Romains 5,1-5
Les 4 premiers versets du passage que je viens de lire, sont comme un condensé de l’œuvre que Jésus a accomplie à la croix pour sauver les hommes de la mort spirituelle dans laquelle les entraînait leur rébellion contre Dieu.
Ne nous faisons aucune illusion : De part notre nature pécheresse, nous étions tous en rébellion contre Dieu, car nous étions tous pécheurs, et donc « privés de la gloire de Dieu » comme l’écrit Paul (Rm 3,23).
L’œuvre de Jésus, par sa mort sur la croix, c’est de nous avoir justifiés, c’est à dire rendus justes, non pas à cause de nos actes même les plus généreux et les plus grands, mais par la grâce imméritée qu’il nous a accordée, lorsque nous l’avons accepté comme Sauveur et Seigneur de notre vie : « C’est par la grâce, en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » (Eph 2,8-9).
Justifiés par grâce, nous sommes donc en paix avec Dieu, c’est-à-dire réconciliés avec Dieu, et assurés de prendre part à la gloire de Dieu lors du retour de Christ. C’est ce que dit notre texte : « Nous plaçons notre fierté dans l’espérance de prendre part à la gloire de Dieu » (v. 2b). Dans la Bible, le mot « espérance » ne signifie pas qu’on n’est pas sûr de ce qu’on attend. L’espérance chrétienne, c’est une certitude fondée sur les promesses de Dieu.
Quelle est à l’origine de ces grâces inouïes que je viens de décrire ?
Le v. 5 nous répond : L’amour de Dieu ! : « Or cette espérance ( de prendre part à la gloire de Dieu) ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est déversé dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ».
Si l’amour de Dieu est capable d’engendrer d’aussi grandes grâces, il est important que les chrétiens ne voient pas dans cet amour une idée abstraite, un dogme désincarné qui les laisse sans émotion. Par cet amour, Dieu veut toucher le cœur de ses enfants. Il désire que chacun d’eux expérimente la force et la douceur de son amour.
En effet, c’est Dieu qui nous a formé. C’est Lui qui a fait notre nature. S’il nous a créé avec la possibilité d’exprimer des sentiments, ce n’est pas pour rien. Il sait que l’amour ne se goûte pas avec l’intellect, mais avec le cœur. C’est donc avec le cœur aussi qu’il veut nous faire expérimenter son amour.
Combien de chrétiens savent intellectuellement que Dieu est amour, sans avoir jamais ressenti une seule émotion par rapport à cet amour ! Combien de chrétiens disent que Dieu est amour, sans pouvoir parler de cet amour, parce qu’ils n’ont pas expérimenté émotionnellement la douceur et la force de cet amour !
Si vous êtes dans ce cas, n’en prenez pas votre parti ! Ne dites pas : C’est comme ça, je n’y peux rien ! Ce n’est pas ce que Dieu veut pour vous. Il veut au contraire que vous expérimentiez existentiellement son amour, que vous goûtiez son amour. Et j’ajoute qu’il le veut sans doute plus que vous, parce qu’il nous aime comme jamais nous ne pourrons l’aimer. Oui, Dieu veut cela parce qu’il sait que son amour est seul capable de combler une vie, votre vie, ma vie En effet, l’amour de Dieu, c’est l’essentiel d’un vie. Tout le reste de la vie dépend de cet amour accueilli, vécu, entretenu.
Alors, comment faire pour goûter cet amour ?
Pour répondre à cette question, je reviens à notre texte. Le v. 5 nous montre le processus, nous donne la solution pour passer d’un amour que l’on conçoit intellectuellement, à un amour que l‘on vit existentiellement ; d’un amour qui nous laisse sans émotion à un amour qui comble notre cœur d’une joie et d’une paix immenses. Paul écrit : « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ».
Quelques remarques :
1) L’amour de Dieu, c’est l’amour que Dieu a pour nous. Comme le fait remarquer Jean : « Cet amour consiste non pas en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés » (1 Jn 4,10). Et la preuve de cet amour, l’incarnation de cet amour, c’est qu’il a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. Dieu ne s’est pas contenté de dire qu’il nous aime : Il l’a prouvé par le sacrifice de Jésus sur la croix.
2) Il est important de bien comprendre le sens du verbe « répandre » dans cette phrase : « L’amour de Dieu est répandu ». Ce verbe exprime une action qui s’accomplit dans la durée. C’est le contraire d’une action ponctuelle. L’amour de Dieu, c’est comme l’eau d’une source qui coule sans arrêt et se déverse dans le cœur de l’homme. L’amour de Dieu est constant. Contrairement, bien souvent, à celui de l’homme, il ne change pas, il ne varie pas, comme le dit Jacques : « Tout don excellent et tout cadeau parfait viennent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement, ni ombre de variation » (Jc 1,17).
La source d’amour de Dieu n’est pas comme certaines sources d’eau qui tarissent pendant les canicules. Le débit de la source d’amour de Dieu est constant. Ce n’est pas du goutte à goutte comme on le voit parfois dans les fontaines de villages. Le débit est abondant, car c’est le débit d’un cœur de Père qui aime ses enfants. Même lorsque Dieu est en colère, parce que les hommes n’écoutent pas sa voix, son amour reste intact. Écoutons ce que Dieu dit par l’intermédiaire d’Ésaïe : « Dans un débordement d’indignation, je t’avais un instant dérobé ma face, mais avec un amour éternel, j’aurai compassion de toi » (Es 5,8).
3) Où cet amour est-il répandu ? Dans nos cœurs ! Pas dans nos têtes !
Le cœur, c’est le siège de nos émotions. Dieu veut que ses enfants ressentent son amour émotionnellement, tout comme Lui ressent de l’émotion. Cette idée vous surprend-elle ? Écoutez ce que dit Dieu en parlant de son peuple : « Éphraïm (le fils cadet de Joseph. Par la suite ce fut le nom d’une des tribus importantes du peuple d’Israël) est-il donc pour moi un fils chéri, un enfant choyé ? Car plus je parle de lui, plus encore son souvenir est vivace en moi : aussi mes entrailles frémissent en sa faveur ; j’aurai une profonde compassion pour lui » (Jr 31,20).
Pensez-vous que le cœur de Jésus n’a pas été rempli d’émotion lorsque la voix de son Père s’est faite entendre au moment de son baptême ? « Tu es mon fils bien-aimé, objet de mon affection » (Lc 3,22) Bien sûr que si ! Car Jésus, tout Fils de Dieu qu’il est, manifestait ses émotions. Les Évangiles rapportent 2 épisodes où Jésus a pleuré : Devant Jérusalem (Lc 19,41), et devant la tombe de son ami Lazare (Jn 11,35). Bien sûr, les émotions ne doivent pas être au centre de notre vie de foi, ne doivent pas conduire notre vie de foi. Mais elles font aussi partie de notre vie de foi.
Frères et sœurs, pouvez-vous imaginer aimer vos enfants, votre conjoint, ou vos amis d’une façon purement intellectuelle, cérébrale ? Non ! Au contraire, nous ressentons une affection profonde pour ceux que nous aimons ; une émotion saisit notre cœur ; et nous aspirons à un échange dans l’affection, car l’amour est comme un dialogue, il circule de l’un à l’autre. C’est ce que Dieu veut aussi. Il nous communique son amour en espérant que notre cœur sera ému et y répondra.
4) Quel est l’intermédiaire entre Dieu et l’homme qui permet de goûter cet amour ? C’est le Saint-Esprit : « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par… par quoi ? par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Voir aussi Gal 4,6-7).
Sans le Saint-Esprit, la connaissance de l’amour de Dieu va rester une abstraction, un dogme, une connaissance intellectuelle. Si on a fait de la théologie, on est capable de décortiquer, d’analyser l’amour de Dieu avec des mots plus ou moins savants. Mais si on n’y goûte pas, peut-on dire qu’on le connaisse vraiment ? Non ! Il manque quelque chose d’essentiel : L’expérience !
Seul le Saint-Esprit nous permet de goûter l’amour de Dieu. Mais comprenons bien : Dans ce verset, il est question du Saint-Esprit reconnu comme présence de Dieu en nous, accueilli, désiré. Avant la conversion, le Saint-Esprit travaille secrètement dans nos cœurs pour nous appeler à une rencontre personnelle avec Christ. Nous pouvons lui résister ; il ne s’imposera jamais parce qu’on ne peut pas forcer quelqu’un à aimer. C’est lorsqu’on a répondu à l’appel de Dieu que le croyant prend conscience de la présence de l’Esprit en lui. Et c’est à partir de ce moment que l’amour de Dieu va pouvoir être ressenti comme une émotion profonde qui envahit notre cœur.
Si vous n’avez jamais ressenti émotionnellement l’amour de Dieu pour vous, il y a 2 pièges à éviter :
Le premier, c’est de dire ou de penser que Dieu ne vous aime pas. Dire ou penser cela, c’est faire de la Bible un tissu de mensonges. C’est faire de la crucifixion de Christ un événement sans importance. En effet la foi en Dieu le Père, en Dieu le Fils et en Dieu l’Esprit n’est pas fondée sur ce que nous « ressentons », sur nos « sentiments », sur nos « émotions » mais sur quelque chose de parfaitement objectif : La Parole de Dieu. Même si nous n’avons jamais ressenti l’amour de Dieu, la foi nous permet de dire : Seigneur, je sais que tu m’aimes, parce que ta Parole le proclame. Et je le crois.
Le second piège à éviter, c’est de prendre son parti de n’avoir encore jamais goûter l’amour de Dieu, ou si peu, et de penser que c’est normal, parce que beaucoup de baptisés autour de vous semblent être dans le même cas.
Que le Saint-Esprit vous convainque, à travers les textes bibliques cités, pour que vous sortiez de ces 2 pièges, si vous y êtes tombés, et que vous n’y retombiez jamais plus.
Alors, que faire concrètement pour expérimenter l’amour de Dieu ?
- Assurez-vous d’abord que vous avez bien donné votre vie à Christ. Devenir chrétien passe par des engagements concrets avec Dieu. C’est une démarche indispensable. Si vous n’êtes pas au clair avec cette démarche, demandez à un frère de vous aider.
- Passez du temps en tête à tête avec le Seigneur. Ne vous contentez pas d’une prière faite à la sauvette. Toute relation demande du temps pour s’approfondir. Les amoureux passent des heures à se parler au téléphone ; ils s’envoient des SMS pour un oui ou pour un non. Dieu veut parler avec vous. Ne laissez pas le téléphone sonner sans répondre. Décrochez ! C’est-à-dire, lisez et méditez la Bible, parlez-lui dans la prière. Il veut vous dire combien il vous aime, car il veut toucher votre cœur. Venez chaque jour au rendez-vous d’amour qu’il vous fixe, faites-en la priorité de votre journée. Faites attention au rendez-vous que l’on remet au lendemain ! C’est une habitude tellement vite prise !
- Que votre prière ne se limite pas à demander, pour vous ou pour les autres. Il y a un temps pour demander. Mais privilégiez d’abord la prière de reconnaissance et la louange. C’est dans cette prière que l’intimité avec Dieu grandit. Pour apprendre cela, utilisez les psaumes, et faites-en vos prières personnelles.
Si vous adoptez fidèlement cette démarche, Dieu ne vous fera pas attendre longtemps avant que vous expérimentiez un cœur à cœur avec Lui. Vous allez entrer dans un cercle vertueux qui vous fera grandir dans la foi et la confiance, et vous permettra d’approfondir la relation merveilleuse avec votre papa céleste.
Et lorsqu’il vous arrivera de venir au rendez-vous divin avec un cœur complètement sec, ne vous laissez pas décourager. Vous pourrez dire en toute confiance et vérité : Seigneur, je sais que tu m’aimes ; et moi aussi je t’aime.
Et vous constaterez que 9 fois sur 10, votre cœur s’ouvrira bientôt tout grand à la tendresse de Dieu.