• le 18 décembre 2022

LIBÉRÉ DE LA LOI

Alain NADAL

Rm 7,1-24

 Le mois dernier, dans un passage de Rm 6, nous avons vu que Paul parle de la libération de l’esclavage du péché. Cette libération se produit uniquement parce Jésus a donné sa vie à la croix, et que notre vieille nature a été crucifiée avec Lui, lorsque nous L’acceptons comme Sauveur et Seigneur. Je relis ce passage : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ-Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité d’entre le morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection ; nous savons que notre vieille nature a été crucifiée avec Lui, afin que ce corps de péché soit réduit à l’impuissance et que nous ne soyons plus esclaves du péché » (Rm 6,3-6).

   La délivrance de l’esclavage du péché est une chose importante à comprendre et à vivre pour chaque croyant. Mais Paul nous parle d’une autre libération dans le passage de Rm 7 que je vous ai lu  : Il veut nous faire comprendre une chose tout aussi importante : le chrétien est libéré de l’esclavage de la loi

   Bien sûr, ces deux libérations sont étroitement liées. Si nous ne sommes pas entièrement affranchis de la loi, nous ne pourrons jamais connaître le plein affranchissement du péché. C’est l’œuvre de Jésus à la croix qui opère, en même temps, ces deux délivrances. C’est uniquement dans un souci pédagogique que Paul traite de ces délivrances l’une après l’autre.

   Pour commencer, comprenons bien ce qu’impliquent le mot « grâce » et le mot « loi ». 

   La grâce implique que Dieu fait quelque chose pour moi : il me sauve, il me pardonne… Quant à la loi (que Dieu a donnée aux hommes) elle impliquerait que j’aurais à faire quelque chose pour Dieu : obéir à ses commandements.

   En effet, Dieu a des exigences de sainteté et de justice que je serais appelé à remplir ? Logiquement, c’est ce qu’implique la loi ! Or, si la loi implique que Dieu me demande d’accomplir certaines choses, la délivrance de la loi implique qu’il ne me le demande plus. Pourquoi ? Parce qu’il y a pourvoit lui-même ! Quand y a-t-il pourvu ? À la croix de Christ ! C’est-à-dire au moment où Jésus a été crucifié, au moment où Jésus a donné sa vie pour réconcilier les hommes avec Dieu.

   On peut légitimement se poser la question : Pourquoi dois-je être délivré de la Loi puisque c’est Dieu qui a donné cette Loi et attende que je lui obéisse ?

   Aussi longtemps qu’on n’a pas compris à quoi sert la Loi, on se posera toujours cette question, et on n’y apportera jamais de réponse convaincante.

À quoi sert-elle la Loi donnée par Dieu ?

   Nous avons un début de réponse dans Rm 3,20 : « Personne ne sera justifié devant Dieu par les œuvres de la loi, puisque c’est par la loi que vient la connaissance du péché ». 

   Un second verset va dans le même sens : « La loi est intervenue pour que la faute soit amplifiée » (Rm 5,20).

   Dans ces 2 versets, nous voyons que la loi a une fonction précise :  elle sert à révéler le péché, notre péché.

   Paul nous fait faire un pas de plus dans la compréhension de ce qu’est la Loi : « Le péché ne dominera pas sur vous, car vous n’êtes  pas sous la loi, mais sous la grâce » (Rm 6,14).     

   On voit dans ce verset que lorsqu’on veut obéir à la loi pour plaire à Dieu, on se place sous la domination du péché. Pourquoi ? Parce qu’aucun homme n’est capable d’observer TOUTE la loi. Et que, de ce fait, il tombe sous le coup de cette parole : « Maudit soit quiconque n’observe pas TOUT ce qui est écrit dans la livre de la Loi, pour le mettre en pratique » (Dt 27,26).

   Autrement dit, la Loi ne sert pas à plaire à Dieu. À quoi sert-elle, alors ? Elle sert à révéler à l’homme qu’il est irrémédiablement pécheur, et qu’il a besoin d’un Sauveur. Il faut donc que l’homme soit délivré de vouloir plaire à Dieu en essayant d’obéir à la Loi. Voici ce que Paul écrit : « Vous êtes parés de Christ, vous qui cherchez la justification dans la Loi ; vous êtes déchus de la grâce » (Gal 5,4).

   Il est important de comprendre que la loi n’est pas en cause, lorsque Paul nous enseigne que les chrétiens doivent en être libérés. En effet, Paul écrit que « la loi est sainte, et le commandement saint, juste et bon » (Rm 7,12). Il n’y a rien de mauvais dans la loi, mais il y a quelque chose de résolument mauvais en moi. Les exigences de la loi sont justes, mais la personne qui doit y satisfaire est mauvaise. La difficulté ne vient pas de ce que les exigences de la loi sont injustes, mais du fait que je suis incapable de leur obéir. Dieu me connaît : Il sait que je suis pécheur ; il sait que je suis faible ; que je ne peux rien faire par moi-même pour me délivrer du péché. Le malheur, c’est que moi, je ne le sais pas. J’admets que tous les hommes sont pécheurs et que, par conséquent, je suis un pécheur. Mais je n’imagine pas être un pécheur aussi mauvais que les autres. Il faut que Dieu m’amène à la place où je me vois entièrement faible et impuissant à observer la loi. Bien que j’en parle, je ne le crois pas encore tout à fait, et Dieu doit faire quelque chose pour me convaincre de cela.

   Sans la loi, je n’aurais pas connu la mesure de ma faiblesse. C’est ce que dit Paul lorsqu’il écrit dans Rm 7,7 : « Je n’ai connu le péché que par la loi ; car je n’aurais pas connu la convoitise, si la loi n’avait dit : Tu ne convoiteras pas ! ».

   Plus nous nous efforçons d’observer la loi, plus notre faiblesse devient manifeste. Dieu savait tout cela, mais nous l’ignorions, et c’est pourquoi Il nous fait traverser les mêmes expériences dont parle Paul : Cet homme de Dieu désirait de toutes ses forces observer la loi, mais il constatait qu’il n’y arrivait pas. Et il finit par s’écrier : « Malheureux que je suis ! Qui me délivrera de ce corps de mort ? » (Rm 7,24). N’est-ce pas aussi notre expérience ?

   Frères et sœurs, je vais affirmer une chose surprenante et paradoxale, et pourtant c’est ce que nous dit l’Écriture : En donnant la Loi aux hommes, Dieu ne s’attendait pas à ce qu’ils l’observent, car il savait pertinemment que  les hommes en étaient incapables. 

   Alors, dans quel but Dieu a-t-il voulu cela ? Il a voulu cela pour que, constatant le fait que nous sommes incapables d’obéir à la loi, nous prenions enfin conscience, nous soyons convaincus de notre misère extrême et de notre faiblesse. C’est cela le but de la loi. Elle a été notre « coach » pour nous amener à Christ, afin que Lui-même accomplisse la loi en nous. C’est ce qu’écrit Paul en Ga 3,24 : « La loi a été donnée comme un pédagogue pour nous conduire à Christ, afin que nous soyons justifiés par la foi ». Et je souligne : seulement par la foi !

   Les exigences de la loi sont immenses, mais la Loi n’offre aucun secours pour les accomplir. Les exigences du Seigneur Jésus sont tout aussi grandes. Voici un exemple (« Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, celui qui commet un mettre sera passible du jugement. Mais moi je vous dis ; Quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement. (Mt 5,21). Ce que Jésus nous demande, Il l’accomplit lui-même en nous. La loi nous donne des ordres, mais elle nous laisse impuissant pour les accomplir. Christ nous donne des ordres, mais il accomplit lui-même en nous les ordres qu’il nous donne.

   Le principe qui gouverne notre délivrance de la loi est exactement le même que celui qui gouverne notre délivrance du péché. Quand je meurs à ma vieille nature, je suis délivré de la tyrannie de mon ancien maître, le péché. Il en est de même à l’égard de la loi : Quand je meurs à ma vieille nature, je suis affranchi de la loi.

   Comment mourir ? Lorsque Jésus est mort sur la croix, Dieu m’a associé à la mort de son Fils. Je suis donc mort avec Lui : « Vous êtes morts à l’égard de la loi, par le corps du Christ, pour appartenir à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu. Car lorsque nous étions sous l’emprise de la chair, les passions des péchés provoqués par la loi agissait dans nos membres et nous faisaient porter du fruit pour la mort. Mais maintenant, nous sommes dégagés de la loi, car nous sommes morts à ce qui nous tenait captifs, de sorte que nous servons sous le régime nouveau de l’Esprit et non plus sous le régime ancien de la lettre (loi) » (Rm 7,4-6).

   Dans la vie de tous les jours, qu’est-ce qui change dans le fait d’être délivré de la loi ? 

   Ce qui change, c’est que, désormais, je ne vais plus rien faire, par moi-même, pour plaire à Dieu.

   La délivrance de la loi ne signifie pas que je serai dispensé d’accomplir la volonté de Dieu. Bien sûr que non ! Elle ne signifie pas que je vais vivre sans loi. Elle signifie que je suis libéré d’accomplir cette volonté par moi-même. Pleinement convaincu de mon incapacité à l’accomplir, je cesse tout effort pour plaire à Dieu sur la base de mon vieil homme. C’est lorsque je désespère entièrement de moi-même que je mets toute ma confiance en mon Seigneur pour qu’il manifeste, en moi, sa vie de résurrection. 

   Les exigences de Dieu n’ont pas changé. Elles ne changeront jamais, car la loi  est sainte, juste et bonne. Mais ce n’est pas à moi d’y répondre. Sur son Trône de gloire, Dieu est celui qui donne la loi ; dans mon cœur, il est Celui qui l’observe. C’est Lui qui donne les commandements, et c’est Lui-même qui les accomplit par l’Esprit Saint qui est en moi.

   Nous avons tous besoin d’arriver au point où nous disons enfin : « Seigneur, je suis incapable de faire la moindre chose pour Toi, mais je me confie en Toi pour que tu accomplisses tout en moi ».

   « Je suis crucifié avec Christ, écrit Paul, et ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Gal 2,20). Ce que je suis incapable d’accomplir par moi-même, c’est Christ qui l’accomplit en moi : « En effet, la loi de l’Esprit de vie en Christ-Jésus m’a libéré de la loi du péché et de la mort. Car — chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force — Dieu, en envoyant à cause du péché son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, a condamné le péché dans la chair ; et cela pour que la justice prescrite par la loi soit accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’Esprit » (Rm 8,2-4).

   Dans ma nouvelle nature « en Christ », c’est toi, Seigneur, qui aimes à travers moi. C’est toi qui pardonnes à travers moi. C’est toi qui parles à travers moi, c’est toi qui consoles à travers moi, c’est toi qui pries à travers moi, c’est toi qui agit à travers moi.

   Que d’erreurs ont été commises envers des générations de croyants, de leur avoir enseigné qu’il fallait obéir à la loi de Dieu, avant de s’être assuré qu’ils aient  expérimenté l’amour inconditionnel de Dieu, et avant qu’ils aient compris qu’on ne peut pas obéir à la loi par ses propres forces! Que de tourments ont leur a occasionné de leur dire qu’il fallait obéir à la loi de Dieu, avant de s’être assuré qu’ils aient compris qu’il fallait que leur vieille nature en Adam devait d’abord être crucifiée avec Christ, pour ressusciter avec Christ à une vie nouvelle, et que c’est l’Esprit Saint qui, en eux, allait leur permettre d’observer la loi de Dieu !

   Au lieu d’être centrés sur la relation avec Christ, ces enseignements centrés sur l’obéissance à des pratiques religieuses ont contribué à faire, soit des générations de chrétiens religieux satisfaits de leurs œuvres, soit des chrétiens crispés sur leurs efforts pour plaire à Dieu, avec toutes les frustrations et la culpabilité que cela a entraîné, puisqu’ils voyaient bien que leurs efforts pour obéir à la loi de Dieu étaient vains.

   Lorsqu’il était sur terre, Jésus n’a rien fait par lui-même : Je cite ses propres paroles : « Le Fils ne peut rien faire par lui-même, mais seulement ce qu’il voit faire au Père » (Jn 5,19).

   C’est exactement le même processus pour les chrétiens : Quand Christ est au centre de nos motivations, notre service tire toute son énergie de la vie qui vient de Lui.

   «  Ce n’est plus moi qui vit, c’est Christ qui vit en moi » (Gal 2,20)

   Merci Seigneur, de nous avoir redit que tu nous libères, non seulement de l’esclavage du péché, mais aussi de l’esclavage de la loi. Approfondis en nous cette révélation.

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