’un. Mais d’après les valeurs de notre société, les relations extra-conjugales entre deux adultes consentants sont acceptables, pour autant que personne n’en souffre. C’est du moins ce que beaucoup de nos contemporains pensent.

   La vérité, c’est qu’il y a inévitablement quelqu’un qui en souffre. Dans le cas de David, un homme est assassiné et un bébé meurt. Mais, comprenons que tout mal que nous commettons fait du tort à nous mêmes et aux autres, et en fin de compte, quelle que soit sa forme, il offense Dieu, car il constitue une rébellion contre ses principes de vie.

   N’oublions jamais cela ! Alors, quand nous sommes tentés de faire le mal, rappelons-nous cette vérité : Tout mal offense d’abord Dieu. Cela peut nous aider à rester sur la bonne voie.

v. 12 : « Ô Dieu, créé en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé ». Comme David le reconnaît au v. 7, nous sommes tous nés pécheurs. Nous avons donc naturellement tendance à penser à nous-mêmes et à nos désirs, plutôt qu’à Dieu et à ses désirs. C’est ce qu’a fait David en prenant la femme d’un autre. Comme lui, nous pouvons demander à Dieu de nous purifier de l’intérieur, de remplir notre cœur et notre esprit de nouvelles pensées et de nouveaux désirs. Un cœur et un esprit purs nous conduiront toujours à avoir une conduite droite.

v. 14 : « Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de bonne volonté me soutienne ». Nous nous sentons parfois bloqués dans notre foi, comme si nous faisions tout machinalement. Lorsque nous péchons, le péché nous éloigne toujours de Dieu. David éprouve ce sentiment parce qu’il s’est mal comporté avec Bath-Shéba, et qu’il vient d’être confronté à ses actes par le prophète Nathan. C’est pour cela que dans sa prière il crie vers Dieu : « Rends-moi la joie de ton salut ».

   Dieu veut que nous soyons proche de lui et que nous connaissions la vie qu’il offre dans sa plénitude. Mais comprenons qu’une faute qui n’est pas reconnue rend cette intimité impossible. Alors, n’écoutons pas la voix de l’ennemi qui va tout faire pour décupler en nous le sentiment de honte, pour essayer de nous empêcher de demander pardon : « Après ce que tu as fait, tu veux demander pardon ! C’est trop facile !!! ». L’ennemi veut nous garder dans la culpabilité, c’est à dire coupé de Dieu. Dieu, lui, veut nous pardonner, rétablir la communion avec lui, parce qu’il nous aime.

   Comme David, nous risquons de devoir subir les conséquences de nos actes, mais Dieu nous rendra la joie de la communion avec lui.

   Lorsque nous avons fait l’expérience du pardon de Dieu qui a restauré notre relation avec lui, nous avons envie d’en faire part à ceux qui ont besoin de pardon et de réconciliation. C’est ce que David s’engage à faire : « J’enseignerai tes voies à ceux qui les transgressent et les pécheurs reviendront à toi » (v. 15). Plus nous expérimentons le pardon de Dieu, plus nous avons envie d’en parler aux autres pour qu’ils puissent aussi découvrir la puissance et la joie du pardon.

     v. 19 : « Les sacrifices agréables à Dieu, c’est un esprit brisé. Ô Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et humilié ». 

  Ce verset pourrait résumer à lui seul l’attitude que Dieu attend de chacun de nous : Le brisement et l’humiliation dont parle David sont le contrepied de l’orgueil. L’orgueil détruit toute relation avec Dieu : « Dieu résiste aux orgueilleux » (Jc 4,6). Par contre, un cœur brisé et humilié, c’est un cœur où l’orgueil, inhérent à notre ancienne nature, a été brisé, pour faire place à l’écoute et à la confiance en Dieu.

   Pour nous, croyants de la nouvelle Alliance, c’est à Jésus et à son sacrifice à la croix que nous devons ce pardon immérité. Et n’oublions jamais ceci : aucun péché n’est trop grand pour être pardonné.

    À lui soit la louange, l’honneur et la gloire !

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